Statistiques à la con...
Publié le 22 Novembre 2006
1 femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon, nous dit-on, ou serait-ce tous
les deux jours, ou même tous les quatre jours? Personne ne semble le savoir, on navigue en plein
brouillard. D'un sondage réalisé sur 7000 personnes, on arrive à savoir qu'environ 1,3
millions de femmes sont victimes de violences. A ce compte-là, rien que le fait de s'engueuler avec une personne du sexe faible est une violence. Malgré toutes les sympathies que je peux avoir
pour les victimes, j'en ai plus que ras le bol de ces chiffres hyper-réducteurs, revenant chaque année, tel le plus métronome des marroniers.
Parceque si on fait le compte, ça nous fait, au maximum, 365/2, allez disons, 190 femmes qui meurent chaque année sous les coups de leurs compagnons. C'est dramatique, tragique pour ces personnes, je suis le premier à le dire. Mais cela ne fait que 200 mortes pour une population féminine d'à peu près 30 millions de personnes, soit un pourcentage de 0.0006% par an. Si l'on prend le chiffre de 2004, nous avons 35 000 faits de violence, auquel on ajoute les 50 000 tentatives de viol, soit un total de 100 000, en arrondissant à la hausse. Mais, même avec 100 000, cela ne touche que 0,3% des foyers français (sur un total de 29 millions).
C'est excessif, j'en conviens aisément. Mais il n'y a pas encore péril en la demeure, que je sache. Que cela devienne une "cause nationale pour 2008" (je me demande bien en quoi je vais pouvoir contribuer, moi qui n'ai pas pour habitude de prendre les filles pour un punching-ball) me paraît légèrement surestimé.
Au fait, pourquoi ces mêmes médias ne nous donnent-ils pas le chiffre d'une centaine de mortes par an? Peut-être parceque ce chiffre ne frappe pas assez l'imaginaire et que nous risquerions de penser qu'une centaine de mortes est dramatique, mais ne justifie aucunement un "appel", ou une "mobilisation" de toutes les "consciences". Et je n'oserai pas insinuer que la ministre déléguée à la Parité n'avait pas de projet plus urgent que cette grande "cause nationale", et qu'elle ne sait comment justifier son salaire, que j'espère pour elle, important.
D'autant que, comme l'affirme l'article du Fig, le nombre en croissance de violence envers les femmes n'est pas forcèment du à l'augmentation de sentiments primaires issus des âges les plus reculés chez les mâles, mais bien à la hausse des dépôts de plainte de ces filles d'Eve, ce qui, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dis, est une bonne nouvelle.
D'ailleurs, à l'occasion, il serait intéressant de voir la proportion de violences dues à une certaine logique de l'honneur, encore en vigueur, dans des familles d'origine immigrée, dont nous avons un exemple ici. On pourrait viser ce type de populations, mais vous comprenez, ça serait du racisme, que de cibler des campagnes sur certaines catégories de populations, comme n'hésite pas à l'affirmer notre bien-aimée Ligue contre le Racisme, dans ce cas exemplaire. Il vaut mieux qu'on laisse les enfants se tuer plutôt de faire des campagnes ciblées.
Evidemment, on comprend l'idée sous-jacente. Pour sensibiliser au problème, quelqu'il soit, ça peut être les huitres, le racisme, les mines anti-personnelles, la faim dans le monde, les permis de conduire, les accidents, en gros, ce que vous voulez, il est nécessaire pour faire percevoir à nos faibles cerveaux la dure réalité de la vie, de prendre un montant global et de l'étaler sur l'année pour obtenir un chiffre du genre: toutes les quatre secondes, un enfant meurt de la faim dans le monde. N'hésitez surtout pas à accoler votre savant calcul des termes tels que "effrayant", "terrifiant","dramatique" et d'utiliser le même registre lexical jusqu'à satiété.
Ca frappe, c'est efficace, vous avez déjà le compte à rebours en chiffres rouges dans la tête, vous le voyez égréner ces fatidiques secondes avant de visualiser, impuissant, la malheureuse victime succomber atrocement, au choix:
- de la faim
- des coups de son compagnon
- des blessures faites par les mines
- ........ (remplissez par la mention souhaitée et rayez l'inutile)
Ou comment culpabiliser à moindre frais, en oubliant de signaler que si les enfants meurent de la faim en Afrique, c'est généralement parcequ'ils ont la malchance de vivre dans des zones en proie à des guerres civiles sanglantes. Que les mines anti-personnelles ne sont rien face au nombre de morts dues aux machettes, et autres instruments, dont on limite généralement l'usage à sa cuisine. Tout est bon pour faire signer le chèque, surtout faire pleurer dans les chaumières, alors qu'au sens strict, ce chèque ne pourra jamais améliorer la situation de ce gamin, seules des pressions politiques le pourraient.
Au passage, c'est rassurant pour notre intelligence, de suggérer que l'on n'est pas capable de suivre et qu'il faut nous mâcher le travail par des chiffres qui frappent. C'est valorisant pour les téléspectateurs ou les lecteurs que nous sommes. La devise des publicitaires dans les Inconnus n'était elle pas "ne jamais prendre les gens pour des cons, mais ne pas oublier qu'ils le sont"? A voir ces statistiques balancées sans autre précautions, c'est un peu le sentiment qu'on en retire. On nous prend vraiment pour des abrutis.
A force de nous balancer des chiffres dans la figure, qui ne veulent strictement rien dire, se rendent ils compte que cela est complétement contre-productif, du fait du tempérament bien gaulois à faire exactement le contraire de ce qu'on attend de lui? Se rendent-ils compte que lorsque que l'on met les choses à plat, nous sommes excedés par cette présentation partisane, qui n'a pour but que de nous culpabiliser, et qu'ils obtiennent exactement l'effet inverse de celui recherché, tout cela à cause d'une présentation biaisée?
On pourrait faire le même constat avec les 5 500 milliards d'euros qui représentent le coût de l'effet de serre, chiffre qui ne représente rien, tant il est vrai que l'on a aucune idée des évolutions futures du climat, aucune idée de notre future adaptation (on fera comme nos ancêtres et les néerlandais, tout bêtement), aucune idée des coûts (comment évalue-t-on les dégâts d'ici cent ans?). Le constat pourrait être le même dans tous les domaines. C'était Yann Arthus Bertrand, sur le plateau d'Arret Sur Images, qui n'hésitait pas à dire qu'il fallait utiliser des méthodes fallacieuses, si l'objectif était sain. Au moins, il avait le mérite d'être clair.
Que l'on ne se méprenne pas sur mes intentions, ces combats sont légitimes et en parler est nécessaire. Mais les moyens employés pour les défendre sont, à mon sens, plus que contestables, cherchant à viser en priorité le pathos, l'émotion, au lieu de s'adresser tout simplement à notre intelligence.
Marre de ces infos infantilisantes.
Marre qu'on me prenne pour un con.
Marre qu'on prenne les Français pour des cons.
Et aprés, ils s'étonnent d'avoir le Pen au second tour...
Parceque si on fait le compte, ça nous fait, au maximum, 365/2, allez disons, 190 femmes qui meurent chaque année sous les coups de leurs compagnons. C'est dramatique, tragique pour ces personnes, je suis le premier à le dire. Mais cela ne fait que 200 mortes pour une population féminine d'à peu près 30 millions de personnes, soit un pourcentage de 0.0006% par an. Si l'on prend le chiffre de 2004, nous avons 35 000 faits de violence, auquel on ajoute les 50 000 tentatives de viol, soit un total de 100 000, en arrondissant à la hausse. Mais, même avec 100 000, cela ne touche que 0,3% des foyers français (sur un total de 29 millions).
C'est excessif, j'en conviens aisément. Mais il n'y a pas encore péril en la demeure, que je sache. Que cela devienne une "cause nationale pour 2008" (je me demande bien en quoi je vais pouvoir contribuer, moi qui n'ai pas pour habitude de prendre les filles pour un punching-ball) me paraît légèrement surestimé.
Au fait, pourquoi ces mêmes médias ne nous donnent-ils pas le chiffre d'une centaine de mortes par an? Peut-être parceque ce chiffre ne frappe pas assez l'imaginaire et que nous risquerions de penser qu'une centaine de mortes est dramatique, mais ne justifie aucunement un "appel", ou une "mobilisation" de toutes les "consciences". Et je n'oserai pas insinuer que la ministre déléguée à la Parité n'avait pas de projet plus urgent que cette grande "cause nationale", et qu'elle ne sait comment justifier son salaire, que j'espère pour elle, important.
D'autant que, comme l'affirme l'article du Fig, le nombre en croissance de violence envers les femmes n'est pas forcèment du à l'augmentation de sentiments primaires issus des âges les plus reculés chez les mâles, mais bien à la hausse des dépôts de plainte de ces filles d'Eve, ce qui, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dis, est une bonne nouvelle.
D'ailleurs, à l'occasion, il serait intéressant de voir la proportion de violences dues à une certaine logique de l'honneur, encore en vigueur, dans des familles d'origine immigrée, dont nous avons un exemple ici. On pourrait viser ce type de populations, mais vous comprenez, ça serait du racisme, que de cibler des campagnes sur certaines catégories de populations, comme n'hésite pas à l'affirmer notre bien-aimée Ligue contre le Racisme, dans ce cas exemplaire. Il vaut mieux qu'on laisse les enfants se tuer plutôt de faire des campagnes ciblées.
Evidemment, on comprend l'idée sous-jacente. Pour sensibiliser au problème, quelqu'il soit, ça peut être les huitres, le racisme, les mines anti-personnelles, la faim dans le monde, les permis de conduire, les accidents, en gros, ce que vous voulez, il est nécessaire pour faire percevoir à nos faibles cerveaux la dure réalité de la vie, de prendre un montant global et de l'étaler sur l'année pour obtenir un chiffre du genre: toutes les quatre secondes, un enfant meurt de la faim dans le monde. N'hésitez surtout pas à accoler votre savant calcul des termes tels que "effrayant", "terrifiant","dramatique" et d'utiliser le même registre lexical jusqu'à satiété.
Ca frappe, c'est efficace, vous avez déjà le compte à rebours en chiffres rouges dans la tête, vous le voyez égréner ces fatidiques secondes avant de visualiser, impuissant, la malheureuse victime succomber atrocement, au choix:
- de la faim
- des coups de son compagnon
- des blessures faites par les mines
- ........ (remplissez par la mention souhaitée et rayez l'inutile)
Ou comment culpabiliser à moindre frais, en oubliant de signaler que si les enfants meurent de la faim en Afrique, c'est généralement parcequ'ils ont la malchance de vivre dans des zones en proie à des guerres civiles sanglantes. Que les mines anti-personnelles ne sont rien face au nombre de morts dues aux machettes, et autres instruments, dont on limite généralement l'usage à sa cuisine. Tout est bon pour faire signer le chèque, surtout faire pleurer dans les chaumières, alors qu'au sens strict, ce chèque ne pourra jamais améliorer la situation de ce gamin, seules des pressions politiques le pourraient.
Au passage, c'est rassurant pour notre intelligence, de suggérer que l'on n'est pas capable de suivre et qu'il faut nous mâcher le travail par des chiffres qui frappent. C'est valorisant pour les téléspectateurs ou les lecteurs que nous sommes. La devise des publicitaires dans les Inconnus n'était elle pas "ne jamais prendre les gens pour des cons, mais ne pas oublier qu'ils le sont"? A voir ces statistiques balancées sans autre précautions, c'est un peu le sentiment qu'on en retire. On nous prend vraiment pour des abrutis.
A force de nous balancer des chiffres dans la figure, qui ne veulent strictement rien dire, se rendent ils compte que cela est complétement contre-productif, du fait du tempérament bien gaulois à faire exactement le contraire de ce qu'on attend de lui? Se rendent-ils compte que lorsque que l'on met les choses à plat, nous sommes excedés par cette présentation partisane, qui n'a pour but que de nous culpabiliser, et qu'ils obtiennent exactement l'effet inverse de celui recherché, tout cela à cause d'une présentation biaisée?
On pourrait faire le même constat avec les 5 500 milliards d'euros qui représentent le coût de l'effet de serre, chiffre qui ne représente rien, tant il est vrai que l'on a aucune idée des évolutions futures du climat, aucune idée de notre future adaptation (on fera comme nos ancêtres et les néerlandais, tout bêtement), aucune idée des coûts (comment évalue-t-on les dégâts d'ici cent ans?). Le constat pourrait être le même dans tous les domaines. C'était Yann Arthus Bertrand, sur le plateau d'Arret Sur Images, qui n'hésitait pas à dire qu'il fallait utiliser des méthodes fallacieuses, si l'objectif était sain. Au moins, il avait le mérite d'être clair.
Que l'on ne se méprenne pas sur mes intentions, ces combats sont légitimes et en parler est nécessaire. Mais les moyens employés pour les défendre sont, à mon sens, plus que contestables, cherchant à viser en priorité le pathos, l'émotion, au lieu de s'adresser tout simplement à notre intelligence.
Marre de ces infos infantilisantes.
Marre qu'on me prenne pour un con.
Marre qu'on prenne les Français pour des cons.
Et aprés, ils s'étonnent d'avoir le Pen au second tour...