Panorama du catho-bashing de droite (1)

Publié le 9 Juillet 2008

Après les attaques de la gauche contre la réacosphère, il est un domaine dans lequel certains réacs se sont spécialisés : le catho-bashing.*

D'un côté, c'est une bonne nouvelle, ça prouve que les catholiques intéressent encore, que le catholicisme n'est pas encore mort. Ça marche par périodes, dès qu'un catho un peu connu l'ouvre un peu trop, les réactions arrivent de suite. De l'autre, c'est un peu navrant, car on ne fait que retrouver les discussions et désaccords classiques qui ont miné la droite conservatrice durant des années. Rien de très neuf sous le soleil, donc. Permettez moi de continuer le débat en répondant aux argumentaires les plus classiques concernant l'Eglise, en plusieurs billets, histoire d'isoler les critiques et leur débats.

Tout d'abord, une précision, il est vrai aussi que l'Eglise n'aide pas toujours. Quand on voit certains de nos évêques français dont on se demande comment ils ont pu obtenir leur mitre, une critique des plus vigoureuses est parfaitement légitime. L'Eglise n'est pas faite pour suivre à la lettre toutes les conneries de notre société, le dernier exemple en date étant l'initiative malheureuse de la Prêtre Academy. Les réacs de tout poils sont dans leur rôle en démolissant ces initiatives, ils rappellent à l'Eglise sa mission, et cela me parait d'autant plus important et plus efficace, si ils ne font pas partie de la maison, je n'ai rien à dire par rapport à ça, bien au contraire.

Ce n'est pas de cela qu'il s'agit mais plutôt d'une critique essentielle, d'une critique du rôle de l'Eglise dans ce qu'elle a de plus important, sa mission d'évangélisation. Dans ce cadre, au travers de quelques billets, je m'attellerais à répondre aux diverses critiques qu'on peut trouver chez les réacs. Je pense à la critique que j'appellerais "institutionnelle", la critique païenne, et la critique "futuriste". Je sais que j'en oublie certainement, mais il me semblent que ce sont les principales attaques que l'on trouve dans la "réacosphère".

Tout d'abord, la critique institutionnelle.

Boutin, pour prendre la grenouille de bénitier politique et catho par excellence, c'est facile de la démonter. Moi aussi, je m'en prive pas, en commentaires de certains blogs. Cependant, elle a au moins le mérite d'être présente dans le système, de tenter de faire à son niveau. De manière très imparfaite (attirant ainsi des critiques justifiées) certes. De cautionner par sa présence nombre de politiques qui n'ont rien de catholiques, également. Mais d'être là.

Qu'on le veuille ou pas, que l'on y soit hostile ou pas, il y a un système en place, alors de deux choses l'une, soit on tente de prendre les manettes, de grapiller quelques places, quelques prébendes, en espérant améliorer un peu les choses, soit on est exclu du jeu. Je ne reprocherais à personne de tenter de s'investir, au risque de la corruption avec le système. Ceux qui s'engagent ont au minimum la légitimité du terrain. Le pouvoir, fût-il en république, est fait pour être pris (et quand on voit les minables qui participent, on aurait bien tort de se priver). Le reste est affaire de stratégie, de visions différentes, certains sont forcés à rester (ou se complaisent) dans la clandestinité et l'underground, d'autres préfèrent les ors de la République. Les deux stratégies s'expliquent et se justifient très bien.

Ensuite, oui, les cathos ont la prétention (il faut lire les commentaires, le débat qui suit est passionnant) de dire ce qu'il faut faire, ils ont la prétention d'avoir une idée de ce que recouvre la notion de bien commun, ce qui n'est pas très libéral comme position, c'est vrai. Dans ce cas alors, le problème n'est pas avec Boutin, qui a le malheur de déplaire à ces réacs, mais avec l'Eglise, ne nous cachons pas derrière des hommes de paille. Même si à l'origine, l'Eglise a toujours promu la liberté de chacun, elle n'est pas hostile à ce que l'Etat légifère sous un angle catho-orienté. Que ce soit sur les mères porteuses, l'IVG ou quoi que  ce soit d'autre. Bien sûr, il faut savoir distinguer les sujets prioritaires des sujets plus annexes, mais les faits sont là. Même si le salut est une affaire personnelle, l'Eglise n'empêche nullement certains Etats de prendre des mesures qu'on pourrait croire hostiles à la liberté de chacun.

Autre aspect de cette critique, celle portant sur les croyants eux-même. XP s'en est fait une spécialité en parlant de l'hypocrisie de certains cathos, en évoquant les faiblesses de certains tradis, etc. Oui, on le sait, malheureusement les catholiques sont des gens comme les autres, la seule différence étant qu'ils ont des idéaux plus grands et plus difficiles que d'autres. Ce qui n'est déjà pas si mal.

Je ne pense pas qu'on puisse dire que les cathos, ce que sous-entend XP, dans un post, que les cathos soient plus pervers que la moyenne, plus vicieux, obligés qu'ils sont de camoufler leurs saloperies sous un masque de bonne conscience. Ce n'est pas vrai seulement des chrétiens, c'est vrai de tout le monde, de toutes les personnes affichant un tant soit peu de moralité. Et ça, on en trouve aussi bien chez les cathos, que chez les socialistes, les communistes, les démocrates-chrétiens.

Ensuite, oui, il y a des erreurs de la part de certains cathos, des erreurs de vocabulaire, indignes des idéaux qu'ils prétendent afficher. Et oui, ces erreurs doivent être pointées pour qu'elles ne se reproduisent plus. Mais est-ce la peine de vouer à ce point aux gémonies des cathos qui se sont plantés ? Je ne le crois pas. Car pour tous les cathos dont on aura condamné les propos, combien serons-nous à nous rappeler de certaines attitudes dignes et vénérables qui sont toujours passées sous silence ? Est-ce vraiment utile de gueuler avec les  loups ? Qui aime bien, châtie bien, certes. Mais le lynchage est-il vraiment nécessaire ?


* le catho-bashing, c'est le fait de se payer des cathos, plus ou moins gratuitement.
 

Rédigé par Polydamas

Publié dans #Argumentaires

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F
Excellent! Très bonne initiative, et surtout, bravo pour le regard critique que vous portez sur votre propre religion. Tout de suite, on a envie de lire, de vous entendre, de vous comprendre, et de discuter. On se dit qu'on n'aura pas affaire à un mur, à un type borné.Je pense en effet qu'un des plus gros problèmes de l'Eglise, c'est l'image qu'elle donne, une image qu'elle veut progressiste, et qui en fait est régressive. Je ne suis pas chrétien. Païen? Peut-être. Mais surtout, je "mange à tous les rateliers" (sans signification péjorative!!), je m'inspire. Les critiques que j'apporte sont essentiellement sur le fond, et je ne conçois pas que l'on puisse insulter les chrétiens. C'est bas, et quoique l'on pense, il y a dans le christianisme quelque chose sinon d'admirable, au moins de respectable. Du reste, je ne me suis pas reconnu dans les critiques que vous citez. J'attends de voir les autres posts... avec impatience!
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P
<br /> En même temps, je ne fais que citer les critiques les plus violentes, les plus virulentes, contre le catholicisme, je ne cherche pas à viser quiconque.<br /> <br /> <br />
S
Bon article. J'attends la suite.
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W
Tres franchement, les reacs qui rejettent l'Eglise pour des questions morales ne sont que des reacs de theatre. La verite c'est que si Dieu n'existe pas, alors tout est permis (merci Dosto...), et c'est exactement la que se fait la bascule dans le modernisme. Sans Dieu, il n'existe plus que du droit positif, plus que des regles arbitraires et changeante. Que l'on soit croyant oum pas n'est pas le probleme. En rejettant l'Eglise en tant que concept on embrasse les modernes.  Il n'y a pas d'alternative.Juste un point sur lequel je ne suis pas d'accord avec vous. Les paiens, ou neo-paiens sotnt tout a fait nouveaux et extremement inquietants car il represente le degre zero de la spiritualite. Pas de transcendance, pas de reflexion. Rien.
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P
<br /> Les païens représentent la seconde partie de ma série, j'y arrive, j'y arrive. Et non, ils ne sont pas nouveaux, à moins que vous ne considéreriez que le Grece, Alain de Benoist, etc, soient neufs<br /> dans le paysage idéologique.<br /> <br /> <br />
E
Article très intéressant! Les choses sont complexes, en fait: parfois les situations personnelles sont telles que malgré un indéfectble respect pour LE catholique en soit on éprouve le besoin irrépressible de casser du sucre sur le dos du catho qui est notre prochain direct (en ce moment, ça m'arrive, j'avoue, je ne supporte plus les mamies de ma paroisse). TROP, C'EST TROP!Quand un catho casse du catho, c'est probablement le signe qu'il doit brûler ce qu'il a adoré: une conception un peu idéalisée de son église. Par contre sur le plan de la vie publique et de l'institution, cette attitude est aussi injustifiable que n'importe quel "nique ta mère!" Au delà, on devrait pouvoir trouver un équilibre... Bonne journée, et peut-être bientôt bonnes vacances?
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B
Pour ma part ces débats ne me passionnent guère. J'ai dis tout ce que j'avais à dire sur le sujet dans un seul post.http://ilikeyourstyle.net/index.php/2008/06/23/transcendance/
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