La duplicité d'Henri Tincq à l'oeuvre:

Publié le 16 Août 2006


Comment travestir les propos du pape? Demandez à Henri Tincq, il est expert à ce petit jeu-là.

Comme déjà le dénoncaient les bouquins de Péan et Cohen ("La face cachée du Monde"), ou même le livre de Michel Legris ("Le Monde tel qu'il est"), certains articles du quotidien du soir sont des petits bijoux de désinformation.

Le dernier exemple en date est  sur l'interview qu'a donné le Saint Père à des quotidiens allemands. Or dans cet article, Henri Tincq écrit:

Par exemple, à propos du sida, de la contraception ou de l'explosion démographique - des sujets dont l'opinion ne retient que le désaveu par Jean Paul II du préservatif -, le successeur du pape polonais explique : "Si l'on enseigne seulement la façon de construire et d'utiliser des techniques - par exemple le mode d'emploi des contraceptifs -, alors il ne faut pas s'étonner si l'on se retrouve avec des guerres ou des épidémies de sida. Il faut, dans le même temps, former les cœurs, c'est-à-dire permettre à l'homme d'acquérir des repères, et lui apprendre à employer correctement les techniques."


A la lecture de ce paragraphe, n'importe quel lecteur de langue française comprend que lorsque le pape fait référence aux termes "techniques" en toute fin de paragraphe, il évoque la contraception dont il semble prôner l'apprentissage, ce qui est rigoureusement contraire à la morale catholique.

En relisant l'interview un peu plus longuement, on s'aperçoit que le passage a été singulièrement réduit (c'est moi qui grasse) :


"Justement, c'est le problème: est-ce que nous insistons vraiment tant que cela sur la morale? Moi je dirais - et j'en suis toujours plus convaincu après mes entretiens avec les évêques africains - que la question fondamentale, si nous voulons faire des pas en avant dans ce domaine, c'est l'éducation, la formation. Le progrès ne peut être authentique que s'il rend service à la personne humaine et si la personne humaine elle-même grandit, non seulement au niveau de son potentiel technique, mais aussi de ses capacités morales. Et je crois que le vrai problème dans la conjoncture historique actuelle c'est le déséquilibre entre la croissance incroyablement rapide de notre potentiel technique et celui de nos capacités morales, qui n'ont pas grandi de manière proportionnelle. C'est pourquoi la vraie recette c'est la formation de la personne humaine, c'est, selon moi, la clef de tout, et c'est aussi notre option. Et cette formation - pour être bref - a deux dimensions : tout d'abord naturellement nous devons apprendre, acquérir des connaissances, des compétences, know how comme ont dit. L'Europe, et au cours des dernières décennies l'Amérique, ont fait beaucoup dans cette direction, et c'est très important. Mais si on se limite à propager uniquement le know how, si on enseigne seulement la façon de construire et d'utiliser les machines, et le mode d'emploi des contraceptifs, alors il ne faut pas s'étonner si on finit par se retrouver avec des guerres et des épidémies de SIDA.

Nous avons besoin de deux dimensions: il faut dans le même temps la formation des coeurs - si je peux m'exprimer ainsi - qui permet à la personne humaine d'acquérir des repères et d'apprendre aussi à employer correctement sa technique. Voilà ce que nous essayons de faire. Dans toute l'Afrique et aussi dans de nombreux pays d'Asie, nous avons un vaste réseau d'école à tous les degrés, où on peut avant tout apprendre, acquérir de vraies connaissances, des compétences professionnelles, et donc obtenir l'autonomie et la liberté. Mais dans ces écoles nous cherchons justement non seulement à communiquer du know-how, mais à former des personnes humaines, qui aient envie de se réconcilier, qui sachent qu'il faut construire et non détruire, et qui aient les repères nécessaires pour savoir vivre ensemble.

Les évêques ont institué avec les musulmans des comités communs pour voir comment on peut créer la paix dans les situations de conflit. Et ce réseau d'écoles, d'étude et de formation humaine, qui est très important, est complété par un réseau d'hôpitaux et de centres d'assistance qui rejoint de façon capillaire les villages les plus reculés. Et en de nombreux endroits, malgré les destructions de la guerre, l'Eglise est la seule force qui soit restée intacte. Voilà la réalité! Et là où on soigne, où on soigne aussi le SIDA, on offre aussi une éducation, qui aide à nouer de justes rapports avec les autres. C'est pourquoi je crois qu'il faudrait corriger l'image selon laquelle nous ne faisons que semer autour de nous des « non » catégoriques. En Afrique, justement, on travaille beaucoup, afin que les diverses dimensions de la formation puissent s'intégrer et afin qu'il soit possible de surmonter la violence et les épidémies aussi, parmi lesquelles il faut citer également le paludisme et la tuberculose".

On peut voir qu'il n'est nullement question de technique contraceptive dans les propos du St Père, ce qu'Henri Tincq ne suggère pas dans son article.

Enfin à propos du Sida, il faut signaler également qu'à l'ouverture de la conférence internationale sur cette pandémie à Toronto, Bill Gates a été sifflé et hué parce qu'il évoquait la diminution significative de la maladie en Ouganda grâce au tryptique Abstinence, Fidélité et Préservatifs (ceux-ci n'étant utilisés qu'en dernier ressort). En affirmant que cette méthode (défendue par l'administration Bush) devait être suivie, il s'est attiré les foudres de l'assemblée, majoritairement acquise à l'idéologie du tout préservatif.

Cette assemblée n'a manifestement toujours pas compris que pour vaincre cette maladie, ce sont les mentalités et habitudes sexuelles qu'il faut changer.

Mais qui dit habitudes sexuelles à changer, dit également "retour de l'ordre moral", qui comme chacun sait, est l'abomination de la désolation (surtout dans des pays africains touchés par le sida), comme si il n'y avait rien de plus grave que l'abstinence sexuelle et la fidélité.

Merci au Salon Beige.

Rédigé par Polydamas

Publié dans #Médias

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A
le problème, l'ami, c'est que les comportements sexuels de certains hommes sont forgés par des années d'oppression de la femme, qui sont souvent (de la part des mêmes hommes bien sur) "excusés" ou "justifiés" par la religion...(enfin, par l'idée que ces hommes s'en font plutôt)Par exemple, l'Islam excuse beaucoup plus d'adultère de l'homme, que celui de la femme, puni parfois de mort !!!Dans une certaine mesure, dans nos cultures judéo-chrétiennes....il est considéré "normal" ou "sain" pour un homme d'aller voir ailleurs....Malheureusement, surtout en Afrique, les chiffres sont là : les première victimes du SIDA sont avant tout les femmes, contaminées par des maris infidèles....ou des violeurs...Prôner l'abstinence dans un pays où le ne peut même pas comprendre ce mot est difficile....toi, tu n'as pas été elevé dans un environnement où la femme est un bout de viande...Il est vrai que la politique de préservatif à 100% ne fera que camoufler le vrai problème...Mais je crains que la misère, la pauvreté....etc.. engendrent le manque de perspective...qui engendre l'intégrisme religieux...qui engendre une violence comportementale, notamment sexuel, qui se traduit par une propagation du sida..Alors commencer par les médicaments et les préservatifs à grande echelle, ca serait deja pas mal...Ensuite pour changer les mentalités....il n'y a que les pays intéressés qui peuvent s'engager sur cette voie...ce n'est surement pas à l'occident le faire..
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P
"Dans une certaine mesure, dans nos cultures judéo-chrétiennes....il est considéré normal" ou "sain" pour un homme d'aller voir ailleurs...." Si tu avais le moindre doute, je préfère te rassurer tout de suite: pour ma part, c'est tout aussi grave pour l'un que pour l'autre. "Prôner l'abstinence dans un pays où le ne peut même pas comprendre ce mot est difficile" Je ne connais pas l'Arique. Cependant il semble que dans certains pays, ce soit possible, comme l'Ouganda, par exemple, où la première dame du pays n'a pas hésité à dire à 2000 jeunes: "vous n'avez pas besoin de sexe à votre âge. Attendez jusqu'à ce que vous soyez mariés. Vous pouvez choisir de combattre le SIDA en disant non et de pouvoir rester vivant."Et puis, on assiste là-bas à un recul du Sida, du à ces méthodes. Ce que je condamne est le fait que les partisans du tout-préservatif ne veulent pas entendre parler de fidélité et d'abstinence. C'est ça qui m'énerve plus qu'autre chose. On préfère camoufler les bons résultats d'une politique sous prétexte que ça ne serait pas adapté à la situation locale. Et si l'Occident fournit des médicaments, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait  pas indiquer quels sont les meilleurs comportements en matières sexuelle.On leur donne bien des recommandations sur les homo, et bien d'autres sujets. Je ne vois pas pourquoi celui-ci échapperait à la règle.