Victimes de Baal...
Publié le 27 Novembre 2007
En Espagne, un fait divers sordide vient de relancer le débat sur la télé-réalité. Une femme,
Svletana, avait quitté son compagnon qui la violentait, Ricardo. Celui-ci, pour tenter de la faire revenir, s'est adressé à l'émission de télé-réalité El diario, dont le concept est proche de celui
de Y a que la vérité qui compte. La demandant en mariage sur le plateau devant plusieurs millions de téléspectateurs, Svletana a refusé. En réponse, Ricardo l'a tuée quatre jours plus tard.
La jeune femme avait accepté l'invitation, croyant avoir affaire à des membres de sa famille restée en Russie. Ironie du sort, Ricardo avait été repéré par la justice, et condamné pour mauvais traitements, mais le jugement n'avait pas encore été prononcé. La production n'avait pas jugé utile de faire quelques recherches sur les procès en cours.
J'ai déjà pu lire sur quelques commentaires que, de facto, le type était taré, et que l'émission n'y est pour rien dans ce meurtre, supposant que l'individu serait passé à l'acte de toute manière. A ceux qui tiennent ce discours insensé, je leur rappellerais que s'il est difficile d'accepter d'être éconduit par une jeune femme, il est évidemment infiniment plus dur d'accepter ce refus devant plusieurs millions de téléspectateurs. Ce n'est rien d'autre qu'une humiliation publique. Déclenchant donc des réactions particulièrement dangereuses, susceptibles de conduire à un drame, chez des personnes mentalement instables. Surtout dans un pays où les mâles sont aussi fiers qu'en Espagne. Le gouvernement Zapatero a, semble-t-il, réuni les producteurs afin de surveiller plus étroitement les personnes choisies dans ce type d'émissions.
Pour rappel, c'est déjà le 5ème décès dont on peut imputer la responsabilité à la télé-réalité, avec la mort d'Ana Orantes, une femme qui avait raconté sur un plateau de télévision les décennies de violence que lui avaient infligé son mari. Et malgré toutes mes réserves sur les méthodes employées par le combat contre les violences conjuguales, il est impossible de ne pas constater cet avilissement dû à la télé-réalité.
Ce type de divertissement, profondément malsain et voyeur, n'a décidément jamais autant mérité son qualificatif de télé-poubelle. Pourtant, ça ne serait pas spécialement compliqué de prendre des acteurs, et de construire un scénario, en se faisant passer pour des gens normaux. Ça aurait au moins le mérite d'être inoffensif, à défaut d'être sincère. Mais que voulez-vous, cette tactique avait été dénoncée par les téléspectateurs qui ne supportaient pas qu'on leur vole leur rêve.
Dans les temps antiques, à Carthage, on offrait régulièrement au dieu Baal-Hamon, pour s'attirer ses faveurs, le sacrifice d'enfants nouveaux-nés. C'était une pratique qui avait réussi à choquer les Romains eux-mêmes, qui n'étaient pourtant pas des enfants de choeur. Périodiquement, la société primitive avait besoin de sacrifier certains des leurs pour calmer les ardeurs violentes de leur dieux. On a l'impression que ce schéma recommence sans cesse, à voir la manière dont la télévision subordonne les humains, dont la dictature de la célébrité impose de sacrifier, de casser des candidats à la renommée.
D'ailleurs, devrait sortir bientôt un film sur la télé-réalité poussée à son paroxysme. Cette fois, les participants ne sont pas des amoureux, mais des candidats au suicide...
Vision prémonitoire ?
La jeune femme avait accepté l'invitation, croyant avoir affaire à des membres de sa famille restée en Russie. Ironie du sort, Ricardo avait été repéré par la justice, et condamné pour mauvais traitements, mais le jugement n'avait pas encore été prononcé. La production n'avait pas jugé utile de faire quelques recherches sur les procès en cours.
J'ai déjà pu lire sur quelques commentaires que, de facto, le type était taré, et que l'émission n'y est pour rien dans ce meurtre, supposant que l'individu serait passé à l'acte de toute manière. A ceux qui tiennent ce discours insensé, je leur rappellerais que s'il est difficile d'accepter d'être éconduit par une jeune femme, il est évidemment infiniment plus dur d'accepter ce refus devant plusieurs millions de téléspectateurs. Ce n'est rien d'autre qu'une humiliation publique. Déclenchant donc des réactions particulièrement dangereuses, susceptibles de conduire à un drame, chez des personnes mentalement instables. Surtout dans un pays où les mâles sont aussi fiers qu'en Espagne. Le gouvernement Zapatero a, semble-t-il, réuni les producteurs afin de surveiller plus étroitement les personnes choisies dans ce type d'émissions.
Pour rappel, c'est déjà le 5ème décès dont on peut imputer la responsabilité à la télé-réalité, avec la mort d'Ana Orantes, une femme qui avait raconté sur un plateau de télévision les décennies de violence que lui avaient infligé son mari. Et malgré toutes mes réserves sur les méthodes employées par le combat contre les violences conjuguales, il est impossible de ne pas constater cet avilissement dû à la télé-réalité.
Ce type de divertissement, profondément malsain et voyeur, n'a décidément jamais autant mérité son qualificatif de télé-poubelle. Pourtant, ça ne serait pas spécialement compliqué de prendre des acteurs, et de construire un scénario, en se faisant passer pour des gens normaux. Ça aurait au moins le mérite d'être inoffensif, à défaut d'être sincère. Mais que voulez-vous, cette tactique avait été dénoncée par les téléspectateurs qui ne supportaient pas qu'on leur vole leur rêve.
Dans les temps antiques, à Carthage, on offrait régulièrement au dieu Baal-Hamon, pour s'attirer ses faveurs, le sacrifice d'enfants nouveaux-nés. C'était une pratique qui avait réussi à choquer les Romains eux-mêmes, qui n'étaient pourtant pas des enfants de choeur. Périodiquement, la société primitive avait besoin de sacrifier certains des leurs pour calmer les ardeurs violentes de leur dieux. On a l'impression que ce schéma recommence sans cesse, à voir la manière dont la télévision subordonne les humains, dont la dictature de la célébrité impose de sacrifier, de casser des candidats à la renommée.
D'ailleurs, devrait sortir bientôt un film sur la télé-réalité poussée à son paroxysme. Cette fois, les participants ne sont pas des amoureux, mais des candidats au suicide...
Vision prémonitoire ?