La plus forte baisse de l'histoire du Cac 40

Publié le 6 Octobre 2008

Après les records à la hausse, c'est le record à la baisse. Le Cac 40, par rapport à la clôture de vendredi soir, s'est ecroulé de 9,04%. La contamination européenne de la crise, la mise en faillite des banques islandaises, le rachat par BNP Paribas de Fortis, l'annonce d'une possible fusion entre les Banques Populaires et les Caisses d'Epargne, ainsi que l'annonce des plans de sauvetage concernés ont fait chuter l'indice parisien. On assiste à des chutes incroyables. Mittal, par exemple, entreprise au parcous boursier exceptionnel, s'est faite allumer, à tel point qu'elle a perdu aujourd'hui plus de 15%. Elle était il y a peu, la meilleure performance de l'indice depuis le début de l'année. Sa descente aux enfers n'a été ralentie à aucun moment. Il faut voir le graphique sur la semaine +3%, -4%, - 9,3%, + 9,7% et pour finir, -15%, on a connu des périodes moins volatiles.

Et je ne parlerais pas de Dexia, Natixis, Vallourec ou d'Ubisoft qui s'effondrent toutes de plus de 15 %. Si il y en a qui ont du cran, c'est le moment d'investir dans quelques valeurs, sachant qu'il est bien évident que ça peut encore plonger. Pour ceux qui ne savaient pas à quoi ressemblait un marché financier en panique, ils en ont un bel exemplaire sous les yeux

Les causes de ce marasme sont multiples. Entre les subprimes, le laxisme (a posteriori) des banques centrales, l'échec des agences de notation, le trop plein et le manque de régulation, et c'est tout le système qui vacille. Mais en soi, le principe d'assurance, par répartition des risques a été ultra-bénéfique depuis que le capitalisme existe. Et ce n'est pas une crise violente, fût-elle systèmique, qui me fera changer d'avis, le problème n'est pas la répartition de tous ces fonds chez tous les acteurs, mais le fait que plus personne ne sache ce qu'il y a VRAIMENT en-dessous.

Même si la foule, et l'opinion publique ont besoin d'un bouc émissaire, comme d'habitude, crier haro sur les patrons me parait pour le moins irresponsable. J'ai toujours trouvé qu'un patron, comme un homme politique, ne pouvait pas être déclaré coupable de tout ce qui se faisait sous son autorité, partant du principe qu'il est impossible de tout contrôler. Par conséquent, les parachutes dorés sont un faux problème. Ce n'est rien d'autre qu'un gadget que les politiques donnent à leurs opinions publiques comme os à ronger. Mais ça ne va pas changer grand-chose à la situation. Un contrat est un contrat, et le manque de candidats pour les postes à très haute responsabilité implique une rémunération hors de proportion, je ne vois rien de choquant là-dedans, mais je sais, je suis un infâme capitaliste...

Alors, quelles sont les solutions ?

Soyons clairs, je n'en ai pas la moindre idée, c'est le flou total, personne ne sait où l'on va, les foules, de moutons ou d'investisseurs (mais dans la panique, les réactions sont les mêmes) sont parfaitement capables de se suicider en coeur...

En simplifiant, deux tendances se dégagent. La première réclame plus d'intervention de la part de l'Etat, une prise de contrôle du capitalisme par l'Etat. A voir la mauvaise gestion dont l'Etat est responsable, je ne suis pas sûr que cela soit une bonne idée. Autant je suis favorable à une aide, l'Etat jouant le rôle de prêteur en dernier ressort, autant je ne pense pas que des régulations encore plus nombreuses soient la solution. Qu'il faille mieux réguler, c'est certain, mais je ne pense qu'il faille plus réguler, on l'a dit et répété, les secteurs financiers et bancaires sont déjà les plus régulés qui soient. Réglementer encore davantage ne me parait pas être la solution miracle.

Pour autant, la seconde solution, celle du libéralisme à tout crins, ne me semble pas forcèment plus réaliste. Je comprends qu'on puisse être hostile à l'intervention de l'Etat dans l'économie, mais je pense qu'il faut savoir faire des exceptions. Il y a des moments où il est très avantageux que l'Etat intervienne, pour lui et pour le système économique. S'il n'était pas nécessaire de sauver Lehman Brothers, ne pas sauver AIG, premier assureur mondial, aurait entraîné des faillites en chaine ébranlant le capitalisme mondial. Les solutions libérales, voire anarcho-capitalistes, telles que le retour à l'étalon-or et aux monnaies privées, la suppression des banques centrales, me paraissent être de très belles constructions intellectuelles, très séduisantes sur le papier, mais ces solutions n'arrivent jamais à m'ôter l'idée qu'elles sont difficilement applicables, et probablement irréalistes. D'autant plus qu'elles partent du présupposé que les USA renonceraient à la puissance du dollar, chose qui ne me semble pas concevable, sauf cataclysme économique de grande ampleur.

Donc, il me semble que la seule chose à faire pour le moment est de colmater les brèches, de faire face, autant que faire se peut, aux faillites en chaine, quitte, je le sais bien à créer les conditions d'une autre bulle financière. Mais il sera toujours temps, une fois la tempête apaisée, de restreindre la politique monétaire, de mettre en place une meilleure régulation des banques.

PS : Au fait, dans la journée d'hier, l'action Vokswagen a pris plus de 50% avant de redescendre à son point de départ à la clôture. Quand on vous dit que les marchés ne ressemlent plus à rien...

Rédigé par Polydamas

Publié dans #Finance

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L
A Traduction :Je ne comprends pas le commentaire. Il me semblait justement avoir récusé les "bons sentiments". Mon propos ne traduit donc aucune illusion. Au contraire dénonce-t-il la naïveté de ceux qui croient possible d'empêcher certains désordres par des dispositions réglementaires. C'est un défaut très actuel, qui tient sans doute à la sécularisation de la société contemporaine. On est finalement d'autant moins indulgent qu'on suppose possible un monde sans péché originel. A moins que vous ne manipuliez le second degré... 
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P
<br /> Non, je ne crois pas qu'on puisse controler tout le monde, moi non plus. Par contre, rappeler régulièrement à l'ordre les récalcitrants, en parler au séminaire, mobiliser les catholiques à ce sujet<br /> pour éviter qu'ils ne laissent faire ce genre de dérives est indispensable.<br /> <br /> <br />
T
@ L. ChéronQue de bons sentiments !
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L
A traduction.Tant que le jugement dernier ne sera pas survenu, le monde sera marqué par le péché originel et donc le péché tout court. Il y a bien sûr des rémunérations scandaleuses. Mais il faut bien se convaincre que la loi positive ne peut pas prétendre interdire tous les désordres commis contre la loi naturelle. Il n'y aura jamais (enfin espérons) de lois punissant les habitants d'un immeuble collectif qui ne sont pas aimables avec leur concierge, et réciproquement. C'est l'apologue du gendarme derrière chaque tronc de la forêt ou de l'enfer dont les dalles glissantes ont été scellées dans un mortier de bons sentiments. C'est aussi aussi pourquoi Dieu et César ne se confondent pas. "Mon royaume n'est pas etc..."On a bien essayé par le passé de traquer les excès dénoncés plus haut. Cela s'appelait des "lois somptuaires" : "Que nul ne possède plus de trois manteaux de castor, ou un doublé de zibeline etc...". Succès inégal. Il y avait aussi la méthode ancienne France : régulièrement, la monarchie faisait "rendre gorge" aux fermiers des impôts, traitants ou partisans un peu trop ouvertement enrichis des misères de l'Etat. Les victimes subissaient de plus ou moins bonne grâce, en attendant que ne reprennent les bonnes affaires. Somme toute, elles acquittaient ainsi une espèce d'impôt spécial, un peu comme dans l'Athènes antique les "riches" se coltinaient les liturgies les plus onéreuses sous le regard attentif de l'Ecclesia. Si ça donne des idées à certains, ma foi...
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T
Me revoici après un commentaire d'une devise de Warren Buffet.J'ignorais que vous travailliez dans la finance et mesure maintenant l'inanité de mes propos.Le point de vue de Warren Buffet sur les parachute dorés est probablement assez différent du vôtre.Je pense que vous ne nuancez pas assez cette fois : remarquer l'énormité des sommes versées face à des résultats quelquefois décevants ou des efforts importants réclamés au même moment à des salariés, est-ce pour autant se faire l'avocat d'une lutte des classes ? Il est au contraire un peu paradoxal de prendre parti pour "le chef" en tant que tel si la situation est contestable.Certes votre propos concerne le principe d'autorité, de (multi-)compétence et de responsabilité. Permettez-moi de vous faire remarquer que la réalité des faits est celle d'une quantité de situations différentes. Là est le sujet.L'éventail des rémunérations s'est vraiment beaucoup ouvert,  vous savez sûrement que le Medef est divisé sur ce point. Des milliardaires américains dénoncent aussi cet état de fait ; j'espère qu'ils ne le font pas hypocritement pour réduire la rémunération des dirigeants des entreprises dont ils sont actionnaires !Quant au krach, "be brave when the others are afraid" disait Warren Buffet. Mais cette fois, si vous avez été courageux trop tôt, vous resterez collé longtemps !
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L
Vous avez le mot de la fin. Et vous confirmez le lieu commun : "la bourse ne se trompe pas, mais sur le long terme". Au jour le jour, c'est le brouillard. Sinon, on ne serait jamais surpris par les mouvements brutaux tel celui que nous connaissons. Comme vous dites "Qui sait ?" Et comme chantait l'adorable Doris Day : "Que sera, sera, whatever will be, the futur is not ours to see... ?" 
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P
<br /> Là, c'est vous qui avez le mot de la fin... :-D<br /> <br /> <br />