Un peu d'actu financière
Publié le 23 Mars 2007
Vous savez peut-être qu'aprés une belle année 2006 sur les marchés, vient d'avoir lieu, il y a de cela trois semaines, un coup de tabac assez violent sur les marchés financiers de toute la planète. D'où cela vient-il?
Le catalyseur de la baisse générale fut une chute de plus de 9% de la bourse de Shanghaï, suite à l'annonce du renforcement de la réglementation boursière en Chine. Ce n'est pas trop tôt, vu que cette bourse n'est pour le moment guère plus évoluée qu'un casino géant à destination des joueurs invétérés, que sont grand nombre de Chinois.
Mais les inquiétudes ne sont pas là, le véritable problème étant l'immobilier américain.
Bref rappel: on assiste à une bulle immobilière de grande ampleur aux Etats-Unis, facilitée par l'accès au crédit. Or le prêt accordé par la banque peut être augmenté en fonction de la valeur de la maison. La banque détient une hypothèque sur le bien immobilier, et vous accorde un crédit, qui peut être renouvelable en fonction de la hausse de la valeur du bien sur le marché immobilier. En gros, si votre maison voit son prix augmenter de 10%, la valeur du prêt peut augmenter d'autant si vous réechelonnez votre emprunt.
Selon un schéma notoirement connu, c'est ce crédit, donc indexé à la hausse de l'immobilier américain, qui paye la consommation américaine, finançant donc allègrement la croissance du pays, et de ce fait, la croissance mondiale.
Oui, oui, on peut dire que c'est un peu casse-gueule....
Et, pas de bol, vient de faire faillite, il y a de cela deux semaines, un courtier immobilier nommé New Financial, qui a affronté, non seulement une hausse des taux de défaut de ses emprunts mais aussi un renchérissement du taux d'intérêt, occasionnant une crise de liquidités le conduisant à la faillite. Ce courtier, qui, soit-dit en passant, avait beaucoup profité de la bulle immobilière, est spécialisé sur le crédit de mauvaise qualité (donc plus risqué que la moyenne), qualifié de "subprime", dont la somme totale représente tout de même 30 % de la dette des ménages américains.
En outre, 70% de ces crédits subprimes ont été souscris à taux variable. Les taux variables étant actuellement relativement bas, ils vont probablement remonter, donc renchérir d'autant le coût du crédit pour les ménages américains...
On craint donc une réaction en chaîne, suite à cette faillite, pour l'année 2007. Ce n'est pas tant à cause des risques financiers, qui sont globalement limités et maîtisés (sauf crise exceptionnelle), dues à une bonne couverture et à des provisions enregistrées dans les comptes 2006, mais plutôt à cause de la propagation, de la baisse de la confiance des ménages américains, généralisée également aux "bons crédits".
Le crédit étant appelé à se raréfier, quel sera le comportement du consommateur face à la restriction de ses entrées d'argent, à la baisse possible des prix immobiliers, et une montée de ses échéances de remboursement ? D'autant que les nouvelles sur le front de l'emploi, et la corollaire réduction des revenus, n'est pas faite pour les rassurer...
Va-t-il cesser de consommer, pour se préoccuper de son taux d'endettement, l'un des plus élevés des pays industrialisés ?
C'est là toute la question. Si le marché perçoit des signes un peu trop poussés de ralentissement de la consommation américaine, il anticipera aussitôt une récession pour les prochains mois, ce qui risque d'enclencher une panique boursière mondiale, en comparaison de laquelle les mouvements récents ne sont que de gentils frémissements....
Nouvelle positive, la réserve fédérale américaine s'est prononcé, avant-hier, pour un arrêt de la hausse des taux. Ce qui ne veut pas dire que la situation de l'immobilier américain va s'éclaircire tout de suite. En France, c'est un déluge d'annonces d'OPA, de contrats, et de deals qui font monter la bourse lors de ces dernières séances. Mais cela ne durera qu'un temps, si la croissance mondiale se tasse.
Car la seule chose dont dépende la croissance mondiale est l'optimisme du consommateur américain. Si vous n'aviez qu'une seule chose à retenir sur les marchés financiers, c'est bien celle-là...