Tyrannie médiatique?
Publié le 9 Novembre 2006
Je ne comprends pas bien ce que l'on reproche à Bruno Gollnisch. Il est jugé pour avoir tenu le propos suivant:
"Je reconnais les millions de morts du drame de la déportation et de l’univers concentrationnaire. […] S’agissant toutefois, au cas par cas, des modalités et de l’étendue de ce drame, je m’en remets au jugement des historiens spécialistes, dont les discussions devraient être libres, et non sous la menace d’une loi d’inspiration communiste, la loi dite loi Gayssot, dont le but était de faire oublier les crimes soviétiques. […] En effet, s’agissant du massacre de 11 000 officiers polonais à Katyń, assassinés d’une balle dans la nuque, il n’y a plus un historien sérieux qui adhère intégralement aux actes du procès de Nuremberg depuis que l’on sait que ce crime, mis sur le compte des Allemands, était à mettre sur celui des Soviétiques. Disant cela, je ne cherche pas à minimiser les crimes du régime national-socialiste, pour lequel je n’ai jamais eu la moindre sympathie".
Si mes souvenirs sont exacts, un groupe d'historien avait réclamé, au moment de la loi Taubira, puis sur le génocide arménien, l'abrogation de toutes les lois mémorielles, dont la loi Gayssot. Pourtant, ces grands noms, parmi lesquels on trouve ceux d'Elisabeth Badinter, de Pierre Nora, de Pierre Milza, de René Rémond, d'Alain Decaux, de Jacques Julliard, et même celui de Pierre Vidal Naquet, qu'on peut trés difficilement classer à droite, avaient osé affirmer:
""l’histoire n’est pas un objet juridique. Dans un Etat libre, il n’appartient ni au Parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique."
Or le procureur de la République, au moment du procès de Gollnisch, n'a pas hésité à dire:
"quand Bruno Gollnisch affirme qu'il reconnaît l'existence des chambres à gaz, mais qu'il n'est pas un spécialiste et qu'il appartient aux historiens d'en débattre, il exprime un doute. C'est une insinuation, une forme déguisée, dubitative qui crée le doute. C'est dans ce sens que je crois que M. Gollnisch a passé la ligne jaune, qu'il a commis une faute, qu'il a dérapé"
Que je sache, le groupe d'historiens cité plus haut n'a pas été traduit devant les tribunaux, ni soumis à la vindicte populaire. Or les propos de ces éminents historiens sont exactement synonymes de ceux de Gollnisch ou alors je ne comprends pas le français, option hatuement improbable, mais fort toute possible, je ne le nie pas.
En outre, l'avocat des parties civiles a retiré sa plainte en réclamant que Gollnisch reconnaisse la phrase suivante: "l'extermination organisée des juifs d'Europe par le régime nazi pendant la seconde guerre mondiale constitue un crime contre l'humanité non contestable perpétré notamment par l'utilisation des chambres à gaz." Propos que que le n°2 du FN a accepté, tout en le qualifiant "d'enfonçage de portes ouvertes."
Donc, si les parties civiles se désistent (on commence à en avoir l'habitude, déjà, avec Villiers, c'était le cas...) et que Gollnisch ne fait que tenir des propos similaires à nombre d'historiens illustres, que lui reproche-t-on exactement?
Je crois bien que la seule chose que l'on reproche à Gollnisch est d'être ouvertement d'extrême-droite. C'est ça qui pose problème, plutôt que ses propos sur la Shoah.
Mais est-ce une véritable démocratie que celle où l'on ne juge qu'à la tête du client ? Ne serait-ce pas plutôt une forme de dictature larvée ou de tyrannie médiatique alliée à une désinformation perverse? Le délit de sale gueule ou plutôt d'opinion mal-pensante, peut valoir aujourd'hui une convocation devant les tribunaux, alors que nombre d'actes délictueux ne sont pas reprimandés en bas de nos immeubles.
Cependant, ces aberrations successives n'ont pas empêché la suspension de Gollnisch pour 5 ans de Lyon III.
Tyrannie, quand tu nous tiens....