A propos du Téléthon

Publié le 5 Novembre 2006

Je laisse parler l'Eglise Catholique par l'intérmédiaire de Mgr Rey, évêque de Fréjus. On peut difficilement faire plus clair.

Diocèse de Fréjus – Toulon
Église Catholique du Var

Commission Bioéthique
16 octobre 2006


Dans quelques semaines se tiendra le fameux Téléthon sur lequel notre Commission souhaite apporter un éclairage éthique. S’il ne nous appartient pas de juger les Français dont l’élan annuel de générosité et de solidarité est bien souvent sincère, disons tout de suite qu’il ne semble plus possible aujourd’hui de participer au financement de ce grand show médiatique. Le philosophe Jean-Claude Guillebaud avait dès 2003 tiré la leçon de nos ambiguïtés : « Avons-nous conscience de l’ambivalence de nos choix ? Nous affichons une compassion envers les personnes souffrant de handicaps, de maladies génétiques, et nous les soutenons, y compris matériellement, dans des manifestations médiatiques spectaculaires du type Téléthon, et simultanément nous demandons aux médecins de se dépenser sans compter pour essayer de dépister ces personnes avant leur naissance ; nous leur demandons en somme de nous aider à leur éviter de naître ».

Nous savons en effet que c’est l’AFM (Association française contre les myopathies), organisatrice du Téléthon, qui a obtenu par son militantisme la publication des décrets d’Etat concernant le diagnostic pré-implantatoire (DPI) dont l’objectif est de trier les embryons pour éliminer ceux qui sont malades. Le DPI est venu appuyer le diagnostic prénatal (DPN) dans une grande stratégie eugéniste mise en scène de manière triomphale : les bébéthons – qui sont sains parce que n’ayant jamais été malades – ne sont que les survivants d’avortements programmés in vitro ou in utero. Déployant cette logique mortifère jusqu’au bout, les nouvelles orientations de la recherche biomédicale promue par les organisateurs consistent à développer les expérimentations sur les embryons humains tout en persévérant dans un lobbying auprès des responsables politiques pour que le clonage soit rapidement dépénalisé.

C’est en 2004 que s’opère ce nouveau tournant, puisque cette année-là, le Téléthon permet de financer le tout nouvel Institut de recherche dédié aux cellules souches embryonnaires, l’ISTEM. Ceci est doublement contestable. D’abord, sur le plan de la pure vérité scientifique qui vient d’éclater à Rome lors du congrès tenu sur les cellules souches adultes, sous l’égide de l’Académie pontificale pour la Vie, associée à la Fondation Jérôme Lejeune et à la Fédération internationale des médecins catholiques. Des scientifiques du monde entier réunis par l’Eglise ont pu faire part des progrès étonnants réalisés dans le domaine des cellu-les souches non embryonnaires, à tel point que ce colloque à été relayé par toute la presse française, sidérée de la désinformation qui régnait jusqu’alors. En Angleterre par exemple, pas une avancée ou le moindre début de résultat à se mettre sous la dent en 15 années d’autorisation de clonage dit thérapeutique et de recherche sur les cellules souches de l’embryon. Sans compter les observations d’instabilité de l’ADN et de prolifération tumorale anarchique décrites dans les expériences animales !

Pendant ce temps, les découvertes inattendues s’engrangent avec les cellules de la moelle osseuse, de cordon de bébé, de l’épithélium olfactif,… même le dogme de l’absence de cellules souches au sein du cerveau adulte et de leurs populations neuronales vient de tomber. Mais le point essentiel est bien que le droit fondamental et primordial à la vie de l’enfant embryonnaire dès sa conception est intangible ainsi que l’a rappelé Benoît XVI aux congressistes. Or, dans le cas d’un principe qui n’admet ni dérogation, ni exception, ni compromis, les chrétiens doivent comprendre qu’est en jeu l’essence de l’ordre moral de la société et que leur engagement n’en devient que plus évident. Ils ne peuvent coopérer au mal mais doivent précisément s’y opposer. Le Saint-Siège ne vient-il pas nous conforter en rompant totalement ses soutiens financiers à Amnesty International parce que le bureau de direction avait voté la promotion du droit à l’avortement dans le monde ? N’avait-il pas fait de même dans les années 90 lorsque Jean-Paul II avait décidé de stopper toute aide matérielle à l’Unicef qui finançait des programmes de santé en faveur des « droits reproductifs » ?

Oui, « l’opposition est frontale et définitive à la recherche détruisant des embryons humains » selon l’expression forte de Mgr Sgreccia, président le l’Académie pontificale pour la Vie. Mais parce que les résultats scientifiques sont là comme pour conforter la cohérence éthique du magistère de l’Eglise « la recherche sur les cellules souches somatiques mérite l’approbation et l’encouragement quand se conjuguent heureusement ensemble le savoir scientifique, la technologie la plus avancée et l’éthique qui postule le respect de l’être humain à chaque stade de son existence » a pu déclaré Benoît XVI, l’appel est d’ores et déjà lancé pour un engagement et une collaboration « des forces économiques qui sont intéressées » pour le développement d’une médecine régénérative moderne et éthique.


Via Bioethique.net

Rédigé par Polydamas

Publié dans #Argumentaires

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E
En tout cas, bien vu, cette news a fait la "une" de Libération.fr cet après-midi.
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M
Une question tout de même : doit-on s'opposer à des parents qui ont dévoué une partie de leur existence à une association telle que l'AFM et à leurs enfants malades ?<br /> <br /> N'y a t-il pas assez de malheureux sur terre pour en plus passer du temps à attaquer ceux qui agissent jours après jours et ont apporté beaucoup à certains ?<br /> <br /> http://www.afm-france.org/ewb_pages/d/decouvrirafm_missions_strategie.php<br /> <br /> On peut bien comprendre la peur de l'eugénisme, de décisions d'éradiquer tout être né physiquement ou mentalement imparfait. L'eugénisme, c'est pourtant la recherche de la perfection... on est en loin.<br /> <br /> <br /> (soit dit en passant : le respect de la vie à tout prix, je veux ; est-ce à dire que vous êtes contre la peine de mort pour les violeurs ?)
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P
Je comprends quelle peut être la douleur et l'engagement de ces parents. Cependant, le combat de l'AFM en vue de la détection des maladies n'est pas, selon l'Eglise, et selon moi, également (  ;-) ) le meilleur moyen pour lutter contrer les maladies. Il faut tenter de trouver un remède, pas éliminer les malades, donc, donner de l'argent pour cela, bien sûr que oui. Je ne suis pas du tout d'accord sur votre constat sur l'eugénisme. Si il y a autant de diagnostic prénataux, ce n'est pas pour rien, mais bien pour éliminer le bébé, au travers d'une IMG, en cas de problèmes. On y est et c'est de l'eugénisme indirect. On ne choisit pas encore ce qu'on veut, mais on choisit de refuser ce qu'on ne veut pas.