Que leur faut-il de plus ?

Publié le 13 Mai 2009

Le président du conseil de Yad Vashem, le rav Israël Meir Lau, lui-même survivant de la Shoah, a exprimé sa déception après le discours du pape : "il n'y a certainement pas eu d'excuse exprimée ici. Quelque chose manquait. Il n'a mentionné ni les Nazis qui ont participé à la boucherie, ni prononcé un mot de regret."

De son côté, le président de Yad Vashem, Avner Shalev, a estimé que la "retenue" dans la formulation du discours était une "occasion manquée": "Je ne m'attendais pas à une excuse, mais nous attendions d'avantage", a-t-il confié, "ce n'était certainement pas une étape historique."

Le porte-parole de la Knesset, Reuven Rivlin a affirmé après le discours du pape : "Tout ce que nous craignions s'est réalisé. Je ne suis pas venu au mémorial pour entendre des descriptions historiques sur la Shoah. Je suis venu en tant que Juif, en espérant une excuse et une demande de pardon de la part de ceux qui ont causé notre tragédie, et parmi eux les Allemands et l'Eglise.


Pour rappel, le discours du pape fût celui-ci à Yad Vashem:

Les noms inscrits dans ce sanctuaire auront toujours une place sacrée parmi les descendants innombrables d'Abraham. Comme lui, leur foi a été éprouvée. Comme Jacob, ils ont été plongés dans le combat pour discerner les desseins du Très Haut. Que les noms de ces victimes ne périssent jamais! Que leur souffrance ne soit jamais niée, discréditée ou oubliée! Et que toutes les personnes de bonne volonté demeurent attentives à déraciner du cour de l'homme tout ce qui peut conduire à de telles tragédies!...

L'Eglise catholique, professant les enseignements de Jésus et attentive à imiter son amour pour tous les hommes, a une profonde compassion pour les victimes dont il est fait mémoire ici. De même, elle se fait proche de tous ceux qui, aujourd'hui, sont objet de persécution à cause de leur race, de leur couleur, de leur condition de vie ou de leur religion - leurs souffrances sont les siennes, et sienne est leur espérance de justice. En tant qu'Evêque de Rome et Successeur de l'Apôtre Pierre, je réaffirme l'engagement de l'Eglise à prier et à travailler sans cesse pour faire en sorte que cette haine ne règne plus jamais dans le cour des hommes. Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob est le Dieu de la paix...

En regardant les visages qui se reflètent à la surface de la nappe d'eau immobile à l'intérieur de ce mémorial, on ne peut pas ne pas se rappeler que chacun d'eux porte un nom. Je peux seulement imaginer la joyeuse attente de leurs parents alors qu'ils se préparaient avec impatience à accueillir la naissance de leurs enfants. Quel nom donnerons-nous à cet enfant? Qu'adviendra-t-il de lui ou d'elle? Qui pouvait imaginer qu'ils auraient été condamnés à un sort aussi déplorable!

Tandis que nous sommes ici, en silence, leur cri résonne encore dans nos cours. C'est un cri élevé contre tout acte d'injustice et de violence. C'est le reproche continuel du sang innocent versé. C'est le cri d'Abel montant de la terre vers le Très Haut.

D'autant qu'on apprenait, juste avant la visite du pape, que les commentaires sur Pie XII à Yad Vashem, pourraient bientôt être modifiés, des éléments montrant que le pape avait bien ordonné qu'on protège les juifs dans certains monastères et couvents. Ce qui n'est pas vraiment une nouvelle pour ceux qui connaissent le sujet.


PS: Le plus sinistre dans cette histoire, c'est un commentaire que j'ai parcouru se demandant comment il était possible qu'à 14 ans, le pape n'ait pas eu la capacité de refuser son engagement obligatoire dans les mouvements hitlériens, pourquoi il ne s'était pas révolté. J'avoue avoir lu pas mal de bêtises à ce sujet, mais là, on atteint le summum.

Rédigé par Polydamas

Publié dans #Politique

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L
M. Poly, vous n'êtes pas cohérent. C'est vous, et non moi, qui avez soulevé cette question (votre réponse au com. n° 6), dont vous indiquez ensuite qu'elle ne vous intéresse pas (votre réponse au com. n° 8), après que je l'eus moi-même explicitement éludée. Personne ne vous invitait à en discuter. Vous avez invoqué P. Levi, j'ai commenté son témoignage.Ça n'empêche pas que vous ayez raison par ailleurs. Ainsi, puissent nos censeurs être aussi indifférents que vous à la critique de ces statistiques. Il est au moins un évêque anglo-saxon, en délicatesse avec la Saint-Siège, qui s'en féliciterait.
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P
<br /> Vous êtes un pervers... :)<br /> <br /> <br />
L
A Polydamas : des «millions» ? des «exécutés», ou des morts (ce qui n’est pas exactement la même chose) ? L’état de la législation dissuade de discuter ces éléments. On a ici invoqué Primo Levi, qu’on fait volontiers passer pour un Soljénitsine de la «Shoah». Je me suis contenté de constater que le destin du personnage n’atteste pas vraiment l’existence d’un massacre délibéré. 
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P
<br /> Mmouais, j'avoue que c'est typiquement le genre de sujets dont je n'ai aucune envie de discuter et qui ne m'intéresse pas. Qu'il y ait 4,5,6,7 ou 8 millions de morts ne change fondamentalement rien<br /> au problème.<br /> <br /> <br />
P
Ne faites pas celui qui n'a pas compris et ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.  Je ne parle pas des gens DANS les camps, mais de ceux qui y étaient amenés. Les documents photographiques et cinématographiques sont assez nombreux et éloquents pour illustrer ce que j'ai dit.Alors...qui peut juger ce que Ratzinger fût dans une époque où tout opposant se serait irrémédiablement retrouvé dans les camps, précisément.Avant de juger les autres, il est bon de balayer devant sa parte. C'est ça que j'ai dit.
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L
... alors ne les faisons pas parler, ni ne leur faisons dire ce qu'ils ne disent pas.
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P
<br /> Je veux bien qu'on réduise le nombre de morts, mais je ne vois pas comment on peut contester que des millions de juifs ont été executés dans ces camps.<br /> <br /> <br />
L
Le témoignage de Primo Levi, sans conteste émouvant, montre bien les grandes et petites misères mêlées dans le quotidien de ce camp de travail qu’était Monowitz, annexe du grand camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau. Comme beaucoup de ses compagnons d’infortune, P. Levi a connu les rations de famine, le travail épuisant, la maladie (dans son cas la scarlatine). Comme d’autres, il montre bien que l’encadrement était assuré surtout par des internés, les fameux Kapos, alors que les SS étaient plutôt distants. Ce recours au «self-governement» (Rassinier) est au vrai une pratique de tous les bagnes, et a toujours contribué à y rendre la vie de l’interné de base plus pénible. Comme certains, P. Levi a eu la «chance» de pouvoir refaire ses forces à l’infirmerie (deux fois), havre de repos quand elle se trouvait sous l’autorité d’un détenu consciencieux et compétent (car tout était à la base géré par des détenus). Comme certains encore, il a pu s’échapper de la chiourme ordinaire en décrochant une «planque», en l’occurrence dans un laboratoire de chimie, poste qu’il a obtenu grâce à ses compétences d’ingénieur (à Dora, Rassinier devint larbin d’un SS, et Pescadère dessinateur industriel à Ellrich). Il témoigne encore de l’ahurissante pagaïe qui précéda la libération du camp, dans cet espèce de no man’s land temporel séparant l’abandon d’Auschwitz par les Allemands de l’arrivée des Soviétiques qui, dans leur approche, commencèrent par couper l’électricité en détruisant la centrale locale et même bombardèrent le camp. On notera que, dans le texte de l’édition originale de 1947, il ne parle de «la» chambre à gaz (presque toujours au singulier) que par ouï dire (comme beaucoup d’autres mémorialistes, ainsi Margarete Buber-Neumann à propos de Ravensbrück), et seulement huit fois en cent quatre-vingts pages. Relevons aussi que, deux fois blessé ou malade, donc inapte au travail, il a été deux fois soigné, et la deuxième fois se vit même administrer des sulfamides (Simone Veil donne le même témoignage). Geôlier du juif Primo Levi, l’Etat nazi, pour l'avoir traité en esclave, n’avait apparemment pas décidé sa mort.
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P
<br /> En même temps, ceux dont l'Etat nazi avait décidé la mort ne sont plus là pour en parler.... :)<br /> <br /> <br />