Quelle réaction des catholiques face au kiss-in ?

Publié le 10 Juin 2010

 

Ce qui me frappe dans toute cette histoire c’est que sur quasiment aucuns commentaires des différents blogs cathos (et ils ont été très très TRES nombreux) il n’y a pas eu de dérappage homophobe, aucune insulte, rien. Par contre, qu’est-ce que les cathos se sont mis sur la gueule, pardonnez-moi l’expression…. Salon beige sur glorious, JBM sur salon beige, nystagamus sur salon beige, forum catholique sur nystagamus, patrice de plunkett ici et sur son blog…. etc … j’ai arrêté de compter.
J’en arrive à la conclusion suivante: les catholiques ne sont pas homophobes, ils sont cathophobes.

 

Le seul intérêt de cette page, c'est cet excellent commentaire d'un dénommé Coupiac ici-même.

 

Si on avait envie de plaisanter on dirait que non, ce n'est pas de la cathophobie, qu'il s'agit de correction fraternelle. Pas tout à fait la même chose. Depuis février dernier et le premier kiss-in à Notre-Dame de Paris, ça se castagne à qui mieux mieux sur tous les blogs et forums catholiques à ce sujet, votre serviteur n'étant pas le dernier pour faire entendre sa voix. La cathosphère est en émoi autour de cette histoire de kiss-in. Pas la peine que je fasse la revue de presse, tous les blogs ont traité le sujet. En même temps entre gaulois, ce n'est pas tout à fait étonnant, il faut bien que les choses soient dites et sortent. Mais reprenons le fil du débat.

 

Quel est le problème ? Des homosexuels, ou plutôt des militants LGBT viennent s'embrasser sur les parvis des cathédrales, histoire de dénoncer le discours rétrograde de l'Eglise à leur sujet, celle-ci ne considérant pas le mariage homosexuel comme la panacée. La provocation est évidente, la question est donc: faut-il que les catholiques fassent quelque chose, et si oui, quoi ?

 

Tout d'abord, il n'est pas inutile de remarquer que pour le fondateur d'Act-up, s'attaquer à l'Eglise est une solution de facilité, ils ne savent que trop bien ce qui les attendrait devant une mosquée ou une synagogue. Cela n'enlève rien à la réalité de cette provocation qui se décompose sur deux aspects, spirituel et temporel.

 

Du côté du spirituel, s'il n'y a pas de blasphème, on en est plus très loin, je vois d'ailleurs mal ce qu'il faut de plus. Il y a clairement une injure envers Dieu, et son institution, le parvis de l'église n'étant pas un lieu public comme un autre. Le problème n'est pas tant que des militants s'embrassent à titre privé (tous les week-ends, il doit bien y avoir quelques gays qui s'y embrassent), c'est le caractère public de l'offense qui change tout. Or, je rappelle qu'à injure publique, doit succéder une réparation publique. Ce n'est pas pour rien, si après un sacrilège dans une église, il existe dans la liturgie des rits particuliers pour purifier, et reconsacrer l'église. Dans le cas qui nous intéresse, il n'y a nul besoin de reconsacrer quoi que ce soit, mais juste de témoigner que les catholiques ne souhaitent pas laisser cette injure sans réparation, ce qui me semble être du devoir du catholique militant, au sens de l'Eglise militante. Comme il est de son devoir de rappeler qu'il y a des positions publiques incompatibles avec la pratique de la foi.

 

Parce qu'il ne s'agit pas seulement d'une lutte médiatique, mais également et surtout, d'une lutte spirituelle. Et la meilleure réponse sur ce plan, c'est la prière publique de réparation. Certains disent que cette prière serait elle-même une provocation. Qu'ils me permettent de rigoler à gorge déployée. Si des militants LGBT s'énervent parce qu'on prie en face d'eux et pour eux, c'est leur problème, mais je ne vois pas où est la provocation. Et je trouve ça bien ironique que des militants LGBT se vexent si on prie en face d'eux, il me semble que cela veut justement dire qu'ils accordent à la prière une place qu'ils refusent d'avouer. Si ça n'avait aucune valeur pour eux, pourquoi la perçoivent ils alors comme une provocation ?

 

Sur le plan temporel, évidemment, ce n'est pas parce que les médias ne sont pas prioritaires, qu'il ne faut pas réfléchir à l'image que l'on va envoyer. On a le droit de ne pas être idiot, de réfléchir à la meilleure façon d'intervenir. Seul point où je suis d'accord avec Plunkett, une bonne partie de la réaction repose sur les autorités religieuses. Mais leur place est justement sur le parvis. Non pas pour mener des troupes et lancer une quelconque contre-attaque, mais pour dialoguer, et désamorcer l'hostilité des gays, faire face à l'attaque. Le cardinal Barbarin a eu une très bonne initiative en invitant le représentant des militants LGBT à discuter. D'autant que cette invitation au dialogue me semble parfaitement compatible avec la prière publique de réparation, unir les deux actions me semble tout à fait faisable. Seul souci, et de taille, tous les pasteurs ne souhaitent pas forcèment s'impliquer autant que le primat des Gaules. Mgr Barbarin a exprimé son désaccord avec les deux provocateurs des deux bords.

 

Car il faut bien l'avouer, les manifs et rassemblements de cathos sont parfois pollués par certains fachos plus soucieux d'en découdre que de prier. Mon avis est qu'ils n'ont rien à faire là, s'ils ne souhaitent pas prier. Je reconnais qu'ils ont pu rendre par le passé maints services, notamment quand les CRS jouaient à la marelle au lieu de surveiller les contre-manifestations, et autres rassemblements chauds, mais aujourd'hui, il me semble que s'ils ne viennent pas prier, leur place n'est malheureusement pas à nos côtés. Le problème est également qu'il est difficile de définir un facho, ce n'est pas seulement quelqu'un en blouson et gants de cuir noirs. Tant qu'il n'a pas fait de geste l'identifiant comme tel, on peut difficilement l'exclure de la prière manu militari. C'est pour cela que j'enjoins tous les catholiques à nous rejoindre. Pour également noyer les violents dans la masse.

 

Ainsi, à mon humble avis, mes camarades d'edeo et du salon beige, qui je le rappelle, n'ont critiqué aucun catholique sur ce sujet, avant qu'on ne vienne les chercher, ont raison d'appeler à ce que les catholiques soient présents durant ces provocations. Nul besoin pour cela de s'envoyer à la tête les épisodes ressassés du Christ au temple, ou de Ste Jeanne d'Arc, mais tout de même, il faut que les catholiques soient présents, n'en déplaisent à ceux qui prônent l'indifférence.

 

 

D'ailleurs, pourquoi suis-je sceptique sur ces derniers ? Parce que ce sont les mêmes qui s'interdisent toute manifestation  qu'elle soit pro-vie ou autre, sous prétexte de récupération. Parce que j'ai participé à quelques prières en face d'avortoirs qui n'étaient clairement pas des parties de plaisir, et que j'y ai vu des jeunes filles renoncer à leurs avortements, que j'ai vu des évêques accompagner ces prières face à ces avortoirs, bref, que la manif, sur le terrain, ça fait bouger les choses, et les lignes. Que ne rien faire est toujours pire que de laisser faire. D'autant que rien n'empêche les militants gays d'aller encore plus loin dans l'abject, s'ils n'ont personne pour leur faire face.

 

Plus globalement, sur la réaction des catholiques, ce qui m'a le plus heurté dans cette affaire, c'est l'intervention de Glorious, et qu'ils oublient les militants LGBT, qu'ils ne soient pas dérangés, ou à peine, par cette attaque directe contre l'Eglise. A se demander s'ils pensent qu'il y a un au-delà, qu'il y a une lutte spirituelle entre les fils des lumières et des ténèbres. Parce que je veux bien être ouvert aux homos, pas de problèmes, il y en a suffisamment chez les tradis pour que je sache de quoi il retourne, mais il faut quand même bien voir qu'avec ces provocations, on passe tout de même à un autre niveau. Nystagmus met dos à dos tout le monde, et met tous les cathos dans le même sac, celui de l'extrême-droite. Facile, réducteur et sans intérêt, la situation étant légèrement plus complexe.

 

Parce que n'en déplaise à nos amis modérés, dès février, dans le petit milieu catho réac, on avait pensé à plusieurs options :

- un contre kiss-in, hétéro, cette fois. Problème, cela brouille le message, plus personne n'y comprend rien, bazar assuré, et il faut trouver les cathos qui ont envie de se donner en spectacle . Et sur le plan spirituel, c'est pas top.

- les cathos accueillent les gays avec des petits gateaux, des petits fours, café, ballons et tee-shirts de couleur. Option qui nécessite malheureusement des moyens un tout petit peu importants. Cependant si la réponse est bien taillée, médiatiquement parlant, il manque quand même quelque chose sur le plan spirituel.

- la prière me semble donc l'action la plus adaptée, en ce qu'elle n'empêche pas le dialogue, et qu'elle ne travestit pas, sous des apparences festives, le message catholique. D'autant que s'il y a bien une seule chose qui réunit tous les catholiques sans exception, c'est la prière et rien d'autre.

 

Pour finir, je pense que c'est encore le sus-nommé Coupiac qui a raison en terminant son commentaire ainsi :

 

Pendant ce temps là, le Pape est à Chypre et a remis aux Eglises du Proche Orient le document de travail du prochain synode. Extrait:

 

« Au plan des relations inter-ecclésiales entre catholiques, cette communion est manifestée dans chaque pays par les Assemblées de patriarches et d’évêques, afin que le témoignage chrétien soit plus sincère, plus crédible et plus fructueux. Pour promouvoir l’unité dans la diversité, il faut dépasser le confessionnalisme dans ce qu’il peut avoir d’étroit ou d’exagéré, encourager l’esprit de coopération entre les différentes communautés, coordonner l’activité pastorale, et stimuler l’émulation spirituelle et non la rivalité »

 

Conclusion : n'hésitez pas à nous rejoindre !

Rédigé par Polydamas

Publié dans #Religion

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L
<br /> <br /> Cette information ne m’avait pas échappé. <br /> <br /> <br /> Vous et moi avons raison, selon votre préambule paradoxal, en ce qu’il semblerait qu’aux yeux de cet observateur pourtant a priori hostile, la<br /> protestation catholique a paru d’autant plus digne qu’elle prenait la forme d’une prière en quelque sorte indifférente aux pitreries haineuses des manifestantouzes. <br /> <br /> <br /> On se demande effectivement comment les homosexuels peuvent supporter de n’être associés - sans doute souvent malgré eux - qu’à des obscénités carnavalesques.<br /> On mérite mieux au pays de René Leys, de Proust, des Amitiés particulières (chef d’oeuvre radieux de l’année 1943), et j’en oublie.<br /> <br /> <br /> Je regrette d’avoir écrit « Chacun de ceux-ci n’ajoutent... »  <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Il y a des scandales dont les auteurs se jugent eux-mêmes. Souvent, telle ânerie vue ou entendue, fine comme l’anticléricalisme du Canard enchaîné,<br /> rappelle cette séquence du Crabe-tambour de Schönderfer. Le médecin de bord (Dufilho) est prolixe en anecdotes pittoresques sur son pays Bigouden. Arrondissant l’oeil, il raconte par<br /> exemple comment le recteur, revenant nuitamment d’une de ses visites, rencontre en chemin deux ivrognes qui, l’ayant vu venir, se suggèrent mutuellement de monter à son encontre un petit scénario<br /> qu’ils pensent drôle : l’un se dévêt complètement et son complice le ligote nu à la croix de pierre d’un calvaire, puis s’efface dans l’ombre. Comme le prêtre survient, le pseudo Christ aviné et<br /> obscène l’interpelle du haut de son gibet : « Eh curé ! Y-a pas d’Jésus, pas d’Paradis, pas d’Enfer !... » Le vieux recteur s’arrête, tourne la tête, lève un oeil désabusé et lâche : « Pff !<br /> farceur... », avant de reprendre sa route en haussant des épaules. Le provocateur se trouve tout marri, mais la suite est dramatique : pris de boisson, son complice a disparu en l’oubliant. Le<br /> malheureux resté suspendu au monument commence à grelotter dans la nuit froide et appelle au secours. Le narrateur conclut : le lendemain, on descendit de la croix de pierre le cadavre de<br /> l’ivrogne mort de froid pendant la nuit.<br /> <br /> <br /> Plus généralement, de même que le sacrifice de la croix renouvelé chaque dimanche autour de la terre, suffit au rachat de tous les péchés du monde, le Christ,<br /> du Jardin des Oliviers au Golgotha, a aussi pour la consommation des siècles enduré les blasphèmes alors présents et à venir. Chacun de ceux-ci n’ajoutent  plus rien à ses souffrances, et<br /> c’est la défaite, l’impuissance des petits et grands blasphémateurs de parvis. Ou plutôt, leurs crachats justifient encore et toujours l’offertoire de chaque messe. Autour de l’autel une voix<br /> murmure aussi à chaque fois, comme le recteur de Schönderfer : « Père, pardonne leur... » (Luc, 23, 34).<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Oui, mais non, quand je lis ça, je me dis justement qu'on doit continuer.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J’envisageais que ces catholiques ne nous témoignassent que peu de respect, considérant l’homosexualité comme une engeance dépravée uniquement motivée par le sexe et la débauche. Mais j’avais<br /> placé de plus grand espoir en nous, espérant que nous leur donnerions tort, en leur démontrant que notre amour peut être aussi noble et lumineux que le leur. Il n’en fut rien. Les<br /> gays, animés de la même hargne que les autres, adoptèrent une posture agressive, répondant à la moindre insulte ou provocation. Quand nous aurions dû évoquer<br /> l’amour, nous ne sûmes que fournir de ridicules simulations d’orgasmes, ou hurler «clito», «masturbation» et «fist». Par notre comportement, nous avons réduit nos sentiments à un inventaire de<br /> pratiques sexuelles, apportant de ce fait une eau providentielle au moulin de nos opposants. Ce jour précis, nous n’avons été que les sodomites impies qu’ils<br /> s’imaginaient, et que pourtant nous ne sommes pas. Nous leur avons donné raison en exprimant uniquement le caractère physique de notre amour, et ce en des termes réducteurs. J’aurais<br /> apprécié d’entendre «Aimons-nous en paix», mais nous hurlâmes «Léchons-nous tranquille». Nous aurions pu scander: «La rue, la place, espace pour TOUS» mais nous revendiquâmes:<br /> «La rue, la place, espace pour NOUS». Même si jamais je ne donnerai raison à ces Catholiques d’un autre siècle, je fus impressionné par la<br /> cohésion dont ils firent preuve lorsque, pendant plus d’une heure, ils prièrent et chantèrent leur Dieu à genoux, les mains dans les mains, sous la pluie de nos déplorables<br /> lazzis. Il est certain que derrière eux, une poignée de nazillons proféraient des menaces. Mais hormis un dérisoire «alerta anti fascista» qui leur était destiné, nous<br /> nous acharnâmes sur les priants à grands renforts de «Jésus dans mon cul». Face à leurs hymnes, nous ne pûmes que beugler des slogans potaches, sans aucune harmonie, chacun y<br /> allant de sa revendication et de son humour fruste. Pour quelles raisons n’avons-nous pas su faire preuve d’autant d’unité? Pourquoi avons-nous jouer le jeu des préjugés,<br /> confirmant clichés par clichés ce qu’ils pensent à tort de nous? Sommes-nous finalement que des baiseurs qui conspuent la foi et qui devant un crucifix tendu à leur encontre hurlent qu’ils<br /> souhaitent le recevoir «dans le cul»? Sommes-nous à ce point démunis d’intelligence et de répartie pour n’avoir qu’à répliquer «à genoux pour la pipe» à<br /> une foule qui prie et chante son Dieu ?<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Encore et toujours la question de l'action sous tous ses aspects : moyens, objectifs, stratégie, tactique... un certain nombre d'éléments dont Jean Ousset a fait un livre disponible au clc 49,<br /> rue de Renaudes à Paris et justement intitulé "l'action".<br /> <br /> <br /> Pour ce qui est des relations entre prière et action, je vous invite à consulter notre blog à ce sujet : http://www.citeetculture.com/article-ora-et-labora-derniere-partie-42415914.html<br /> <br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Je suis tout à fait d'accord avec cette analyse de tout ce gloubi boulga<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Ah, excellent ! :-)<br /> <br /> <br /> <br />
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