Un hymne à la résistance
Publié le 30 Mars 2007
C'est tout, mais c'est beaucoup.
Tex Willer, des Péres Fondateurs
De l'héroïsme, du souffle, de l'épopée. Hollywood à son meilleur.
Ce film apporte un peu d'air frais à l'atmosphère sclérosée de nos salles obscures. Car, 300, film qu’on pourrait qualifier d'"historic fantasy", insuffle un esprit, qui mobilise encore parfois en France. C'est l'esprit de résistance, d'Orléans à Camerone, de Fontenoy à Verdun, de Belfort à Dien Bien Phu, c'est le devoir envers et contre tout, l'esprit chevaleresque et de sacrifice, porté à son acmé*.
La forme du film est soignée. Les ralentis, abondamment critiqués par certains, ne sont là que pour mettre en valeur les techniques de combat propres aux spartiates, et souligner la différence de niveau avec leurs adversaires. L'esthétique du film est particulièrement réussie, s'inspirant très largement de la BD. On retrouve toute la force du trait de Miller, déjà à l'oeuvre dans Sin City. La musique souligne parfaitement les tensions du combat, avec notamment des passages hard rock tout à fait bienvenus.
Certains dialogues, contrairement à ce que pourrait laisser croire une vision simpliste du film, sont loin d’avoir tous été inventés, en témoigne Hérodote. Les paroles du film : "Venez les chercher" ou "Nous nous battrons dans l'ombre" sont désormais des devises des régiments de l'armée grecque.
Alors, bien sûr, on pourra remettre en cause certains choix scénaristiques un peu trop éculés comme le cliché sur la reine seule face aux traîtres, ou la mort de Leonidas, transpercé de flèches, position qui évoque furieusement sa mission sacrificielle. Etendu, bras en croix, à l’image du Christ, ce plan renforce la dimension messianique dont il fait preuve tout au long du film. Mission au seul service de sa patrie et de ses idéaux, Sparte.
Dans cette vision de Sparte, on n’oubliera pas non plus l’eugénisme, l’éducation par le sang, l’agogé, la nécessaire impassibilité, l’esclavage qui était monnaie courante à l’époque. Mais, plus fondamentalement, ce film est là pour nous rappeler que la Grèce reste le pays dont nous avons tout appris, et que leur enseignements n'ont rien perdu de leur pertinence.
D'ailleurs, à lire l'interview de Franck Miller, on comprend vite que l'enjeu de ce film va au-delà du récit mythologique de cette bataille, pour souligner la position actuelle des pays occidentaux, et de leur propre identité.
Extraits choisis:
Il me semble évident que notre pays ainsi que le monde occidental tout entier sont actuellement confrontés à un ennemi existentiel qui, lui, sait exactement ce qu'il veut... Les grandes cultures ne sont pratiquement jamais conquises, elles s'effondrent de l'intérieur.
(..)
Pour une raison quelconque, personne ne semble parler de ce que nous combattons, ni de la barbarie du sixième siècle qu'ils représentent. Ces gens décapitent la tête des gens avec des scies. Ils asservissent les femmes, ils mutilent le sexe de leurs filles, ils ne se comportent selon aucune des normes culturelles auxquelles nous tenons.
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Pour une raison quelconque, personne ne semble parler de ce que nous combattons, ni de la barbarie du sixième siècle qu'ils représentent. Ces gens décapitent la tête des gens avec des scies. Ils asservissent les femmes, ils mutilent le sexe de leurs filles, ils ne se comportent selon aucune des normes culturelles auxquelles nous tenons.
En bref, 300 est un hymne à la fierté, à l'identité nationale, au patriotisme et à la résistance contre tous ceux, ennemis extérieurs ou intérieurs, qui voudraient la saper, la démolir. Débat on ne peut plus actuel en pleine campagne électorale.
Et je concluerai en reprenant la très bonne formule de Drzz:
"300", c'est l'Amérique en guerre.
Elle le hurle.
Et derrière elle, c'est tout l'Occident qui gronde.
Elle le hurle.
Et derrière elle, c'est tout l'Occident qui gronde.
* Oui, j'ai décidé de la jouer intello de la rive gauche....