L'affaire brésilienne
Publié le 10 Mars 2009
Evidemment, encore une fois, les amalgames vont bon train. Pour la faire courte, une petite fille violée est excommuniée, et de l'autre, on enlève l'excommunication d'un négationniste. Je comprends que ça choque. Sauf que la réalité, comme toujours avec l'Eglise, est plus complexe. D'abord, il faut retenir que la petite fille n'est pas excommuniée. Car que nous dit le droit Canon au sujet de l'IVG ?
La chose suivante:
OK, à vue de nez, on pourrait croire que la petite fille est excommuniée également. C'est méconnaitre les règles catholiques, car pour encourir une excommunication latae sententiae, il faut des conditions qui sont décrites ici:
Can. 1323 - N'est punissable d'aucune peine la personne qui, lorsqu'elle a violé une loi ou un précepte:
1 n'avait pas encore seize ans accomplis;
2 ignorait, sans faute de sa part, qu'elle violait une loi ou un précepte;quant à l'inadvertance et l'erreur, elles sont équiparées à l'ignorance;
3 a agi sous la contrainte d'une violence physique ou à la suite d'une circonstance fortuite qu'elle n'a pas pu prévoir, ou bien, si elle l'a prévue, à laquelle elle n'a pas pu s'opposer;
4 a agi forcée par une crainte grave, même si elle ne l'était que relativement, ou bien poussée par la nécessité, ou pour éviter un grave inconvénient, à moins cependant que l'acte ne soit intrinsèquement mauvais ou qu'il ne porte préjudice aux âmes;
(...)
Il est évident que la petite fille n'a eu aucunement le choix, et qu'elle n'a pas la maturité pour prendre une telle décision. Elle n'est aucunement responsable de cet avortement, et
n'est donc pas excommuniée. Soyons clairs, les raccourcis journalistiques n'ont aucun sens.
Par contre, effectivement, la mère de la petite, qui l'a poussée à avorter, elle, est bien excommuniée. C'est d'ailleurs ce qui parait nouveau dans cette affaire, toute personne catholique
(évidemment, l'excommunication ne touche que des gens qui se revendiquent comme catholiques) faisant pression pour des IVG sur qui que ce soit, encoure l'excommunication automatique. Pareil pour
l'équipe médicale, mais si ce n'est pas la première fois, ce n'est aucunement une nouvelle pour eux. Si la gravité de la peine est plus importante que pour un violeur, c'est parce que, concernant
les avortements, il y a une vie qui disparait, dans un cas, et que dans le cas du viol, la vie de la victime est certainement détruite, mais ne disparait pas pour autant. C'est toute la
différence.
Cela dit, cela n'absout pas pour autant le violeur. Faut-il rappeler les simples propos du Christ, qui me semblent parfaitement clairs:
Et pourtant, on sait que le Christ a rarement tenu des propos vindicatifs durant son évangélisation. Rappelons que le viol, s'il n'encoure effectivement pas la peine de l'excommunication, est tout de même une faute importante qui nécessite un repentir fervent, et une pénitence proportionnée, donnée par un prêtre, pour être lavée. Et ce n'est qu'après cette procédure qu'un ancien violeur pourra accéder à la table de communion, les choses sont tout de même un peu plus compliquées que "excommunication = pas de communion ; pas d'excommunication = communion".
PS: Comme je l'avais supposé ailleurs, il semble que le canon 1324 puisse s'appliquer en ce cas-là, canon qui exonère de la peine d'excommunication, sous certaines conditions.