Quelques règles pour investir en Sicav
Publié le 16 Octobre 2006
Ca faisait longtemps que je n'avais pas évoqué un peu de finance....
Quelques règles pour bien investir en Sicav...
A la une des Echos Week-end
[ 13/10/2006 ]
Placer tout ou partie de son épargne en sicav ou en FCP, c'est par définition consacrer peu de temps à sa gestion, puisqu'on la délègue à un ou plusieurs gérants et établissements. Trop peu de temps souvent. Car le choix de ceux à qui vous allez faire confiance pendant plusieurs années mérite mieux qu'un vague regard sur le menu de base de votre établissement financier habituel. Sans aller jusqu'à vous faire tailler un FCP à vous, sur mesure, amusante alternative pour ceux dont les placements se chiffrent en millions ou plutôt en dizaines de millions d'euros, ne vous contentez pas du modèle unique. Derrière nos « règles » vous trouverez en fait les questions qu'il faut se poser avant d'acheter. C'est peut-être moins drôle que d'aller choisir sa prochaine voiture au Mondial de l'automobile, qui s'achève ce week-end. Mais c'est plus reposant et ça peut rapporter plus.
Ce qu'il faut savoir pour acheter une sicav ou un fonds de placement.
Sur les 700 romans de la rentrée, combien méritent d'être lus ? Une dizaine peut-être. Pour autant, est-ce une raison de s'abstenir par avance, sous prétexte que le choix est trop vaste ? Cela ne serait pas très intelligent. Pas plus qu'il ne serait futé de prendre au hasard le premier de la pile, au motif qu'il faut bien entretenir ses neurones.
Or, en gestion collective, ces deux attitudes irréfléchies se pratiquent couramment. Face aux 45.000 fonds commercialisés dans le monde, bon nombre d'épargnants choisissent de ne pas choisir. Ils pratiquent l'évitement. Moyennant quoi, ils passent à côté de chefs-d'oeuvre. D'autres misent sur le premier produit venu, au nom de la nécessité d'épargner. Comme si tous les placements se valaient ! Et surtout pouvaient répondre indifféremment à la diversité des objectifs personnels du souscripteur. Pourtant, il est clair que l'on ne s'engage pas pour une courte période avec un produit de long terme et vice versa.
Une règle parmi d'autres pour bien acheter une sicav ou un fonds commun de placement (FCP).
1 - Achetez ce que vous comprenez
Quelques principes de base doivent être rappelés.
Le premier est emprunté à de Gaulle, qui s'envolait vers « l'Orient compliqué... avec des idées simples ». De la même manière, il ne faut acheter que ce que l'on comprend. Cela suppose de garder la tête froide.
L'une des plus grandes menaces qui guette l'investisseur réside dans la mode. Par nature, elle est séduisante, mais par définition c'est la seule qui se démode. Or, à intervalles réguliers, des tendances apparaissent. Elles se traduisent par une déferlante de produits identiques dans tous les réseaux bancaires.
A l'automne 2000, ce fut la floraison des fonds Internet. La bulle avait pourtant explosé quelques semaines plus tôt ! Seulement le processus industriel avait déjà été lancé, il ne pouvait plus être arrêté. En l'occurrence, les banques avaient réagi un peu tard à l'engouement de leurs clients pour la folie TMT. Tout au long de 1999, la ruée vers la nouvelle économie s'était traduite par un « spiel » réalisé à partir des premiers sites Internet de courtage boursier. L'ensemble des établissements financiers avaient voulu participer à leur tour à la fête. Ils ont mis au point des fonds dédiés aux nouvelles technologies. Las, le temps qu'ils obtiennent les autorisations de commercialisation, le krach avait déjà eu lieu.
Qu'à cela ne tienne ! On n'allait tout de même pas mettre au pilon des milliers d'affichettes publicitaires. Et puis, ne suffisait-il pas de patienter ? Le secteur allait bien finir par se refaire une santé ! On sait ce qu'il en est advenu : six ans plus tard, les cours de France Télécom, de Vivendi et d'Alcatel n'ont toujours pas retrouvé leurs niveaux d'avant 2000 et les sicav remplies à ras bord de ces titres n'ont toujours pas été renflouées.
Pour tenter de faire oublier la dégringolade des cours, l'offre s'est ensuite reportée comme un seul homme sur les fonds à capital garanti. Histoire d'installer un filet de sécurité dans la baisse des marchés, tout en laissant miroiter une participation à une éventuelle reprise. L'ennui, c'est que ces produits dits structurés ne se révèlent opérationnels que dans une configuration bien spécifique de marchés : lorsque les cours de Bourse sont relativement stables. Mais si, d'aventure, les indices baissent trop, la structure de ces produits, bâtis à partir d'obligations et de produits dérivés, ne leur permet pas d'absorber toutes les secousses. Et quand les marchés remontent, autant jouer la croissance en direct. Cela n'empêche que, tout au long de 2005, alors que la Bourse effectuait un parcours épatant, ces fonds garantis se sont écoulés comme des petits pains.
De bric et de broc...
A l'inverse, ces temps-ci, le moment serait propice pour en proposer aux particuliers. Une pause dans la hausse des cours semble en effet plausible. Au lieu de quoi, les épargnants se voient proposer des fonds dédiés aux matières premières. Leurs émetteurs semblent indifférents à la violente correction qui a frappé ce secteur au printemps dernier !
Il faut dire que la mondialisation nourrit tellement les imaginations. Le besoin en énergie de la Chine et de l'Inde justifie dans les esprits un pétrole durablement cher. Partant de ce principe, de nouveaux fonds d'investissement ont fait florès. Leur nom a une sonorité magique : Ils sont appelés BRIC, pour reprendre l'acronyme de Brésil, Russie, Inde et Chine. L'idée des promoteurs est que ces quatre puissances bénéficient de la croissance mondiale et notamment du besoin de la planète en matières premières agricoles et énergétiques. Ce raisonnement est pertinent d'un point de vue macroéconomique. Mais il ne suffit pas pour bâtir une bonne stratégie boursière. En pratique, ces fonds enferment leurs souscripteurs dans quatre Bourses : l'une instable (le Brésil), la deuxième opaque (la Russie), la troisième atone (la Chine) et la quatrième hautement spéculative (l'Inde).
Comme s'amuse à dire un professionnel, « c'est exactement comme si l'on réunissait dans un même fonds la Finlande, la Lituanie, Oman et le Portugal. Ils n'ont aucun rapport entre eux. Mais leurs initiales réunies sonneraient bien : cela ferait FLOP. »
L'auteur de ce bon mot parle d'or. Il s'agit d'Henri Reiters, directeur général de Fund Market, filiale commune à la Banque de Luxembourg et au CIC. La structure qu'il dirige a pour spécialité d'analyser puis de sélectionner les meilleurs fonds dans le monde entier. Ses clients reçoivent notamment des conseils pour tirer parti des plus-values espérées dans l'avenir. Et non pas l'inverse ! Car, comme l'observe Henri Reiters, « le piège le plus fréquent chez les épargnants consiste à acheter une performance déjà passée ». Mais les particuliers achètent aussi leurs produits en fonction de leurs préoccupations personnelles. Et c'est bien là l'essentiel. Il n'existe pas deux personnes identiques, en termes de profils, d'objectifs, d'échéances personnelles ou d'appréciation du risque. Le bon investissement est celui qui convient à son souscripteur. En somme, acheter ce que l'on comprend, c'est aussi se connaître soi-même.
2 - Ne vous contentez pas des offres « maison » de votre banque
Tout le monde ne peut pas être bon partout. Les banques ont mis du temps à l'admettre. Il est vrai que c'est avec les fonds conçus en interne qu'elles réalisent leurs meilleures marges. Mais la demande des clients a été la plus forte. Comme ces derniers réclamaient d'accéder à la performance des meilleurs gérants, elles ont accepté de vendre des sicav d'autres établissements. La multigestion est ainsi entrée dans les moeurs. Plus qu'une mode, c'est une tendance lourde. Depuis 2000, sa part de marché dans le monde progresse de 23 % par an. Et en la matière, la France se révèle en pointe. Elle en a souscrit pour 13 milliards d'euros depuis le début de l'année. Par rapport à un total de 60 milliards d'euros investis dans des fonds, cela représente une proportion de 22 %. Ainsi donc, selon le supplément « Fund management » du « Financial Times », en date du 18 septembre, cette performance place notre pays en tête en Europe. Du moins en volume, car en pourcentage, l'Allemagne domine largement. La multigestion y représente 55 % des fonds commercialisés.
Miracle de la multigestion
Seulement, maintenant que la notion devient familière, il convient de s'entendre sur la définition précise du mot. Si l'ambition se limite à proposer des fonds d'établissements avec lesquels la banque entretient des relations commerciales, cela ne vaut guère plus qu'une compilation, un assemblage de façade. Pour être porteuse de performances, la philosophie de la multigestion doit être impérativement respectée. En l'occurrence, il s'agit de rechercher la meilleure performance, au plus faible risque possible. Cette éthique suppose d'agir à deux niveaux : sur la diversification des styles (de manière à contrôler le risque) et sur le panachage des hommes et des femmes (pour parvenir à la meilleure performance en assemblant des styles de gestion complémentaires).
Moyennant quoi, une fois ces conditions réunies, la pertinence du modèle n'est plus à prouver. Depuis trois ans, les statistiques sont formelles : quelle que soit la classe d'actifs (actions ou obligations), la multigestion réalise de meilleures performances que les gérants pris isolément.
3 - N'abusez pas des promotions !
Pourquoi payer plus cher quand on peut payer moins cher ! Pendant longtemps, les sicav et les fonds communs de placement ont eu un prix unique. Les particuliers les achetaient à leur banque - et rien qu'à leur banque - et acquittaient les frais facturés par la banque. Seuls étaient en vente dans leur banque les produits « maison ». Puis le marché des fonds d'investissement s'est progressivement ouvert. Les particuliers ont pu acheter au guichet de leur banque des sicav et des fonds communs de placement (FCP) d'une autre banque. Les banques ne se sont pas ouvertes aux produits de leurs concurrents de gaieté de coeur. Mais elles ont été obligées de s'y résigner. Certes, elles ont freiné des quatre fers, puisqu'elles ont prélevé des frais supplémentaires sur les produits de leurs concurrents pour dissuader leurs clients de commettre des infidélités.
Aujourd'hui, le paysage a encore changé. Les banques se sont converties, contraintes et forcées, à l'« architecture ouverte ». Elles proposent maintenant à leurs clients non seulement leurs propres produits, mais aussi ceux d'autres banques ou plus souvent de sociétés de gestion indépendantes qui ont réalisé des performances intéressantes depuis quelques années. Les fonds d'investissement d'autres maisons ne servent souvent que de produits d'appel. Il n'en reste pas moins que l'ouverture des banques sur les produits qui leur sont extérieurs va dans le sens des intérêts des particuliers. L'apparition de supermarchés de sicav il y a déjà quelques années dans lesquels les clients trouvaient toutes sortes de fonds d'investissement sans supplément de frais (Cortal Consors a été le pionnier dans ce domaine) a joué un rôle déterminant dans la libéralisation du marché de la gestion collective.
Rabais sur les frais
Plus tard, les banques en ligne ont également beaucoup contribué à l'ouverture du marché. Elles proposent sur leurs sites, elles aussi, les produits remarqués pour leurs performances. Ce sont d'ailleurs souvent les mêmes fonds d'investissement qui figurent dans les catalogues des départements de multigestion (traduction concrète de l'« architecture ouverte ») des banques et sur les sites Internet. Résultat : chaque canal de distribution essaie de se démarquer des autres par (presque) tous les moyens. Les banques en ligne utilisent plus que d'autres l'arme des frais pour faire la différence. Elles proposent rabais sur les frais prélevés d'habitude à la souscription. Boursorama Banque met en avant sur son site le fait que, sur plus de 400 fonds, les droits d'entrée, les droits de sortie et les droits de garde s'élèvent à... 0 % !
La banque en ligne propose également à ses clients d'acheter des fonds « partenaires » à des « tarifs spécialement négociés pour eux sans aucun droit de garde ». Ainsi sur le site de Boursorama Banque le fonds Carmignac Patrimoine est-il proposé avec 2 % de frais d'entrée au lieu de 4 %, tarif figurant sur la notice du fonds.
Les promotions proposées sur les sites des banques en ligne ne sont pas le seul moyen d'échapper aux frais de souscription sur les fonds d'investissement ou à une partie d'entre eux. Comme le rappelle Alain Piquemal, gestionnaire de fortune et administrateur de La Boétie Patrimoine, « les particuliers qui souscrivent des fonds d'investissement dans le cadre d'un contrat d'assurance-vie le font sans frais ». « Ils ne payent que les frais du contrat d'assurance-vie lui-même », précise-t-il.
Mais les frais ne doivent en aucun cas être le seul critère de sélection d'une sicav ou d'un fonds commun de placement. C'est la performance qui compte le plus. Il ne sert à rien d'économiser sur les frais si la performance n'est pas bonne.
Certaines sociétés de gestion n'hésitent pas à faire payer des frais plus élevés à leurs clients parce que les performances de leurs fonds se situent nettement au-dessus de la moyenne. Elles partent du principe, pas faux, que la bonne gestion a un prix. Là encore, l'exercice a ses limites. Il est bien connu, comme le rappelle Jacques Tord, conseiller en gestion de fortune et administrateur de La Boétie Patrimoine, mais le rappel est utile, que « les performances passées ne préjugent pas des performances futures ». Les promotions faites par les banques en ligne portent précisément sur des fonds dont les performances passées ont été excellentes. En sera-t-il toujours ainsi ? « Seul l'avenir compte, dit Alain Piquemal. Le jour où un fonds est connu, il est peut-être trop tard. »
4 - Mesurez les risques que vous prenez
Les fonds d'investissement - qu'il s'agisse des sicav d'abord ou des fonds communs de placement (FCP) ensuite - ont été inventés pour simplifier la vie des investisseurs. Les banques, quand elles essayent de vendre des fonds de placement à leurs clients, insistent sur le fait qu'il est beaucoup moins risqué de confier la gestion de ses actifs en Bourse à des professionnels dont c'est le métier que de gérer soi-même un portefeuille d'actions ou d'obligations. Elles ont raison, mais pas entièrement.
Dans certains cas, les particuliers qui ont acheté des parts de fonds de placement peuvent être surpris et les surprises peuvent être très désagréables. Les placements paraissant les plus prudents peuvent se révéler catastrophiques. Les fonds d'investissement ne sont absolument pas des placements sans risques. Les cours, la valeur liquidative, pour employer le mot exact, des fonds investis en actions montent et descendent comme ceux de n'importe quel titre. Même si en principe les produits collectifs ont un effet amortisseur par rapport à l'évolution de la Bourse. Ils baissent moins que la Bourse quand celle-ci baisse... s'ils sont bien gérés.
Paradoxalement le risque est encore plus grand sur les sicav investies en obligations. Beaucoup de particuliers sont persuadés que la vie des sicav d'obligations est comme celle des obligations (sauf accident) un long fleuve tranquille. Faux ! Les sicav ou les fonds communs de placement d'obligations détiennent des... obligations dont les cours montent et descendent en fonction de l'évolution des taux d'intérêt. Qui plus est, ils en achètent et en revendent. Le particulier, qui achète une obligation à l'émission et qui attend sagement l'échéance pour se faire rembourser son « prêt », se trouve dans une configuration complètement différente. Quand le marché des obligations s'est effondré vers le milieu des années 1990, beaucoup d'épargnants ont vu leur capital s'effondrer, alors qu'ils étaient persuadés qu'ils ne couraient aucun risque. Une grande banque s'était d'ailleurs illustrée - si l'on peut dire - à l'époque en conseillant à ses clients de vendre quelques semaines avant le krach du marché obligataire leurs sicav monétaires, beaucoup plus sûres, pour acheter des sicav... d'obligations.
Des fonds garantis piégés
Mais les risques de marché, comme on dit, ne sont pas les seuls que courent les investisseurs qui achètent des fonds de placement. Il y en a d'autres encore plus sournois. Certaines catégories de fonds ou d'actifs dans lesquels sont investis les fonds en plus ou moins grande quantité peuvent réserver de (très) mauvaises surprises. Les fonds garantis, une famille de fonds poussée par les banques depuis quelques années et qui leur ont valu de grands succès commerciaux, peuvent par exemple se révéler beaucoup plus risqués que leur nom pourrait le faire croire.
Les fonds Benefic, commercialisés par La Poste (autour de 300.000 avaient été vendus entre 1999 et 2000 quand la Bourse était en grande forme), ont été en particulier à l'origine d'un contentieux très lourd : plaintes des clients, qui estimaient avoir été trompés, procès, appels... Beaucoup de souscripteurs croyaient n'avoir pris aucun risque. Avaient-ils été mal conseillés ou avaient-ils oublié de lire les documents qui leur avaient été remis au moment où ils avaient souscrits des parts de Benefic ?
Alors que l'affaire ou plutôt les affaires traînaient devant les tribunaux depuis plusieurs mois, la Cour de cassation - c'est allé jusque-là ! - a rendu son verdict il y a moins d'un mois. Dans le prospectus de publicité, il était indiqué que « le capital investi était protégé jusqu'à 23 % de baisse de l'Euro Stoxx 50 ou du CAC 40, ce dont il se déduisait que le capital n'était plus garanti en cas de baisse de l'Euro Stoxx 50 ou du CAC 40 supérieure à 23 % », souligne la Cour de cassation. En trois ans, l'indice avait chuté entre 35,2 % et 58,8 % selon la date de souscription du contrat. Le 20 septembre 2006, la Cour de cassation a estimé que La Poste n'avait pas manqué à « son obligation d'information » lors de la vente de Benefic. Dans cinq arrêts différents, la Cour de cassation a cassé les jugements précédents, qui avaient condamné La Poste à payer des dommages et intérêts à ces épargnants dont la valeur des parts souscrites s'était trouvée à l'échéance inférieure à leur mise de départ. Une décision qui confirme « la jurisprudence de la Cour de cassation selon laquelle le banquier n'a un devoir de mise en garde envers ses clients que pour les opérations qui présentent un caractère spéculatif. Or tel n'était pas le cas du produit Benefic », écrit la Cour.
Gare à la gestion alternative
Voilà une affaire qui ne peut qu'inciter les souscripteurs à lire et relire les fiches qui accompagnent les fonds de placement auxquels ils souscrivent. Il est essentiel de comprendre ce que l'on achète et de n'acheter que ce que l'on comprend. « Il n'y a pas seulement le risque du produit, il y a aussi le risque de l'ensemble de la classe d'actifs », explique Alain Piquemal, conseiller en gestion de fortune et administrateur de La Boétie Patrimoine. La remarque prend tout son sens s'agissant de la gestion alternative.
Maintenant considérée comme une classe d'actifs à part entière à côté des autres - ce qui relève de l'abus de langage -, la gestion alternative est présente dans les portefeuilles de beaucoup de fonds - y compris de fonds destinés au grand public. Mais les particuliers ignorent souvent que les techniques de gestion utilisées par les gérants alternatifs sont très complexes et souvent très risquées.
Il y a encore quelques semaines un très gros fonds alternatif, un « hedge fund » comme on dit, a rencontré de très sérieuses difficultés aux Etats-Unis. Ce fonds, dénommé « Amaranth », avait pris d'énormes paris sur l'évolution des prix du gaz naturel. Paris qui se sont révélés désastreux. Les investisseurs qui avaient acheté des fonds de fonds dans lesquels Amaranth était représenté ont pris les contre-performances de plein fouet.
A la une des Echos Week-end
[ 13/10/2006 ]
Placer tout ou partie de son épargne en sicav ou en FCP, c'est par définition consacrer peu de temps à sa gestion, puisqu'on la délègue à un ou plusieurs gérants et établissements. Trop peu de temps souvent. Car le choix de ceux à qui vous allez faire confiance pendant plusieurs années mérite mieux qu'un vague regard sur le menu de base de votre établissement financier habituel. Sans aller jusqu'à vous faire tailler un FCP à vous, sur mesure, amusante alternative pour ceux dont les placements se chiffrent en millions ou plutôt en dizaines de millions d'euros, ne vous contentez pas du modèle unique. Derrière nos « règles » vous trouverez en fait les questions qu'il faut se poser avant d'acheter. C'est peut-être moins drôle que d'aller choisir sa prochaine voiture au Mondial de l'automobile, qui s'achève ce week-end. Mais c'est plus reposant et ça peut rapporter plus.
Ce qu'il faut savoir pour acheter une sicav ou un fonds de placement.
Sur les 700 romans de la rentrée, combien méritent d'être lus ? Une dizaine peut-être. Pour autant, est-ce une raison de s'abstenir par avance, sous prétexte que le choix est trop vaste ? Cela ne serait pas très intelligent. Pas plus qu'il ne serait futé de prendre au hasard le premier de la pile, au motif qu'il faut bien entretenir ses neurones.
Or, en gestion collective, ces deux attitudes irréfléchies se pratiquent couramment. Face aux 45.000 fonds commercialisés dans le monde, bon nombre d'épargnants choisissent de ne pas choisir. Ils pratiquent l'évitement. Moyennant quoi, ils passent à côté de chefs-d'oeuvre. D'autres misent sur le premier produit venu, au nom de la nécessité d'épargner. Comme si tous les placements se valaient ! Et surtout pouvaient répondre indifféremment à la diversité des objectifs personnels du souscripteur. Pourtant, il est clair que l'on ne s'engage pas pour une courte période avec un produit de long terme et vice versa.
Une règle parmi d'autres pour bien acheter une sicav ou un fonds commun de placement (FCP).
1 - Achetez ce que vous comprenez
Quelques principes de base doivent être rappelés.
Le premier est emprunté à de Gaulle, qui s'envolait vers « l'Orient compliqué... avec des idées simples ». De la même manière, il ne faut acheter que ce que l'on comprend. Cela suppose de garder la tête froide.
L'une des plus grandes menaces qui guette l'investisseur réside dans la mode. Par nature, elle est séduisante, mais par définition c'est la seule qui se démode. Or, à intervalles réguliers, des tendances apparaissent. Elles se traduisent par une déferlante de produits identiques dans tous les réseaux bancaires.
A l'automne 2000, ce fut la floraison des fonds Internet. La bulle avait pourtant explosé quelques semaines plus tôt ! Seulement le processus industriel avait déjà été lancé, il ne pouvait plus être arrêté. En l'occurrence, les banques avaient réagi un peu tard à l'engouement de leurs clients pour la folie TMT. Tout au long de 1999, la ruée vers la nouvelle économie s'était traduite par un « spiel » réalisé à partir des premiers sites Internet de courtage boursier. L'ensemble des établissements financiers avaient voulu participer à leur tour à la fête. Ils ont mis au point des fonds dédiés aux nouvelles technologies. Las, le temps qu'ils obtiennent les autorisations de commercialisation, le krach avait déjà eu lieu.
Qu'à cela ne tienne ! On n'allait tout de même pas mettre au pilon des milliers d'affichettes publicitaires. Et puis, ne suffisait-il pas de patienter ? Le secteur allait bien finir par se refaire une santé ! On sait ce qu'il en est advenu : six ans plus tard, les cours de France Télécom, de Vivendi et d'Alcatel n'ont toujours pas retrouvé leurs niveaux d'avant 2000 et les sicav remplies à ras bord de ces titres n'ont toujours pas été renflouées.
Pour tenter de faire oublier la dégringolade des cours, l'offre s'est ensuite reportée comme un seul homme sur les fonds à capital garanti. Histoire d'installer un filet de sécurité dans la baisse des marchés, tout en laissant miroiter une participation à une éventuelle reprise. L'ennui, c'est que ces produits dits structurés ne se révèlent opérationnels que dans une configuration bien spécifique de marchés : lorsque les cours de Bourse sont relativement stables. Mais si, d'aventure, les indices baissent trop, la structure de ces produits, bâtis à partir d'obligations et de produits dérivés, ne leur permet pas d'absorber toutes les secousses. Et quand les marchés remontent, autant jouer la croissance en direct. Cela n'empêche que, tout au long de 2005, alors que la Bourse effectuait un parcours épatant, ces fonds garantis se sont écoulés comme des petits pains.
De bric et de broc...
A l'inverse, ces temps-ci, le moment serait propice pour en proposer aux particuliers. Une pause dans la hausse des cours semble en effet plausible. Au lieu de quoi, les épargnants se voient proposer des fonds dédiés aux matières premières. Leurs émetteurs semblent indifférents à la violente correction qui a frappé ce secteur au printemps dernier !
Il faut dire que la mondialisation nourrit tellement les imaginations. Le besoin en énergie de la Chine et de l'Inde justifie dans les esprits un pétrole durablement cher. Partant de ce principe, de nouveaux fonds d'investissement ont fait florès. Leur nom a une sonorité magique : Ils sont appelés BRIC, pour reprendre l'acronyme de Brésil, Russie, Inde et Chine. L'idée des promoteurs est que ces quatre puissances bénéficient de la croissance mondiale et notamment du besoin de la planète en matières premières agricoles et énergétiques. Ce raisonnement est pertinent d'un point de vue macroéconomique. Mais il ne suffit pas pour bâtir une bonne stratégie boursière. En pratique, ces fonds enferment leurs souscripteurs dans quatre Bourses : l'une instable (le Brésil), la deuxième opaque (la Russie), la troisième atone (la Chine) et la quatrième hautement spéculative (l'Inde).
Comme s'amuse à dire un professionnel, « c'est exactement comme si l'on réunissait dans un même fonds la Finlande, la Lituanie, Oman et le Portugal. Ils n'ont aucun rapport entre eux. Mais leurs initiales réunies sonneraient bien : cela ferait FLOP. »
L'auteur de ce bon mot parle d'or. Il s'agit d'Henri Reiters, directeur général de Fund Market, filiale commune à la Banque de Luxembourg et au CIC. La structure qu'il dirige a pour spécialité d'analyser puis de sélectionner les meilleurs fonds dans le monde entier. Ses clients reçoivent notamment des conseils pour tirer parti des plus-values espérées dans l'avenir. Et non pas l'inverse ! Car, comme l'observe Henri Reiters, « le piège le plus fréquent chez les épargnants consiste à acheter une performance déjà passée ». Mais les particuliers achètent aussi leurs produits en fonction de leurs préoccupations personnelles. Et c'est bien là l'essentiel. Il n'existe pas deux personnes identiques, en termes de profils, d'objectifs, d'échéances personnelles ou d'appréciation du risque. Le bon investissement est celui qui convient à son souscripteur. En somme, acheter ce que l'on comprend, c'est aussi se connaître soi-même.
2 - Ne vous contentez pas des offres « maison » de votre banque
Tout le monde ne peut pas être bon partout. Les banques ont mis du temps à l'admettre. Il est vrai que c'est avec les fonds conçus en interne qu'elles réalisent leurs meilleures marges. Mais la demande des clients a été la plus forte. Comme ces derniers réclamaient d'accéder à la performance des meilleurs gérants, elles ont accepté de vendre des sicav d'autres établissements. La multigestion est ainsi entrée dans les moeurs. Plus qu'une mode, c'est une tendance lourde. Depuis 2000, sa part de marché dans le monde progresse de 23 % par an. Et en la matière, la France se révèle en pointe. Elle en a souscrit pour 13 milliards d'euros depuis le début de l'année. Par rapport à un total de 60 milliards d'euros investis dans des fonds, cela représente une proportion de 22 %. Ainsi donc, selon le supplément « Fund management » du « Financial Times », en date du 18 septembre, cette performance place notre pays en tête en Europe. Du moins en volume, car en pourcentage, l'Allemagne domine largement. La multigestion y représente 55 % des fonds commercialisés.
Miracle de la multigestion
Seulement, maintenant que la notion devient familière, il convient de s'entendre sur la définition précise du mot. Si l'ambition se limite à proposer des fonds d'établissements avec lesquels la banque entretient des relations commerciales, cela ne vaut guère plus qu'une compilation, un assemblage de façade. Pour être porteuse de performances, la philosophie de la multigestion doit être impérativement respectée. En l'occurrence, il s'agit de rechercher la meilleure performance, au plus faible risque possible. Cette éthique suppose d'agir à deux niveaux : sur la diversification des styles (de manière à contrôler le risque) et sur le panachage des hommes et des femmes (pour parvenir à la meilleure performance en assemblant des styles de gestion complémentaires).
Moyennant quoi, une fois ces conditions réunies, la pertinence du modèle n'est plus à prouver. Depuis trois ans, les statistiques sont formelles : quelle que soit la classe d'actifs (actions ou obligations), la multigestion réalise de meilleures performances que les gérants pris isolément.
3 - N'abusez pas des promotions !
Pourquoi payer plus cher quand on peut payer moins cher ! Pendant longtemps, les sicav et les fonds communs de placement ont eu un prix unique. Les particuliers les achetaient à leur banque - et rien qu'à leur banque - et acquittaient les frais facturés par la banque. Seuls étaient en vente dans leur banque les produits « maison ». Puis le marché des fonds d'investissement s'est progressivement ouvert. Les particuliers ont pu acheter au guichet de leur banque des sicav et des fonds communs de placement (FCP) d'une autre banque. Les banques ne se sont pas ouvertes aux produits de leurs concurrents de gaieté de coeur. Mais elles ont été obligées de s'y résigner. Certes, elles ont freiné des quatre fers, puisqu'elles ont prélevé des frais supplémentaires sur les produits de leurs concurrents pour dissuader leurs clients de commettre des infidélités.
Aujourd'hui, le paysage a encore changé. Les banques se sont converties, contraintes et forcées, à l'« architecture ouverte ». Elles proposent maintenant à leurs clients non seulement leurs propres produits, mais aussi ceux d'autres banques ou plus souvent de sociétés de gestion indépendantes qui ont réalisé des performances intéressantes depuis quelques années. Les fonds d'investissement d'autres maisons ne servent souvent que de produits d'appel. Il n'en reste pas moins que l'ouverture des banques sur les produits qui leur sont extérieurs va dans le sens des intérêts des particuliers. L'apparition de supermarchés de sicav il y a déjà quelques années dans lesquels les clients trouvaient toutes sortes de fonds d'investissement sans supplément de frais (Cortal Consors a été le pionnier dans ce domaine) a joué un rôle déterminant dans la libéralisation du marché de la gestion collective.
Rabais sur les frais
Plus tard, les banques en ligne ont également beaucoup contribué à l'ouverture du marché. Elles proposent sur leurs sites, elles aussi, les produits remarqués pour leurs performances. Ce sont d'ailleurs souvent les mêmes fonds d'investissement qui figurent dans les catalogues des départements de multigestion (traduction concrète de l'« architecture ouverte ») des banques et sur les sites Internet. Résultat : chaque canal de distribution essaie de se démarquer des autres par (presque) tous les moyens. Les banques en ligne utilisent plus que d'autres l'arme des frais pour faire la différence. Elles proposent rabais sur les frais prélevés d'habitude à la souscription. Boursorama Banque met en avant sur son site le fait que, sur plus de 400 fonds, les droits d'entrée, les droits de sortie et les droits de garde s'élèvent à... 0 % !
La banque en ligne propose également à ses clients d'acheter des fonds « partenaires » à des « tarifs spécialement négociés pour eux sans aucun droit de garde ». Ainsi sur le site de Boursorama Banque le fonds Carmignac Patrimoine est-il proposé avec 2 % de frais d'entrée au lieu de 4 %, tarif figurant sur la notice du fonds.
Les promotions proposées sur les sites des banques en ligne ne sont pas le seul moyen d'échapper aux frais de souscription sur les fonds d'investissement ou à une partie d'entre eux. Comme le rappelle Alain Piquemal, gestionnaire de fortune et administrateur de La Boétie Patrimoine, « les particuliers qui souscrivent des fonds d'investissement dans le cadre d'un contrat d'assurance-vie le font sans frais ». « Ils ne payent que les frais du contrat d'assurance-vie lui-même », précise-t-il.
Mais les frais ne doivent en aucun cas être le seul critère de sélection d'une sicav ou d'un fonds commun de placement. C'est la performance qui compte le plus. Il ne sert à rien d'économiser sur les frais si la performance n'est pas bonne.
Certaines sociétés de gestion n'hésitent pas à faire payer des frais plus élevés à leurs clients parce que les performances de leurs fonds se situent nettement au-dessus de la moyenne. Elles partent du principe, pas faux, que la bonne gestion a un prix. Là encore, l'exercice a ses limites. Il est bien connu, comme le rappelle Jacques Tord, conseiller en gestion de fortune et administrateur de La Boétie Patrimoine, mais le rappel est utile, que « les performances passées ne préjugent pas des performances futures ». Les promotions faites par les banques en ligne portent précisément sur des fonds dont les performances passées ont été excellentes. En sera-t-il toujours ainsi ? « Seul l'avenir compte, dit Alain Piquemal. Le jour où un fonds est connu, il est peut-être trop tard. »
4 - Mesurez les risques que vous prenez
Les fonds d'investissement - qu'il s'agisse des sicav d'abord ou des fonds communs de placement (FCP) ensuite - ont été inventés pour simplifier la vie des investisseurs. Les banques, quand elles essayent de vendre des fonds de placement à leurs clients, insistent sur le fait qu'il est beaucoup moins risqué de confier la gestion de ses actifs en Bourse à des professionnels dont c'est le métier que de gérer soi-même un portefeuille d'actions ou d'obligations. Elles ont raison, mais pas entièrement.
Dans certains cas, les particuliers qui ont acheté des parts de fonds de placement peuvent être surpris et les surprises peuvent être très désagréables. Les placements paraissant les plus prudents peuvent se révéler catastrophiques. Les fonds d'investissement ne sont absolument pas des placements sans risques. Les cours, la valeur liquidative, pour employer le mot exact, des fonds investis en actions montent et descendent comme ceux de n'importe quel titre. Même si en principe les produits collectifs ont un effet amortisseur par rapport à l'évolution de la Bourse. Ils baissent moins que la Bourse quand celle-ci baisse... s'ils sont bien gérés.
Paradoxalement le risque est encore plus grand sur les sicav investies en obligations. Beaucoup de particuliers sont persuadés que la vie des sicav d'obligations est comme celle des obligations (sauf accident) un long fleuve tranquille. Faux ! Les sicav ou les fonds communs de placement d'obligations détiennent des... obligations dont les cours montent et descendent en fonction de l'évolution des taux d'intérêt. Qui plus est, ils en achètent et en revendent. Le particulier, qui achète une obligation à l'émission et qui attend sagement l'échéance pour se faire rembourser son « prêt », se trouve dans une configuration complètement différente. Quand le marché des obligations s'est effondré vers le milieu des années 1990, beaucoup d'épargnants ont vu leur capital s'effondrer, alors qu'ils étaient persuadés qu'ils ne couraient aucun risque. Une grande banque s'était d'ailleurs illustrée - si l'on peut dire - à l'époque en conseillant à ses clients de vendre quelques semaines avant le krach du marché obligataire leurs sicav monétaires, beaucoup plus sûres, pour acheter des sicav... d'obligations.
Des fonds garantis piégés
Mais les risques de marché, comme on dit, ne sont pas les seuls que courent les investisseurs qui achètent des fonds de placement. Il y en a d'autres encore plus sournois. Certaines catégories de fonds ou d'actifs dans lesquels sont investis les fonds en plus ou moins grande quantité peuvent réserver de (très) mauvaises surprises. Les fonds garantis, une famille de fonds poussée par les banques depuis quelques années et qui leur ont valu de grands succès commerciaux, peuvent par exemple se révéler beaucoup plus risqués que leur nom pourrait le faire croire.
Les fonds Benefic, commercialisés par La Poste (autour de 300.000 avaient été vendus entre 1999 et 2000 quand la Bourse était en grande forme), ont été en particulier à l'origine d'un contentieux très lourd : plaintes des clients, qui estimaient avoir été trompés, procès, appels... Beaucoup de souscripteurs croyaient n'avoir pris aucun risque. Avaient-ils été mal conseillés ou avaient-ils oublié de lire les documents qui leur avaient été remis au moment où ils avaient souscrits des parts de Benefic ?
Alors que l'affaire ou plutôt les affaires traînaient devant les tribunaux depuis plusieurs mois, la Cour de cassation - c'est allé jusque-là ! - a rendu son verdict il y a moins d'un mois. Dans le prospectus de publicité, il était indiqué que « le capital investi était protégé jusqu'à 23 % de baisse de l'Euro Stoxx 50 ou du CAC 40, ce dont il se déduisait que le capital n'était plus garanti en cas de baisse de l'Euro Stoxx 50 ou du CAC 40 supérieure à 23 % », souligne la Cour de cassation. En trois ans, l'indice avait chuté entre 35,2 % et 58,8 % selon la date de souscription du contrat. Le 20 septembre 2006, la Cour de cassation a estimé que La Poste n'avait pas manqué à « son obligation d'information » lors de la vente de Benefic. Dans cinq arrêts différents, la Cour de cassation a cassé les jugements précédents, qui avaient condamné La Poste à payer des dommages et intérêts à ces épargnants dont la valeur des parts souscrites s'était trouvée à l'échéance inférieure à leur mise de départ. Une décision qui confirme « la jurisprudence de la Cour de cassation selon laquelle le banquier n'a un devoir de mise en garde envers ses clients que pour les opérations qui présentent un caractère spéculatif. Or tel n'était pas le cas du produit Benefic », écrit la Cour.
Gare à la gestion alternative
Voilà une affaire qui ne peut qu'inciter les souscripteurs à lire et relire les fiches qui accompagnent les fonds de placement auxquels ils souscrivent. Il est essentiel de comprendre ce que l'on achète et de n'acheter que ce que l'on comprend. « Il n'y a pas seulement le risque du produit, il y a aussi le risque de l'ensemble de la classe d'actifs », explique Alain Piquemal, conseiller en gestion de fortune et administrateur de La Boétie Patrimoine. La remarque prend tout son sens s'agissant de la gestion alternative.
Maintenant considérée comme une classe d'actifs à part entière à côté des autres - ce qui relève de l'abus de langage -, la gestion alternative est présente dans les portefeuilles de beaucoup de fonds - y compris de fonds destinés au grand public. Mais les particuliers ignorent souvent que les techniques de gestion utilisées par les gérants alternatifs sont très complexes et souvent très risquées.
Il y a encore quelques semaines un très gros fonds alternatif, un « hedge fund » comme on dit, a rencontré de très sérieuses difficultés aux Etats-Unis. Ce fonds, dénommé « Amaranth », avait pris d'énormes paris sur l'évolution des prix du gaz naturel. Paris qui se sont révélés désastreux. Les investisseurs qui avaient acheté des fonds de fonds dans lesquels Amaranth était représenté ont pris les contre-performances de plein fouet.