Téléthon: état des lieux
Publié le 3 Décembre 2007
Après le coup d’éclat, l'année dernière, de l’évêque de Toulon, Mgr Rey, et de Pierre Olivier Arduin, la polémique à propos du financement de la recherche sur les cellules-souches embryonnaires se poursuit cette année. A une petite semaine du début du Téléthon, bref rappel des différentes déclarations et des positions.
Les catholiques, cette année, ont redonné de la voix, par l’intermédiaire de Mgr Vingt-Trois, au discours de clôture de la conférence des évêques de France. La générosité n’autorise pas tout, a-t-il déclaré en substance. Mgr Raffin lui a emboité le pas.
Bonne nouvelle, les catholiques et les militants ne sont plus les seules voix discordantes à élever le ton. Les malades aussi, ne veulent pas de ce misérabilisme. Pour mémoire, cette tribune dans Libération de l’année dernière (l'article n’est plus disponible) d’une handicapée, n’hésitant pas à titrer « A bas le Téléthon, vive le handicap » est à lire et à relire.
J'aime ma vie. Je ne voudrais pas être quelqu'un d'autre. J'ai rencontré bien des gens sans aucun handicap mais qui n'avait aucune joie de vivre. Ça me fait froid dans le dos de voir tous ces enfants exposés au Téléthon à qui l'on a mis dans la tête qu'on allait trouver un moyen de les guérir, et par là même la culpabilité de leur différence? Au lieu de leur offrir une société qui les accueille dignement, qui leur offre le même accès à l'éducation et aux loisirs qu'aux autres enfants, qui leur permette de devenir des citoyens à part entière
Un renfort inattendu est venu en la personne du Comité National d'Ethique, Didier Sicard qui a pointé les
dérives d'eugénisme, tout en attaquant les propos de l'Eglise, et sur son argumentation prétenduement "spirituelle". Mis à part ces critiques qui tombent un peu à plat, il est tout à fait
intéressant de constater que la société civile commence à prendre conscience du problème.
De son côté, l’AFM a catégoriquement rejeté toute demande de fléchage des dons. Même si on peut s’étonner de l’intransigeance de cette dernière, il faut bien comprendre que ce fléchage n’aurait
rien arrangé du tout. En effet, en cas de flèchage, l’AFM se serait alors empressé d’orienter les dons des personnes indifférentes à ce problème moral vers la recherche sur les cellules-souches.
A défaut du goût du compromis, l'AFM a au moins le mérite de la clarté.
L'AFM s'est également attaqué à un médecin, le Dr. Villette, qui avait le malheur de rappeler que, par ces techniques, l'AFM ne fait rien pour soigner ces malades, mais les éliminent avant même
qu'ils ne naissent. On pourra dire ce qu'on voudra, mais c'est tout, sauf un traitement médical digne de ce nom.
Mais pour l'AFM, peu importe.
Qu'importe si un autre article de Libération a fait couler beaucoup d'encre, Koz y a consacré un
remarquable billet. La journaliste y décrit par le menu ce que le DPI nous prépare. D'après l'article, au Royaume-Uni, on en est
déjà à la sélection d'embryons visant, par exemple, à éviter le strabisme ( pathologie qui, pourtant, se guérit très bien), qui semble-t-il, est un traumatisme pour les parents.
Qu'importe que les erreurs d'avortement (là encore, en vue d'eugénisme) soient payées par des
bébés innocents et sains.
Qu’importe si aujourd’hui, on a pu prouver que la recherche sur les cellules-souches est moins porteuse de promesses que les cellules omnipotentes du cordon ombilical. L'AFM suit son programme,
dans le respect de législation. La belle affaire, comme si tout ce qui était légal était moralement légitime.
Point positif, les langues commencent à se délier, la contestation à poindre. Rien de suffisamment important pour renverser la vapeur, mais suffisamment pour que plus personne ne puisse dire
qu'il n'était pas au courant. L'année dernière, même si l'Eglise n'avait pas appelé au boycott, le Téléthon avait réussi à battre son record de dons. Qu'en sera-t-il cette année, maintenant que
les témoignages arrivent de plus en plus nombreux, que la contestation se fait de plus en plus pressante ?
La question est posée, sachant que l'AFM n'a d'autres ambitions que de faire au moins aussi bien que l'année dernière. Mais si vous souhaitez donner, soyez responsables, et donnez à la fondation Lejeune.