Je me marre

Publié le 13 Octobre 2008

Du fait de ceci:

Luc Besson a débarqué il y a quelques jours avec ses troupes à la plaine Saint-Denis, à Paris, pour le tournage de From Paris with love. Plusieurs scènes du film devaient normalement être tournées dans le quartier des Bosquets, avec John Travolta. Luc Besson avait décidé d'engager les habitants du quartier comme figurants.

"Hausse du cachet" demandée
Vendredi, les choses commençaient à chauffer entre les habitants et Besson. Le tournage au budget colossal attirait la convoitise. Des jeunes particulièrement remontés entendaient négocier avec la star française pour lui demander "une hausse du cachet, l'embauche de davantage d'habitants et un coup de pouce du célèbre producteur pour la création d'une structure pour les jeunes".

L'un des anciens du quartier interrogés par le quotidien Le Parisien déclarait même: "Tant qu'ils n'auront pas notre accord sur le salaire et les gens embauchés, ils ne pourront pas tourner".

Dix voitures incendiées
Et c'est effectivement ce qu'il se passe... Europacrop a annoncé le report du tournage mais il semblerait en fait que le tournage soit bel et bien annulé dans le quartier de la plaine Saint Denis. Le Parisien faisait état dans la journée d'une dizaine de voitures appartenant à la production incendiées. Europacrop, la société de production de Luc Besson, ne s'est pas encore exprimé sur la question mais les jeunes de la cité.


Pour rappel, Luc Besson, c'est le cinéaste des banlieues défavorisées, sur lequel le Monde n'hésitait pas à pontifier:



Luc Besson : "La banlieue est un trésor"


(...)

Depuis deux ans, il a visité des dizaines de cités difficiles, rencontrant des associations, des élus et un grand nombre de jeunes. "Je suis choqué de la façon dont on traite les habitants de ces quartiers. On les met vraiment dans des situations intolérables. Ils habitent dans des quartiers d'une insalubrité incroyable, on leur donne pas de boulot, puis une fois sur deux on leur met pas de bus et pas de métro - comme ça il y a pas de problème !", ironise-t-il.

A contre-courant des discours habituels, il dit ressentir beaucoup de "bonheur" chaque fois qu'il rencontre les habitants. "Ils ont de la dignité, beaucoup de dignité. C'est ça qui empêche le pays d'exploser parce que, sinon, on leur a tout donné : la poudre, la mèche et le briquet !" Le libéral, pas vraiment réputé pour sa tendresse dans les affaires, en vient à développer un discours quasi marxiste sur l'origine de la crise. "Les habitants sont les victimes de cette économie de marché qui fait que, comme ça ne rapporte pas nécessairement d'argent, on ne s'en occupe pas."

(...)

Déçu par les hommes politiques qui "annoncent des plans banlieue tous les six mois, pour lesquels ils enlèvent ensuite la moitié de l'argent", il a choisi de conduire ses propres actions à travers l'association qui porte son nom. Sans publicité, ou presque. Un festival gratuit, d'abord, avec une idée simple : amener le cinéma dans des quartiers où les activités culturelles sont, le plus souvent, inexistantes. Au printemps 2007, Luc Besson organise la projection, à Saint-Denis, La Courneuve, Sarcelles ou Clichy-sous-Bois, en avant-première mondiale, des films présentés au même moment au Festival de Cannes.

Face au succès populaire - plusieurs dizaines de milliers de spectateurs - il étend l'opération en 2008 en accompagnant les films de concerts avec des stars du rap et une flopée d'artistes locaux. Le tout, sans incident, sans présence policière, dans des quartiers difficiles, comme la Grande-Borne, à Grigny, la cité des "3 000" à Aulnay-sous-Bois ou Les Courtillières à Pantin. "C'était un vrai succès. Il ne s'est pas moqué des habitants en apportant un écran immense, en prenant tout à sa charge", raconte Gérard Ségura, maire (PS) d'Aulnay-sous-Bois. "On a eu une belle fête. Qui d'autre a lancé des initiatives équivalentes ?", interroge un responsable associatif de Grigny.

(...)

A rebours de l'image déplorable des banlieues, l'auteur du Grand Bleu considère qu'elles constituent des lieux de création hors du commun. Bien plus remuants, à ses yeux, que les repaires de la culture officielle "très "microcosme" mais pas très créatifs, l'inverse de ce qu'on voit en banlieue". Comme d'autres, il a observé que la culture du "ghetto" domine les cours de récréation et fait la mode musicale et vestimentaire parmi les jeunes. "En banlieue, c'est vivant, ils ont des idées. Ils ont envie de manger la vie, envie d'y arriver, envie de créer. Ils veulent bouger les lignes", s'enthousiasme le citoyen Besson.

Une créativité que l'homme d'affaires Besson compte bien capter à la source. En mai, le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) a attribué à EuropaCorp un des treize canaux de la télévision mobile personnelle (TMP) qui diffusera des programmes sur les téléphones à partir de 2009. L'entreprise de cinéma se propose de repérer et de diffuser les "nouveaux talents" de la "culture urbaine". Dans la ruée vers l'or des banlieues, qui finira bien par démarrer un jour, Luc Besson est en première ligne : "Le jour où la France aura compris que son vrai trésor est là. Son trésor pour l'avenir..."

Il est beau l'avenir, et le trésor de la France...


Rédigé par Polydamas

Publié dans #Société

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H
S'il y a bien des gens qui font bouger les lignes pour reprendre l'expression ô combien crétine de ce cher Bulle Caisson, ce ne sont pas les soi-disant artistes de rue et autres charlatans du même acabit. Il y a pas mal de jeunes et moins jeunes, sans histoire, qui entreprennent. Ceux-la travaillent, ne ménagent pas leur peine, oeuvrent dans le commerce, la sous-traitance, les technologies de pointe. 70% de ces entreprises ont une démarche non pas intégrationnsite mais assimilationniste. Qui en parle ?
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R
Après que Luc Besson s'est laissé tordre le bras par les gangsters locaux, et a promis des salaires plus que confortables à une tétrachiée de gens uniquement payés pour ne pas voler le matériel et agresser l'équipe, ses voitures ont brûlé. Les gangsters ont dit: il a manqué de "respect" aux "jeunes".Mais le plus fort, ce sont les déclarations du maire -- UMP! -- de Montfermeil, qui a rejeté la faute sur Luc Besson après sa décision de se retirer, qui l'a accusé de ne pas tenir ses engagements, qui a affirmé que quelques voitures brûlées en banlieue, c'était bien normal et qu'il fallait s'y attendre, etc.Donc non seulement il faut allonger le pognon quand les Chances pour la France l'exigent, mais en plus, quand elles brûlent dix de vos voitures, on dit merci, on reste pour s'en faire brûler vingt autres et on allonge encore plus de fric.Il y a bien un moment où les Français vont s'apercevoir de l'arnaque.
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C
La Jeanne d'Arc de Luc Besson vous est restée sur le coeur, avouez-le.
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P
<br /> Pas faux... :-)<br /> <br /> <br />
P
La théorie à l'épreuve des faits, une fois de plus...
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L
Le plus drôle, ou le plus triste, c'est qu'évidemment tout cela ne le fera pas changer de discours, bien au contraire. les discours lénifiants sur la "banlieue" n'ont jamais été aussi florissants que depuis les émeutes ...
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