Quelle réaction des catholiques face au kiss-in ?
Publié le 10 Juin 2010
Le seul intérêt de cette page, c'est cet excellent commentaire d'un dénommé Coupiac ici-même.
Si on avait envie de plaisanter on dirait que non, ce n'est pas de la cathophobie, qu'il s'agit de correction fraternelle. Pas tout à fait la même chose. Depuis février dernier et le premier kiss-in à Notre-Dame de Paris, ça se castagne à qui mieux mieux sur tous les blogs et forums catholiques à ce sujet, votre serviteur n'étant pas le dernier pour faire entendre sa voix. La cathosphère est en émoi autour de cette histoire de kiss-in. Pas la peine que je fasse la revue de presse, tous les blogs ont traité le sujet. En même temps entre gaulois, ce n'est pas tout à fait étonnant, il faut bien que les choses soient dites et sortent. Mais reprenons le fil du débat.
Quel est le problème ? Des homosexuels, ou plutôt des militants LGBT viennent s'embrasser sur les parvis des cathédrales, histoire de dénoncer le discours rétrograde de l'Eglise à leur sujet, celle-ci ne considérant pas le mariage homosexuel comme la panacée. La provocation est évidente, la question est donc: faut-il que les catholiques fassent quelque chose, et si oui, quoi ?
Tout d'abord, il n'est pas inutile de remarquer que pour le fondateur d'Act-up, s'attaquer à l'Eglise est une solution de facilité, ils ne savent que trop bien ce qui les attendrait devant une mosquée ou une synagogue. Cela n'enlève rien à la réalité de cette provocation qui se décompose sur deux aspects, spirituel et temporel.
Du côté du spirituel, s'il n'y a pas de blasphème, on en est plus très loin, je vois d'ailleurs mal ce qu'il faut de plus. Il y a clairement une injure envers Dieu, et son institution, le parvis de l'église n'étant pas un lieu public comme un autre. Le problème n'est pas tant que des militants s'embrassent à titre privé (tous les week-ends, il doit bien y avoir quelques gays qui s'y embrassent), c'est le caractère public de l'offense qui change tout. Or, je rappelle qu'à injure publique, doit succéder une réparation publique. Ce n'est pas pour rien, si après un sacrilège dans une église, il existe dans la liturgie des rits particuliers pour purifier, et reconsacrer l'église. Dans le cas qui nous intéresse, il n'y a nul besoin de reconsacrer quoi que ce soit, mais juste de témoigner que les catholiques ne souhaitent pas laisser cette injure sans réparation, ce qui me semble être du devoir du catholique militant, au sens de l'Eglise militante. Comme il est de son devoir de rappeler qu'il y a des positions publiques incompatibles avec la pratique de la foi.
Parce qu'il ne s'agit pas seulement d'une lutte médiatique, mais également et surtout, d'une lutte spirituelle. Et la meilleure réponse sur ce plan, c'est la prière publique de réparation. Certains disent que cette prière serait elle-même une provocation. Qu'ils me permettent de rigoler à gorge déployée. Si des militants LGBT s'énervent parce qu'on prie en face d'eux et pour eux, c'est leur problème, mais je ne vois pas où est la provocation. Et je trouve ça bien ironique que des militants LGBT se vexent si on prie en face d'eux, il me semble que cela veut justement dire qu'ils accordent à la prière une place qu'ils refusent d'avouer. Si ça n'avait aucune valeur pour eux, pourquoi la perçoivent ils alors comme une provocation ?
Sur le plan temporel, évidemment, ce n'est pas parce que les médias ne sont pas prioritaires, qu'il ne faut pas réfléchir à l'image que l'on va envoyer. On a le droit de ne pas être idiot, de réfléchir à la meilleure façon d'intervenir. Seul point où je suis d'accord avec Plunkett, une bonne partie de la réaction repose sur les autorités religieuses. Mais leur place est justement sur le parvis. Non pas pour mener des troupes et lancer une quelconque contre-attaque, mais pour dialoguer, et désamorcer l'hostilité des gays, faire face à l'attaque. Le cardinal Barbarin a eu une très bonne initiative en invitant le représentant des militants LGBT à discuter. D'autant que cette invitation au dialogue me semble parfaitement compatible avec la prière publique de réparation, unir les deux actions me semble tout à fait faisable. Seul souci, et de taille, tous les pasteurs ne souhaitent pas forcèment s'impliquer autant que le primat des Gaules. Mgr Barbarin a exprimé son désaccord avec les deux provocateurs des deux bords.
Car il faut bien l'avouer, les manifs et rassemblements de cathos sont parfois pollués par certains fachos plus soucieux d'en découdre que de prier. Mon avis est qu'ils n'ont rien à faire là, s'ils ne souhaitent pas prier. Je reconnais qu'ils ont pu rendre par le passé maints services, notamment quand les CRS jouaient à la marelle au lieu de surveiller les contre-manifestations, et autres rassemblements chauds, mais aujourd'hui, il me semble que s'ils ne viennent pas prier, leur place n'est malheureusement pas à nos côtés. Le problème est également qu'il est difficile de définir un facho, ce n'est pas seulement quelqu'un en blouson et gants de cuir noirs. Tant qu'il n'a pas fait de geste l'identifiant comme tel, on peut difficilement l'exclure de la prière manu militari. C'est pour cela que j'enjoins tous les catholiques à nous rejoindre. Pour également noyer les violents dans la masse.
Ainsi, à mon humble avis, mes camarades d'edeo et du salon beige, qui je le rappelle, n'ont critiqué aucun catholique sur ce sujet, avant qu'on ne vienne les chercher, ont raison d'appeler à ce que les catholiques soient présents durant ces provocations. Nul besoin pour cela de s'envoyer à la tête les épisodes ressassés du Christ au temple, ou de Ste Jeanne d'Arc, mais tout de même, il faut que les catholiques soient présents, n'en déplaisent à ceux qui prônent l'indifférence.
D'ailleurs, pourquoi suis-je sceptique sur ces derniers ? Parce que ce sont les mêmes qui s'interdisent toute manifestation qu'elle soit pro-vie ou autre, sous prétexte de récupération. Parce que j'ai participé à quelques prières en face d'avortoirs qui n'étaient clairement pas des parties de plaisir, et que j'y ai vu des jeunes filles renoncer à leurs avortements, que j'ai vu des évêques accompagner ces prières face à ces avortoirs, bref, que la manif, sur le terrain, ça fait bouger les choses, et les lignes. Que ne rien faire est toujours pire que de laisser faire. D'autant que rien n'empêche les militants gays d'aller encore plus loin dans l'abject, s'ils n'ont personne pour leur faire face.
Plus globalement, sur la réaction des catholiques, ce qui m'a le plus heurté dans cette affaire, c'est l'intervention de Glorious, et qu'ils oublient les militants LGBT, qu'ils ne soient pas dérangés, ou à peine, par cette attaque directe contre l'Eglise. A se demander s'ils pensent qu'il y a un au-delà, qu'il y a une lutte spirituelle entre les fils des lumières et des ténèbres. Parce que je veux bien être ouvert aux homos, pas de problèmes, il y en a suffisamment chez les tradis pour que je sache de quoi il retourne, mais il faut quand même bien voir qu'avec ces provocations, on passe tout de même à un autre niveau. Nystagmus met dos à dos tout le monde, et met tous les cathos dans le même sac, celui de l'extrême-droite. Facile, réducteur et sans intérêt, la situation étant légèrement plus complexe.
Parce que n'en déplaise à nos amis modérés, dès février, dans le petit milieu catho réac, on avait pensé à plusieurs options :
- un contre kiss-in, hétéro, cette fois. Problème, cela brouille le message, plus personne n'y comprend rien, bazar assuré, et il faut trouver les cathos qui ont envie de se donner en spectacle . Et sur le plan spirituel, c'est pas top.
- les cathos accueillent les gays avec des petits gateaux, des petits fours, café, ballons et tee-shirts de couleur. Option qui nécessite malheureusement des moyens un tout petit peu importants. Cependant si la réponse est bien taillée, médiatiquement parlant, il manque quand même quelque chose sur le plan spirituel.
- la prière me semble donc l'action la plus adaptée, en ce qu'elle n'empêche pas le dialogue, et qu'elle ne travestit pas, sous des apparences festives, le message catholique. D'autant que s'il y a bien une seule chose qui réunit tous les catholiques sans exception, c'est la prière et rien d'autre.
Pour finir, je pense que c'est encore le sus-nommé Coupiac qui a raison en terminant son commentaire ainsi :
Pendant ce temps là, le Pape est à Chypre et a remis aux Eglises du Proche Orient le document de travail du prochain synode. Extrait:
« Au plan des relations inter-ecclésiales entre catholiques, cette communion est manifestée dans chaque pays par les Assemblées de patriarches et d’évêques, afin que le témoignage chrétien soit plus sincère, plus crédible et plus fructueux. Pour promouvoir l’unité dans la diversité, il faut dépasser le confessionnalisme dans ce qu’il peut avoir d’étroit ou d’exagéré, encourager l’esprit de coopération entre les différentes communautés, coordonner l’activité pastorale, et stimuler l’émulation spirituelle et non la rivalité »
Conclusion : n'hésitez pas à nous rejoindre !