Encore du Cyrano....
Publié le 30 Mai 2006
Un des plus beaux dialogues de la pièce, juste aprés la tirade du nez:
LE VICOMTE
(suffoque)
Ces grands airs arrogants!
Un hobereau qui. . .qui. . .n'a meme pas de gants!
Et qui sort sans rubans, sans bouffettes, sans ganses!
CYRANO
Moi, c'est moralement que j'ai mes elegances.
Je ne m'attife pas ainsi qu'un freluquet,
Mais je suis plus soigne si je suis moins coquet;
Je ne sortirais pas avec, par negligence,
Un affront pas tres bien lave, la conscience
Jaune encor de sommeil dans le coin de son oeil,
Un honneur chiffonne, des scrupules en deuil.
Mais je marche sans rien sur moi qui ne reluise,
Empanache d'independance et de franchise;
Ce n'est pas une taille avantageuse, c'est
Mon ame que je cambre ainsi qu'en un corset,
Et tout couvert d'exploits qu'en rubans je m'attache,
Retroussant mon esprit ainsi qu'une moustache,
Je fais, en traversant les groupes et les ronds,
Sonner les verites comme des eperons.
LE VICOMTE
Mais, monsieur. . .
CYRANO
Je n'ai pas de gants?. . .la belle affaire!
Il m'en restait un seul. . .d'une tres vieille paire!
--Lequel m'etait d'ailleurs encor fort importun
Je l'ai laisse dans la figure de quelqu'un.
LE VICOMTE
Maraud, faquin, butor de pied plat ridicule!
CYRANO
(otant son chapeau et saluant comme si le vicomte venait de se
presenter)
Ah?. . .Et moi, Cyrano-Savinien-Hercule
De Bergerac.
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, 1897
LE VICOMTE
(suffoque)
Ces grands airs arrogants!
Un hobereau qui. . .qui. . .n'a meme pas de gants!
Et qui sort sans rubans, sans bouffettes, sans ganses!
CYRANO
Moi, c'est moralement que j'ai mes elegances.
Je ne m'attife pas ainsi qu'un freluquet,
Mais je suis plus soigne si je suis moins coquet;
Je ne sortirais pas avec, par negligence,
Un affront pas tres bien lave, la conscience
Jaune encor de sommeil dans le coin de son oeil,
Un honneur chiffonne, des scrupules en deuil.
Mais je marche sans rien sur moi qui ne reluise,
Empanache d'independance et de franchise;
Ce n'est pas une taille avantageuse, c'est
Mon ame que je cambre ainsi qu'en un corset,
Et tout couvert d'exploits qu'en rubans je m'attache,
Retroussant mon esprit ainsi qu'une moustache,
Je fais, en traversant les groupes et les ronds,
Sonner les verites comme des eperons.
LE VICOMTE
Mais, monsieur. . .
CYRANO
Je n'ai pas de gants?. . .la belle affaire!
Il m'en restait un seul. . .d'une tres vieille paire!
--Lequel m'etait d'ailleurs encor fort importun
Je l'ai laisse dans la figure de quelqu'un.
LE VICOMTE
Maraud, faquin, butor de pied plat ridicule!
CYRANO
(otant son chapeau et saluant comme si le vicomte venait de se
presenter)
Ah?. . .Et moi, Cyrano-Savinien-Hercule
De Bergerac.
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, 1897