Les médias par Léon Bloy
Publié le 4 Septembre 2007
Le desespéré de Léon Bloy, s'attaquant à des journalistes et à des écrivains de renom. A constater la prédominance des cercles germano-pratins, et la suffisance des médias de masse, on n'en retirerait aujourd'hui pas une seule ligne...
Vous avez prostitué le Verbe, en exaltant l'égoïsme le plus fangeux. Eh bien ! c'est l'épouvantable muflerie moderne, déchaînée par vous, qui vous jettera par terre et qui
prendra la place de vos derrières notés d'infamie, pour régner sur une société à jamais déchue. Alors, par une dérision inouïe, capable de précipiter la fin des temps, vous serez, à votre tour,
les représentants faméliques de la Parole universellement conspuée. Je vois, en vous, les Malfilâtres sans fraîcheur et les minables Gilberts du plus prochain avenir. Jamais on n'aura vu un
déshonneur si prodigieux de l'esprit humain. Ce sera votre châtiment réservé, d'apprendre, à vos dépens, par cette ironie monstrueuse, les infernales douleurs des amoureux de la Vérité, que
votre justice de réprouvés condamne à se désespérer tout nus, comme la Vérité même.
Mon plus beau rêve, désormais, c'est que vous apparaissiez manifestement abominables, car vous ne pouvez pas, en conscience, l'être davantage. Au nom des lettres qui vous
renient avec horreur, vous vivez exclusivement de mensonge, de pillage, de bassesse et de lâcheté. Vous dévorez l'innocence des faibles et vous vous rafraîchissez en léchant les pieds putrides
des forts. Il n'y a pas, en vous tous, de quoi fréter un esclave assez généreux pour ne vouloir endurer que sa part congrue d'avilissement, et disposé à regimber sous une courroie trop
flétrissante. J'espère donc vous voir, dans peu, sans aucun argent et tondus jusqu'à la chair vive, puisqu'il n'existe pas d'autre expiation pour des âmes de pourceaux telles que sont les
vôtres.