Les dernières déclarations de Mgr Fellay

Publié le 1 Février 2009

Une fois n'est pas coutume, via Koz, je tombe sur cette réaction de Mgr Fellay aux propos de Mgr Williamson face aux journalistes de Famille Chrétienne:


Mgr Bernard Fellay, a reçu "Famille Chrétienne" le 31 janvier dans sa Maison générale de Menzingen en Suisse. Il a notamment réagi aux accusations d’antisémitisme lancées contre la Fraternité Saint-Pie X.

"Nous condamnons évidemment tout acte de mise à mort de l’innocent. C’est un crime qui crie contre le ciel ! D’autant plus quand il s’agit d’un peuple. Nous rejetons toute accusation d’antisémitisme. Totalement et absolument. Nous rejetons toute forme d’approbation de ce qui s’est passé sous Hitler. Cela est quelque chose d’abominable. Le christianisme pousse jusqu’à un degré suprême la charité. Saint Paul, parlant des Juifs, s’exclame : ‘je désirerais être anathème pour mes frères !’ (Rom. 9,3). Les juifs sont « nos frères aînés » dans le sens où nous avons quelque chose de commun, à savoir l’ancienne Alliance. Il est vrai que la reconnaissance de la venue du Messie nous sépare.

C’est très intéressant de voir que l’Eglise n’a pas attendu le Concile pour donner des lignes de conduite par rapport aux Juifs. Dès les années 30, même pendant la guerre, plusieurs textes de Rome donnent une position très juste : il faut réprouver les abominations du régime hitlérien ! « Spirituellement, nous sommes des sémites » avait dit le pape Pie XI. C’est une vérité qui vient de l’Ecriture sainte elle-même, ‘nous sommes des fils d’Abraham’ affirme encore saint Paul."


Les spécialistes pourront s'acrocher sur le statut accordé par Mgr Fellay à la communauté juive, et la considération qu'il porte en creux  à la déclaration du concile qui en est l'objet, à savoir Nostra Aetate. Mais je dois dire qu'à titre personnel, la notion de "frères ainés dans la foi" ne m'avait jamais posé de problème.

Cet entretien vient compléter les excuses de Mgr Fellay au nom de la fraternité St Pie X, le 27 Janvier dernier, concernant les propos de Mgr Williamson, en ces termes:

Il est évident qu’un évêque catholique ne peut parler avec une autorité ecclésiastique que sur des questions concernant la foi et la morale. Notre Fraternité ne revendique aucune autorité sur les autres questions. Sa mission est la propagation et la restauration de la doctrine catholique authentique, exposée dans les dogmes de la foi.
C’est pour ce motif que nous sommes connus, acceptés et estimés dans le monde entier.

C’est avec une grande peine que nous constatons combien la transgression de ce mandat peut porter tort à notre mission. Les affirmations de Mgr Williamson ne reflètent en aucun cas la position de notre société. C’est pourquoi je lui ai interdit, jusqu’à nouvel ordre, toute prise de position publique sur des questions politiques ou historiques.

Nous demandons pardon au Souverain Pontife, et à tous les hommes de bonne volonté, pour les conséquences dramatiques d’un tel acte. Bien que nous reconnaissions l’inopportunité de ces propos, nous ne pouvons que constater avec tristesse qu’il atteignent directement notre Fraternité dans le but de discréditer sa mission.

Cela nous ne pouvons l’admettre et nous déclarons que nous continuerons de prêcher la doctrine catholique et de dispenser les sacrements de la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Excuses qui avaient été ajoutées à cet entretien au magazine Libero.

Q - Pourquoi le Pape Benoît XVI a-t-il voulu si fortement cet acte ? Vous rendez-vous compte de l'imbroglio dans lequel il s'est mis avec la révocation de l'excommunication ?

R - Oh, oui, et je crois qu'il est bien conscient des réactions les plus diverses et les plus déchaînées. Du reste, à plusieurs reprises, avant et après son élection pontificale, il a parlé de la crise de l'Église en des termes pas du tout ambigus. Lorsque je parlais de sa douceur paternelle, j'entendais parler du fait qu'en lui transparaissait, en même temps, la conscience des temps dans lesquels nous vivons, la ferme volonté d'y porter remède et l'attention à tous ses fils. Tout cela fait que les réactions plus ou moins déchaînées à ses actes peuvent le faire souffrir, mais certainement pas le forcer à changer d'avis. Et c'est là aussi le motif de cette décision.

Sur le même site, on trouvera une très fournie revue de presse, dont on notera qu'elle n'épargne pas les évêques français, mais également une contre-pétition de soutien au pape.

A l'heure où le pape affronte les pires tempêtes, il est important de redoubler de prières pour son intention, et pour l'unité de l'Eglise.



Rédigé par Polydamas

Publié dans #Religion

Repost0
Commenter cet article
R
Mais mon cher Gwynfrid, mon commentaire est parfaitement approprié à vos propos d'un remarquable conformisme.
Répondre
G
Roberto, tous mes compliments pour la remarquable hauteur de vues et la finesse dans l'argumentation de votre commentaire.Autrement, on dirait bien que le Vatican n'est pas prêt à passer l'histoire par profits et  pertes:http://www.la-croix.com/afp.static/pages/090204135619.uvlzhes5.htm
Répondre
R
@ Gwynfridet gnagnagna et gnagnaganère.
Répondre
G
Bel effort. Il y a du progrès, au moins sur le plan de la communication. Il a visiblement compris les dégâts causés par Williamson et est prêt à faire des gestes pour essayer de les réparer. L'emploi du terme "juif" dans un contexte positif est intéressant, car cela manquait dans les communiqués précédents.
Répondre