Ne nous trompons par sur Allende...

Publié le 16 Décembre 2006

Je me permets de citer un billet des Chroniques Patagones, sur le régime de Pinochet.

Ca n'excuse pas les exactions de Pinochet, mais il me semble que c'est trés nettement un élément d'explication. On ne peut pas dire, à lire tout ce que le parlement chilien reproche à Allende, que c'était un régime démocratique...

Ca fait peut-être partie de la vulgate anti-politiquement correcte, reste que cela vient du parlement chilien. On comprend donc l'exaspération qui du être la leur, aprés avoir vu toutes les initiatives réduites à l'échec par Allende.

"Le drame était que le pouvoir législatif, majoritairement hostile au gouvernement Allende dès 1972, était systématiquement bafoué par l'exécutif. Par exemple, chaque fois qu'un de ses ministres était renversé par une motion de censure, Allende le gardait dans son gouvernement, mais avec un autre portefeuille. Finalement, après la Cour Suprême - qui, le 26 mai 1973, avait adressé une énième protestation contre les violations sans cesse répétées par l'exécutif des décisions de justice des tribunaux (Allende y répondra en déclarant qu'en période de révolution, c'était au pouvoir politique de décider de l'opportunité de l'application des décisions judiciaires) -, le parlement, le 23 août 1973, dans une résolution, approuvée à 81 voix contre 47, après le rappel des innombrables violations constitutionnelles et légales du gouvernement Allende, demande aux autorités et aux forces armées et de police de mettre fin immédiatement aux situations de fait dont ils étaient fait mention :

- le gouvernement d'Allende a gouverné par décret dans des domaines qui étaient de la compétence exclusive du parlement ;

- le gouvernement d'Allende à bafoué les prérogatives du parlement en refusant de se soumettre à son contrôle et en ignorant les motions de censure contre plusieurs de ses ministres ;

- le gouvernement d'Allende a empêché la promulgation de lois votées par le parlement ;

- le gouvernement d'Allende a harcelé la magistrature pour qu'elle se plie à sa politique, en violation de la séparation des pouvoirs et a couvert des attaques perpétrées contre des membres de la magistrature ;

- le gouvernement d'Allende a paralysé l'action du Ministère public contre des criminels activistes proches du gouvernement ;

- le gouvernement d'Allende a violé toutes les lois consacrant le principe de séparation des pouvoirs en empêchant l'application des condamnations prononcées par la justice contre des criminels activistes proches du gouvernement ;

- le gouvernement d'Allende a systématiquement violé les décisions du Contrôleur général de la République, la plus haute juridiction administrative ;

- le gouvernement d'Allende a systématiquement violé le principe d'égalité devant la loi en refusant la protection de la loi aux personnes qui n'étaient pas de son bord ;

- le gouvernement d'Allende a attenté contre la liberté d'expression (pressions économiques, fermeture illégale, emprisonnement de journalistes, appropriation partisane et violation de la prérogative du Sénat dans la nomination de la direction de la télévision publique, etc.) ;

- le gouvernement d'Allende a violé l'autonomie des universités et leur droit à disposer de canal de télévision, notamment en couvrant la prise de possession illégale et violente de ces chaînes par ses partisans ;

- le gouvernement d'Allende a attenté, par la violence, contre le droit de réunion pacifique d'opposants à son régime alors même qu'il tolérait les réunions en armes de ses partisans et les attaques de ces derniers contre l'opposition ;

- le gouvernement d'Allende a attenté contre la liberté d'enseignement en voulant, illégalement, par décret, imposer un plan éducatif marxiste ;

- le gouvernement d'Allende a violé le droit constitutionnel de propriété en couvrant plus de 1.500 occupations illégales de propriétés et en promouvant la prise de possession illégales de centaines d'entreprises et de commerces pour les réquisitionner ensuite, spoliant ainsi les propriétaires légitime au profit du gouvernement ;

- le gouvernement d'Allende a eu recours d'innombrables fois aux arrestations illégales et a autorisé que les personnes soient soumises à la torture ;

- le gouvernement d'Allende a violé les droits de nombreux syndicats et à fait usage de la violente contre eux ;

- le gouvernement d'Allende a violé la garantie constitutionnelle qui autorise les Chiliens à sortir du pays en exigeant d'eux des conditions non requises par la loi ;

- le gouvernement d'Allende a violé la constitution (article 10 n°16) en créant ou en autorisant nombre d'organismes séditieux (Commandos communaux, Comités de surveillance, etc.) et en leur reconnaissant une autorité illégale en contradiction avec les autorités et les organismes constitutionnels ;

- le gouvernement d'Allende a brisé le cadre de l'État de droit en formant et en développement des groupes paramilitaires et en tentant d'employer les forces armées et de polices à des fins partisanes

Il s'agissait donc bien d'un régime marxiste, qui n'aurait peut-être pas pu être renversé autrement qu'avec un coup d'état.

J'ai bien dit "peut-être".

Des fois que vous me preniez pour un amateur des coups d'état musclés.


 

Rédigé par Polydamas

Publié dans #Histoire

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D
Ce qui me gêne dans tout ce que l'on dit sur Pinochet et  Allende c'est le présupposé qu'Allende était forcément un type bien. J'en doute, ce qui ne m'empêche pas d'avoir vraiment peu de sympathie pour Pinochet mais au moins lui s'est incliné devant le verdict des urnes. Castro en ferait-il autant? Je suis sûr que lorsque Castro aura disparu on dira en France qu'il était bien. Il y a les bons dictateurs de gauche et les méchants dictateurs de droite. Il faut voir le tollé que le post d'Adam Kesher a suscité hier (adamkesher.canalblog.com) tout simplement parce qu'il laissait entendre que tout n'était pas forcément négatif dans les résultats économiques de Pinochet. Et pourtant Adam Kesher n'a pas la réputation d'être particulièrement à droite!
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P
Tiens j'ai pas vu son billet, je vais me mêler à la discussion, ça va animer mon blog !
A
"Et puis, le libéralisme, pour ma part, ce n'est pas l'ultra-capitalisme."pour moi  non plus....c'est pour cette raison que je ne m'avance pas trop sur son bilan positif...D'ailleurs, je considère que dans toutes nos sociétés capitalistes, il n'y en a que très peu qui sont libérales...mêmes les USA ou l'angleterre, ce n'est pas si libéral...
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A
et oui mais encore une fois....emmanuel a raison, c'est la suite le problème....allende avait beau avoir tous les defauts du monde...il n'a pas franchi la ligne rouge : le meurtre de masse...a ce propos, un article intéressant dans Marianne, sur le supposé merveilleux bilan économique de Pinochet, notamment sur l'augmentation flagrante de la pauvreté et l'etat pitoyable de l'éducation....comme quoi, il est possible également de le critiquer sur ce point......tout n'était pas parfait...Allende/pinochet, c'est un combat idéologique avant tout...si l'on occulte les tueries de pinochet et que l'on considère le bilan économique pur, j'avoue que je ne pourrais pas choisir : un communiste contre un ultra-capitaliste (et non un libéral comme on le prétend), ce sont deux extrêmes qui se rejoignent pour moi ! :)
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P
Je sais que le bilan de Pinochet est plutôt bénéfique à partir des années 80, quand il laisse la main aux Chicago Boys. Auparavant, ça n'était guère brillant, j'en suis conscient.Et puis, le libéralisme, pour ma part, ce n'est pas l'ultra-capitalisme... Reste qu'aujourd'hui si les Chiliens ne sont plus à plaindre, c'est grâce à (ou à cause de) Pinochet. Pas sur qu'une dictature marxiste aurait eu le même résultat.
E
Ils ont donc vraiment eu ce qu'ils méritaient, ces odieux rouges !Quand comprendras-tu que ce n'est pas le coup d'Etat qui est en cause, mais la suite.
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P
En ce qui te concerne, oui, c'est ce que tu pense. C'et exactement ce que j'ai dis dans les commentaires de mon article précédent.Mais pour les gauchistes, à la limite, le nombre de morts n'est qu'un prétexte, ce qui est vraiment important est que des militaires aient pu empêcher Allende de gouverner.Par ailleurs, sur nombre de blogs j'ai pu lire qu'Allende était un gentil démocrate qui serait nécessairement parti à un moment ou à un autre. C'est cette croyance que je vise et qui me paraît irréaliste, vu tout ce que le parlement reproche à Allende, qui ressemble également comme deux gouttes d'eau à une dictature...