Les manifs pro-vie sont-elles efficaces?
Publié le 24 Janvier 2007
Le Salon Beige a écrit une trés bonne tribune en réponse aux objections de Christine
Boutin, qui considère que les manifestations pro-vie sont inefficaces....
Ils ne m'en voudront pas de publier leur réponse en intégralité. Si jamais cela devait poser problème, je la retirerais sans problèmes.
Je dois avouer que je n'ai rien à ajouter à cet argumentaire lumineux.
Ils ne m'en voudront pas de publier leur réponse en intégralité. Si jamais cela devait poser problème, je la retirerais sans problèmes.
Je dois avouer que je n'ai rien à ajouter à cet argumentaire lumineux.
Est-il donc "inefficace" de manifester pour l'abolition de l'avortement ?
Lors d'une interview, Christine Boutin a semblé déclarer que mener campagne pour l'abolition de l'avortement, comme le fait la Marche nationale pour la vie, "n'a aucune efficacité". Nous pensons que Mme Boutin se trompe - mais énonce une opinion respectable, partagée sur le fond par d'autres pro-vie sincères et intelligents, et qui mérite une réponse.
* * * *
Passons rapidement sur les reproches que Mme Boutin fait à la Marche dans cette interview :
* Christine Boutin semble mécontente que les organisateurs n'aient pas voulu lire un communiqué qu'elle leur aurait adressé. Ces derniers ont bien fait : la manifestation était non-partisane, et aucun nom de parti ou d'homme politique n'a été mentionné au micro - pas même le nom d'un candidat à la présidentielle qui avait le mérite d'être présent. Les organisateurs devraient être félicités, et non blâmés, de n'avoir accordé à personne un traitement de faveur.
* Mme Boutin semble indiquer qu'une manifestation de 80.000 ou 100.000 personnes serait utile, mais qu'une manifestation de 10.000 personnes ne l'est pas. La réponse est évidente : c'est bien parce qu'elle a l'intention de rassembler un jour 100.000 manifestants que la Marche pour la Vie aura lieu tous les ans, et compte croître régulièrement. Il ne tient qu'à Mme Boutin de l'y aider.
Mais derrière ces reproches un peu superficiels, on devine une défiance plus fondamentale, et partagée par d'autres personnes sincères : dans le contexte actuel, marqué notamment par l'hostilité médiatique, manifester ne servirait à rien - voire serait nuisible.
1. La présomption par les Etats-Unis
Comparons la France et les Etats-Unis.
En France :
* a) De 1975 à 2005 les manifestations importantes pour le respect de la vie n'ont été qu'épisodiques.(Les auteurs du SB oublient les marches pour la vie de Renaissance Catholique, chaque année à partir de 1992)
* b) La cause de la vie a perdu du terrain année après année : la législation s'aggrave, le nombre d'avortements augmente, et la cause pro-vie a disparu de la scène politique et médiatique.
Aux Etats-Unis :
* a) Année après année depuis 1974, des dizaines, voire des centaines, de milliers de manifestants pro-life ont défilé à Washington.
* b) La cause de la vie progresse : le nombre d'avortements baisse, et le nombre d'Américains se réclamant de convictions pro-vie est le plus élevé depuis 1974.
Cette juxtaposition ne suffit pas à prouver un lien de cause à effet entre a) et b) - mais crée une présomption de corrélation. Elle empêche en tout cas de décréter sans démonstration, comme le fait Mme Boutin, que manifester contre l'avortement ne sert à rien.
2. Pourquoi manifester tous les ans est-il efficace ?
Personne ne croit que la Marche va, en un an, changer le cours des choses. La manifestation n'est pas un "acte magique" ou incantatoire qui débouchera sur l'abolition de l'avortement comme les trompettes ont fait tomber les murs de Jéricho. Mais tout indique que manifester tous les ans, pacifiquement et en un nombre progressivement croissant, hâtera l'abolition de l'avortement - et ne pas le faire la retarderait. Nous y voyons deux raisons principales.
* Manifester en nombre est le seul moyen de voir le discours pro-vie réapparaître sur la scène publique.
Des causes plus médiatiques que la cause pro-vie n'ont pas besoin de manifester : elles ont en permanence "antenne ouverte" dans les médias. Pour les pro-vie, il n'y a pas de raccourci : pour exister, il faut être dans la rue, et être assez nombreux pour ne plus pouvoir être ignorés.
Beaucoup de nos concitoyens pensent que plus personne, ou presque, ne se bat contre l'avortement légal. Manifester en nombre est le seul moyen de briser ce consensus par défaut. Quelques dizaines de secondes au 20 heures tous les ans suffisent pour que la conscience collective réalise que des dizaines de milliers de personnes, souvent jeunes, réclament l'abolition de l'avortement.
Montrer que l'abolition est défendue publiquement est le premier pas pour que les arguments pour l'abolition redeviennent, comme aux Etats-Unis, audibles.
Et les effets d'une telle mobilisation dépassent largement les reportages qui lui seront consacrés: tout au long de l'année, les associations pro-vie réagissent à l'actualité (bioéthique, téléthon...) en publiant des communiqués - qui seront d'autant plus cités par les médias si les pro-vie font régulièrement une "démonstration de force" dans la rue.
De même, tout au long de l'année, des associations pro-vie contactent des politiques - qui les prendront d'autant plus au sérieux si elles prouvent qu'elles représentent des dizaines de milliers de personnes motivées.
* Manifester dynamise tout le mouvement pro-vie
La grande force du mouvement pro-vie américain est la densité de son tissu associatif : pas une ville moyenne américaine qui n'ait, par exemple, son centre d'aide aux femmes enceintes en difficulté. Il serait intéressant (mais illusoire !) de chercher à dénombrer combien de ces initiatives sont nées dans les cars qui emmenaient des sympathisants de leur petite ville à leur capitale d'Etat ou à Washington pour manifester.
Le même effet peut raisonnablement être attendu de la Marche pour la Vie : dans le car qui emmène à Paris les sympathisants d'une ville de province, qui souvent ne se connaissaient pas entre eux, les contacts se nouent, les projets naissent. Et chacun, parisien ou provincial, revient de la Marche "regonflé à bloc".
3. Pourquoi les objections habituelles ne nous paraissent pas solides
* Objection N°1 : "Ce serait plus utile d'aider les femmes enceintes que de manifester"
Cette objection est très commune, mais est plus souvent un sophisme qu'un argument sincère - elle est pratiquement toujours jetée par des personnes qui ne manifestent pas... mais n'aident pas non plus les femmes enceintes en difficulté.
Si la question se posait dans les termes : "vous pouvez soit manifester, soit aider les femmes enceintes", on devrait convenir que oui, il vaut mieux aider les femmes enceintes. Mais la question ne se pose pas dans ces termes... c'est même l'inverse :
- Les personnes qui ont oeuvrent dans une association d'aide ont bien plus de chances de participer à la Marche pour la Vie que les personnes qui n'y oeuvrent pas. Et une personne qui participe à la manifestation a plus de chances, de fil en aiguille et si elle y est appelée, de s'engager dans une association d'aide qu'une personne qui n'y participerait pas.
- Mais tout le monde n'est pas appelé à s'engager dans une association d'aide. Pour la grande majorité, le choix n'est pas entre "manifester" et "aider les femmes enceintes", mais entre "manifester" et "rester chez soi." Non que ces manifestants soient oisifs par ailleurs : beaucoup ont des engagements associatifs légitimes et nécessaires (scoutisme, écoles hors contrat etc.), qu'ils ne doivent pas abandonner au profit d'un militantisme pro-vie exclusif. Mais tous peuvent consacrer une demi-journée par an à la cause pro-vie, et ont raison de le faire.
* Objection N°2 : "demander l'abolition est déraisonnable, il faut d'abord convaincre le gens"
Cette objection est circulaire : il ne faudrait réclamer l'abolition que quand les gens en seront convaincus... mais ils n'en seront convaincus que si les arguments en faveur de l'abolition sont défendus publiquement ! Notamment à l'occasion de la Marche pour la Vie...
Manifester pour l'abolition, ce n'est pas être adepte du "tout ou rien". La grande majorité des manifestants sait qu'il faudra sans doute procéder par étapes (les premières peut-être très modestes, comme le rétablissement de l'obligation d'informer les femmes enceintes des alternatives avant un avortement).
Mais la Marche pour la Vie doit indiquer le cap en défendant la l'abolition de l'avortement, seule situation conforme à la Justice. Sans quoi le mouvement pro-vie s'effilochera, et n'obtiendra ni l'abolition, ni des améliorations par étapes.
* Objection N°3 : "les médias sont trop hostiles, manifester fait plus de mal que de bien"
C'est une objection plus sérieuse que la première - mais qui ne nous paraît pas tenir, dans la balance, face aux avantages énoncés dans l'alinéa "2".
Le choix qui se présente, c'est entre un traitement médiatique hostile et une disparition complète de la scène publique. Or, contrairement à certaines idées reçues sur les Etats-Unis, c'est également face à des médias presque unanimement hostiles que s'est développé le mouvement pro-life américain - avec les succès que l'on sait.
[Parenthèse : certes, ces dix dernières années, la donne médiatique a changé aux Etats-Unis, rendant les arguments pro-vie plus audibles - mais cela renforce notre conviction que, parallèlement au mouvement pro-vie, il faut développer nos contre-médias.]
* Objection N°4 : "regardez la manifestation contre le PACS : ça n'a rien arrêté..."
Les critiques de Mme Boutin sont sans doute marquées par un élément biographique : le sentiment d'échec qu'elle a pu ressentir après l'adoption du PACS en 1999, malgré la mobilisation pro-famille massive qu'elle avait courageusement organisée (environ 150.000 personnes avaient défilé).
Cette mobilisation n'a pas été un échec : à l'époque, elle a eu un effet palpable sur l'UMP, qui n'avait connu que très peu de "défections". Sans mobilisation pro-famille, il ne fait pas de doute que davantage auraient voté pour le PACS avec la gauche.
Mais cette mobilisation avait une limite : elle a été sans lendemain. Une manifestation isolée ne sert pas à grand chose (à moins de rassembler 1,5 millions de personnes, comme pour l'Ecole Libre en 1984...). Dès que la pression pro-famille est retombée, des députés UMP (dont Nicolas Sarkozy) ont commencé à regretter leur vote contre le PACS. C'est pour cela que la Marche pour la Vie doit être annuelle, afin que le mouvement pro-vie récoltera, dans la durée, les fruits décrits dans l'alinéa 2.
* * * *
Conclusion : se rassembler autour de la Marche nationale pour la Vie
Depuis 2005, et pour la première fois depuis la loi Veil, le mouvement pro-vie français a établi avec succès un grand rendez-vous unitaire annuel, qu'il ne tient qu'à nous de développer. L'exemple américain montre qu'il pourrait être un atout décisif dans l'évolution du combat pour le respect de la vie : signe d'unité du mouvement, arme pour percer le silence médiatique, et vecteur pour dynamiser le tissu associatif pro-vie.
Nous ne mettons pas en cause la sincérité de Mme Boutin. Mais nous constatons que son appréciation sur l' "inefficacité" d'un discours sur l'abolition n'est pas argumentée. La réussite de la Marche pour la Vie est un signe d'espoir. Elle mérite le soutien de tous les partisans du respect de la vie - ou à tout le moins qu'ils lui accordent le bénéfice du doute.
Le Salon Beige
Lors d'une interview, Christine Boutin a semblé déclarer que mener campagne pour l'abolition de l'avortement, comme le fait la Marche nationale pour la vie, "n'a aucune efficacité". Nous pensons que Mme Boutin se trompe - mais énonce une opinion respectable, partagée sur le fond par d'autres pro-vie sincères et intelligents, et qui mérite une réponse.
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Passons rapidement sur les reproches que Mme Boutin fait à la Marche dans cette interview :
* Christine Boutin semble mécontente que les organisateurs n'aient pas voulu lire un communiqué qu'elle leur aurait adressé. Ces derniers ont bien fait : la manifestation était non-partisane, et aucun nom de parti ou d'homme politique n'a été mentionné au micro - pas même le nom d'un candidat à la présidentielle qui avait le mérite d'être présent. Les organisateurs devraient être félicités, et non blâmés, de n'avoir accordé à personne un traitement de faveur.
* Mme Boutin semble indiquer qu'une manifestation de 80.000 ou 100.000 personnes serait utile, mais qu'une manifestation de 10.000 personnes ne l'est pas. La réponse est évidente : c'est bien parce qu'elle a l'intention de rassembler un jour 100.000 manifestants que la Marche pour la Vie aura lieu tous les ans, et compte croître régulièrement. Il ne tient qu'à Mme Boutin de l'y aider.
Mais derrière ces reproches un peu superficiels, on devine une défiance plus fondamentale, et partagée par d'autres personnes sincères : dans le contexte actuel, marqué notamment par l'hostilité médiatique, manifester ne servirait à rien - voire serait nuisible.
1. La présomption par les Etats-Unis
Comparons la France et les Etats-Unis.
En France :
* a) De 1975 à 2005 les manifestations importantes pour le respect de la vie n'ont été qu'épisodiques.(Les auteurs du SB oublient les marches pour la vie de Renaissance Catholique, chaque année à partir de 1992)
* b) La cause de la vie a perdu du terrain année après année : la législation s'aggrave, le nombre d'avortements augmente, et la cause pro-vie a disparu de la scène politique et médiatique.
Aux Etats-Unis :
* a) Année après année depuis 1974, des dizaines, voire des centaines, de milliers de manifestants pro-life ont défilé à Washington.
* b) La cause de la vie progresse : le nombre d'avortements baisse, et le nombre d'Américains se réclamant de convictions pro-vie est le plus élevé depuis 1974.
Cette juxtaposition ne suffit pas à prouver un lien de cause à effet entre a) et b) - mais crée une présomption de corrélation. Elle empêche en tout cas de décréter sans démonstration, comme le fait Mme Boutin, que manifester contre l'avortement ne sert à rien.
2. Pourquoi manifester tous les ans est-il efficace ?
Personne ne croit que la Marche va, en un an, changer le cours des choses. La manifestation n'est pas un "acte magique" ou incantatoire qui débouchera sur l'abolition de l'avortement comme les trompettes ont fait tomber les murs de Jéricho. Mais tout indique que manifester tous les ans, pacifiquement et en un nombre progressivement croissant, hâtera l'abolition de l'avortement - et ne pas le faire la retarderait. Nous y voyons deux raisons principales.
* Manifester en nombre est le seul moyen de voir le discours pro-vie réapparaître sur la scène publique.
Des causes plus médiatiques que la cause pro-vie n'ont pas besoin de manifester : elles ont en permanence "antenne ouverte" dans les médias. Pour les pro-vie, il n'y a pas de raccourci : pour exister, il faut être dans la rue, et être assez nombreux pour ne plus pouvoir être ignorés.
Beaucoup de nos concitoyens pensent que plus personne, ou presque, ne se bat contre l'avortement légal. Manifester en nombre est le seul moyen de briser ce consensus par défaut. Quelques dizaines de secondes au 20 heures tous les ans suffisent pour que la conscience collective réalise que des dizaines de milliers de personnes, souvent jeunes, réclament l'abolition de l'avortement.
Montrer que l'abolition est défendue publiquement est le premier pas pour que les arguments pour l'abolition redeviennent, comme aux Etats-Unis, audibles.
Et les effets d'une telle mobilisation dépassent largement les reportages qui lui seront consacrés: tout au long de l'année, les associations pro-vie réagissent à l'actualité (bioéthique, téléthon...) en publiant des communiqués - qui seront d'autant plus cités par les médias si les pro-vie font régulièrement une "démonstration de force" dans la rue.
De même, tout au long de l'année, des associations pro-vie contactent des politiques - qui les prendront d'autant plus au sérieux si elles prouvent qu'elles représentent des dizaines de milliers de personnes motivées.
* Manifester dynamise tout le mouvement pro-vie
La grande force du mouvement pro-vie américain est la densité de son tissu associatif : pas une ville moyenne américaine qui n'ait, par exemple, son centre d'aide aux femmes enceintes en difficulté. Il serait intéressant (mais illusoire !) de chercher à dénombrer combien de ces initiatives sont nées dans les cars qui emmenaient des sympathisants de leur petite ville à leur capitale d'Etat ou à Washington pour manifester.
Le même effet peut raisonnablement être attendu de la Marche pour la Vie : dans le car qui emmène à Paris les sympathisants d'une ville de province, qui souvent ne se connaissaient pas entre eux, les contacts se nouent, les projets naissent. Et chacun, parisien ou provincial, revient de la Marche "regonflé à bloc".
3. Pourquoi les objections habituelles ne nous paraissent pas solides
* Objection N°1 : "Ce serait plus utile d'aider les femmes enceintes que de manifester"
Cette objection est très commune, mais est plus souvent un sophisme qu'un argument sincère - elle est pratiquement toujours jetée par des personnes qui ne manifestent pas... mais n'aident pas non plus les femmes enceintes en difficulté.
Si la question se posait dans les termes : "vous pouvez soit manifester, soit aider les femmes enceintes", on devrait convenir que oui, il vaut mieux aider les femmes enceintes. Mais la question ne se pose pas dans ces termes... c'est même l'inverse :
- Les personnes qui ont oeuvrent dans une association d'aide ont bien plus de chances de participer à la Marche pour la Vie que les personnes qui n'y oeuvrent pas. Et une personne qui participe à la manifestation a plus de chances, de fil en aiguille et si elle y est appelée, de s'engager dans une association d'aide qu'une personne qui n'y participerait pas.
- Mais tout le monde n'est pas appelé à s'engager dans une association d'aide. Pour la grande majorité, le choix n'est pas entre "manifester" et "aider les femmes enceintes", mais entre "manifester" et "rester chez soi." Non que ces manifestants soient oisifs par ailleurs : beaucoup ont des engagements associatifs légitimes et nécessaires (scoutisme, écoles hors contrat etc.), qu'ils ne doivent pas abandonner au profit d'un militantisme pro-vie exclusif. Mais tous peuvent consacrer une demi-journée par an à la cause pro-vie, et ont raison de le faire.
* Objection N°2 : "demander l'abolition est déraisonnable, il faut d'abord convaincre le gens"
Cette objection est circulaire : il ne faudrait réclamer l'abolition que quand les gens en seront convaincus... mais ils n'en seront convaincus que si les arguments en faveur de l'abolition sont défendus publiquement ! Notamment à l'occasion de la Marche pour la Vie...
Manifester pour l'abolition, ce n'est pas être adepte du "tout ou rien". La grande majorité des manifestants sait qu'il faudra sans doute procéder par étapes (les premières peut-être très modestes, comme le rétablissement de l'obligation d'informer les femmes enceintes des alternatives avant un avortement).
Mais la Marche pour la Vie doit indiquer le cap en défendant la l'abolition de l'avortement, seule situation conforme à la Justice. Sans quoi le mouvement pro-vie s'effilochera, et n'obtiendra ni l'abolition, ni des améliorations par étapes.
* Objection N°3 : "les médias sont trop hostiles, manifester fait plus de mal que de bien"
C'est une objection plus sérieuse que la première - mais qui ne nous paraît pas tenir, dans la balance, face aux avantages énoncés dans l'alinéa "2".
Le choix qui se présente, c'est entre un traitement médiatique hostile et une disparition complète de la scène publique. Or, contrairement à certaines idées reçues sur les Etats-Unis, c'est également face à des médias presque unanimement hostiles que s'est développé le mouvement pro-life américain - avec les succès que l'on sait.
[Parenthèse : certes, ces dix dernières années, la donne médiatique a changé aux Etats-Unis, rendant les arguments pro-vie plus audibles - mais cela renforce notre conviction que, parallèlement au mouvement pro-vie, il faut développer nos contre-médias.]
* Objection N°4 : "regardez la manifestation contre le PACS : ça n'a rien arrêté..."
Les critiques de Mme Boutin sont sans doute marquées par un élément biographique : le sentiment d'échec qu'elle a pu ressentir après l'adoption du PACS en 1999, malgré la mobilisation pro-famille massive qu'elle avait courageusement organisée (environ 150.000 personnes avaient défilé).
Cette mobilisation n'a pas été un échec : à l'époque, elle a eu un effet palpable sur l'UMP, qui n'avait connu que très peu de "défections". Sans mobilisation pro-famille, il ne fait pas de doute que davantage auraient voté pour le PACS avec la gauche.
Mais cette mobilisation avait une limite : elle a été sans lendemain. Une manifestation isolée ne sert pas à grand chose (à moins de rassembler 1,5 millions de personnes, comme pour l'Ecole Libre en 1984...). Dès que la pression pro-famille est retombée, des députés UMP (dont Nicolas Sarkozy) ont commencé à regretter leur vote contre le PACS. C'est pour cela que la Marche pour la Vie doit être annuelle, afin que le mouvement pro-vie récoltera, dans la durée, les fruits décrits dans l'alinéa 2.
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Conclusion : se rassembler autour de la Marche nationale pour la Vie
Depuis 2005, et pour la première fois depuis la loi Veil, le mouvement pro-vie français a établi avec succès un grand rendez-vous unitaire annuel, qu'il ne tient qu'à nous de développer. L'exemple américain montre qu'il pourrait être un atout décisif dans l'évolution du combat pour le respect de la vie : signe d'unité du mouvement, arme pour percer le silence médiatique, et vecteur pour dynamiser le tissu associatif pro-vie.
Nous ne mettons pas en cause la sincérité de Mme Boutin. Mais nous constatons que son appréciation sur l' "inefficacité" d'un discours sur l'abolition n'est pas argumentée. La réussite de la Marche pour la Vie est un signe d'espoir. Elle mérite le soutien de tous les partisans du respect de la vie - ou à tout le moins qu'ils lui accordent le bénéfice du doute.
Le Salon Beige