Deo Gratias !
Publié le 7 Juillet 2007
Cela faisait déjà pas mal de temps que, dans le milieu traditionnel, l'on attendait de sa sortie. Le moins que l'on puisse dire est que nous ne sommes pas décus.
Petit résumé:
- un groupe de fidèles, quelqu'il soit, pourra demander et obtenir une messe en latin dans chaque diocèse. Si il y a des difficultés, l'évêque sera chargé d'en rendre compte devant la commission Ecclesia Dei.
- il sera possible de demander et d'obtenir que les sacrements soient prononcés dans l'ancien missel, dans des cas particuliers.
- sur le fond, l'ancien missel est considéré comme la forme extraordinaire du rit romain, dont la forme ordinaire est représentée par le nouveau missel, dit de Paul VI.
- aucun prêtre ne devra demander l'autorisation de l'évêque du lieu, comme exigé auparavant pour prononcer la messe dite en latin.
En résumé, Benoit XVI permet aux traditionnalistes de se passer de l'avis de l'évêque. Avis, qui, ces vingt dernières années, était généralement hostile en France, dans toutes les paroisses dans lesquelles les tradis avaient fait la demande. Le Vatican a fait un (grand) pas en avant pour le vieux missel romain.
Réaction immédiate, de Mgr André Vingt-Trois qui affirme, dans une lettre que:
(...)
Dans le diocèse de Paris. Comme vous le savez, depuis le Motu Proprio de 1988, le diocèse de Paris a institué la célébration selon le Missel de 1962 dans trois lieux : Ste Odile, St Eugène-Ste Cécile, et la Chapelle Notre-Dame du Lys. Ces trois propositions demeurent. A la demande de la Communauté de Notre-Dame du Lys, nous avons cherché une paroisse qui soit à même d’accueillir cette célébration plus largement.
Ce sera chose faite à partir du 1er dimanche de l’Avent 2007. Pour assurer la qualité et la vitalité des célébrations selon le Missel de 1962, il me paraît raisonnable de renforcer ces trois lieux de célébration. Si de nouvelles demandes se présentent dans votre paroisse, vous voudrez bien les étudier avec générosité et me faire les suggestions pastorales que vous estimez justes.
On pourrait faire la remarque que le pape ne parle pas de suggestions pastorales, ni même de reconnaissance de "la valeur et la sainteté" du nouveau missel, mais il s'agit d'un début.
Toutes les réactions, dans la presse, sont beaucoup moins cordiales, surtout de la part des plus hostiles envers l'Eglise.
Petit florilège.
L'Immonde, via Henri Tincq, ose affirmer:
Je rappellerai à cette crapule de Tincq et au centre Wiesenthal, tentant de décridibiliser le vieux rit grace à cette vieille combine, que "perfides" en latin n'a pas la même signification qu'en français. Perfides, en latin, signifie qui "a perdu la foi" et n'a ABSOLUMENT pas la même signification qu'aujourd'hui...
Oui, l'accès était resté difficile.
Tincq dit qu'il n'avait pas trop mal fonctionné. Qu'il aille dire cela aux fidèles de Niafles, de Port-Marly, de Nanterre, et bien d'autres, qui, tous, ont du se battre face à leurs évêques, pour obtenir que l'on conserve la messe en latin.
Là encore, les besoins sont loin d'être satisfaits....
Sauf que Tincq oublie de dire que les seules personnes excommuniées à la fraternité St Pie X, ce sur quoi il y a débat, ne sont que les évêques consacrés, pas les prêtres qu'ils ont ordonné, qui sont et qui demeurent prêtres.
Donc, à mon sens, les plus spécialistes que moi confirmeront ou pas, après étude approfondie du texte, les fidèles de la fraternité St Pie X pourront demander des messes en latin dans des églises dignes de ce nom, et que les prêtres de la fraternité pourront satisfaire.
D'autant que le communiqué de la fraternité St Pie X est sans ambigüité:
Pour ce grand bienfait spirituel, la Fraternité Saint-Pie X exprime au Souverain Pontife sa vive gratitude.
On a déjà connu plus des schismatiques plus virulents envers le pape...
Dans un article sur les réactions des évêques, Tincq ajoute:
Sauf qu'on oublie qu'à Lyon, diocèse de l'évêque de Lyon, primat des Gaules, il y eut récemment des heurts autour de la messe en latin. Là, non, plus les besoins n'ont pas l'air d'être satisfaits.
Ailleurs, dans une analyse sur le schisme traditionnaliste, Tincq continue:
Comme si il y avait un danger à ce que les tradis reprennent la main, lorsque l'on voit le vide des églises de France. On se demande en quoi cela pourrait être pire, en quoi les tradis pourraient aggraver les choses.
A la Vie, on s'interroge doctement :
Il n’est que de voir comment la petite commune de Niafles, en Mayenne, est devenue en juin le théâtre d’affrontements violents entre les « tradis » et les autres fidèles pour avoir une idée de ce qui attend les catholiques de France dans les mois à venir…
Contrairement à la Chine, où le message papal contribue à une plus grande clarté de l’Église catholique, le Motu proprio risque de sérieusement brouiller l’image et le témoignage de celle-ci en France, comme le révèle la lecture comparative des deux missels qui, bien que situés aux antipodes sur le fond des valeurs, seraient désormais revêtus de la même autorité spirituelle.
Si les tradis étaient aussi minoritaires, on se demande bien en quoi cela poserait autant de problèmes de libéraliser l'ancien missel.
On remarquera que, pour la Vie, il est plus important de réconcilier l'Eglise chinoise, alors que leurs évêques ont été nommés et choisis par le parti communiste, en vertu de leur soutien au régime, que de se rapprocher des tradis, qui ne font que défendre un rit jamais interdit....
A Golias, on accuse la dérive autoritariste du pape, mais l'analyse qu'ils font du Motu Proprio n'est pas complétement fausse. Ils réalisent qu'ils perdent du terrain:
Les évêques de France sont plongés dans l’embarras, tout comme le journal « la Croix ». Ils n’osent réagir franchement et frontalement car le texte est un véritable décret qui a force de loi.
De nombreux prélats français, américains et allemands s’inquiètent non pas tant d’une libéralisation de principe (en fait difficile à contester dans une modernité où l’on ne peut plus supporter des interdits archaïques et où chacun choisit sa spiritualité et sa liturgie, un peu en libre service) que des répercussions et de l’arrogance confortée de certains milieux traditionalistes. Au plan idéologique, cette décision constitue bien entendu un camouflet et un signe de rejet de l’interprétation ouverte et progressiste de Vatican II.
Paradoxalement, Golias conteste moins la libéralisation de l’ancien rite (en vertu d’un principe « libéral ») que la conformité obligatoire du rite de Paul VI à un modèle rigide, qui devrait être plus indicatif que coercitif. Un liturgiste aussi peu suspect de progressisme que le Père Louis Bouyer nous apprend que, dans les premiers siècles, l’officiant composait les prières à partir de canevas et que la créativité n’a donc en soi rien d’incongru en liturgie.
En effet, ce motu proprio n’est pas seulement ni d’abord une concession aux intégristes mais un serrage de vis d’ensemble. Il insiste sur la continuité entre la liturgie
actuelle et la liturgie tridentine.
Ce qui à notre avis est le plus discutable, tant du point de vue du fait que de notre souhait éventuel. S’il y a eu un Concile et une réforme de cette ampleur c’est bien pour
changer les choses, créer un appel d’air. S’il s’était simplement agi de répéter les choses à l’identique, tout cela était inutile.
Aujourd'hui, c'est donc aux tradis, de se bouger et de saisir la main qui leur est tendue.
A nous d'investir les églises, les paroisses, de demander la célébration de l'ancien missel, poliment, sans gloriole ni triomphalisme, mais fermement et dans une attitude respectueuse envers nos pasteurs.
Dans un premier temps, c'est à la fraternité St Pierre, dont bon nombre de prêtres sont au chômage, d'occuper le terrain et de mobiliser les fidèles pour demander des paroisses. Le texte n'exige, pour cela, rien d'autre qu'un nombre consistant de fidèles.
Dans un deuxième temps, c'est à la fraternité St Pie X de sortir enfin du ghetto dans lequel elle est réduite, d'en finir avec ce problème d'excommunication, de répondre à l'appel du pape, afin de réunir, dans une même église, les anciens frères ennemis, la fraternité St Pie X et la fraternité St Pierre.
Plus important, dans un troisième temps, c'est aux catholiques abandonnés, dans les paroisses desertées par les prêtres, uniquement acquises aux célébrations et aux offices assurés par les laïcs, de se mobiliser pour retrouver les offices auxquels ils tiennent. Les prêtres au chômage sont nombreux dans les communautés traditionnelles. Leur disponibilité est entière, et ils ne demandent qu'une chose: prononcer la sainte messe.
Qu'ils n'hésitent donc pas à les demander à leurs évêques, qu'ils n'hésitent pas à les réclamer, qu'ils fassent appel aux prêtres tradis, qui ne refuseront certainement pas de leur apporter les sacrements.
Pour la plus grande gloire de Dieu, et le salut des âmes...
PS: Témoignage chrétien souligne la contradiction de son nom: