Euthanasie: c'est au tour des enfants.
Publié le 26 Mars 2008
La blogosphère a résonné de toutes les réactions sur le cas de Chantal Sébire. Les circonstances du drame sont connues, je n'y reviendrais pas. D'autres tel que le Salon Beige ou Koztoujours ont mieux explicité que moi les arguments de tous types que l'on peut opposer à ceux qui y sont favorables .
L'argument qui revient sans cesse est la tentative de démolition des fantasmes en partant des exemples néerlandais et belges. Dans cet argument, on passe volontairement sous silence la Suisse où le chef de l'association Dignitas a été mis en cause pour des euthanasies de schizophrènes un peu trop expéditives. Mais cet homme n'était rien d'autre qu'un précurseur...
En effet, via les PFs, on apprend fort opportunément, qu'en Belgique, l'euthanasie pourrait être étendue aux enfants et aux fous.
Bon, je sais pas pour vous, mais l'idée qu'une société puisse exécuter ses fous ou ses mineurs me fait dresser les cheveux sur la tête. Et je ne vois aucune raison particulière qui empêcherait la France de suivre cette voie, une fois l'euthanasie légalisée. Ne voit-on pas que les règles sont des garde-fous nécessaires pour prévenir des dérives trop odieuses ? Repousser les limites, c'est repousser encore toujours plus loin les dérives, et les coups de canif à ces règles.
Gadrel a une réponse très juste:
Par ailleurs, dans la considération cynique, il sorpasso est certainement très proche de ce que sera bientôt la réalité de l'euthanasie, nécessairement festive, caractère que n'aurait pas renié Philippe Muray. Qu'ILYS me pardonne pour cette reprise de ce billet que je trouve très juste.
(…)-Tu y vas, toi, à la fête de départ de Gérard ?
- Je sais pas trop. Bon il m’a envoyé le faire part, mais j’ai plus grand chose à lui dire. Ca me gêne un peu ces soirées où les futurs partants prennent le premier plan.
- Ouaah c’est normal, attends, t’en feras autant.
- Non, non, je sais pas… je verrai…
-C’est juste une soirée d’adieux. Pas prise de tête. Après il fait le truc intime truc avec les proches, la famille, pour le départ, juste quelques-uns qu’il a choisi.
- ‘tin, moi j’aurais peur qu’on m’envoie chier pour ce genre de truc, que des gens refusent. Y a plus que ceux qui attendent l’héritage qui y vont. Et les curieux. Non, franchement le discours
côté “je décide de tout, même de la date, je maitrise, j’adore la vie et maintenant j’adore la grande aventure qui se prépare” pfff, après avoir tout merdé dans leur vie, ils essayent
tous de se rattraper là dessus. Mais c’est vrai, j’ai assisté à plusieurs départs, y’en a que pour la famille proche, et toujours les mêmes trucs chiants..
-Gérard c’est différent, il a un cancer, quand même.
-Ouais, c’est vrai. Mais il imite les sliders [ndla : ceux qui partent sans être malades ni physiquement ni mentalement] quand même, le côté festif, tout ça. Comme si, même le cancer
il l’avait prévu, planifié, pour cacher sa trouille. Il joue même au duel !
- Au quoi ?
- Tu sais là, ceux qui testent la douleur, pour voir, et quand c’est trop dur, ils partent, comme un défi, voir si ils tiennent jusqu’au bout..
- Tu veux dire jusqu’à ce qu’ils claquent ?
- Hihihi. Ben ouais, mais en général il partent tous avant la naturelle..C’est surtout pour se rendre intéressant..Au final, on en sait pas plus sur ce qu’ils ressentent
vraiment comme douleur, c’est con à dire, mais voilà, quoi
- Et ça me rappelle, tu te souviens, Marie ?
- La bonasse de chez Corpax ?
- Ouais, et ben , sa mère, bon, quand elle morte, elle voulait pas dire ce qu’elle laissait, à qui, comme héritage, y’avait gros, ben la famille, l’ont pas voulu la laisser passer
avant de savoir qui avait quoi, du coup, il ont fait durer, et y parait qu’ils ont payé le doc pour qu’il l’assiste jusqu’à la naturelle, à l’ancienne !
- Putain c’est dégueulasse ! …En même temps, elle l’a cherché, la vieille… C’est quoi ces combines avec le blé, elle pouvait pas être plus transparente ? Y’en a vraiment qui font chier jusqu’au
bout …
- Ben, c’était une vieille, tu sais, elle faisait ça pour être entourée, même hypocritement.
- Tu vois où en est ? Ils ont tous la trouille, nom de dieu ! C’est pas la douleur qui leur fait peur, c’est le gouffre, le mystère, le néant, personne ne veut être seul pour ça !
- Ouais, peut-être, mais enfin, ils ont le choix, c’est mieux qu’avant, quand même !
- Vas dire aux vieux pauvres sans famille de l’hôpital public, comment qu’on les pousse à dégager. Y’en a qui gueulent, tout ça, mais non seulement tout le monde s’en fout, mais la plupart, ils
se résignent, ils le font, alors qu’ils sont comme les sliders, pas malades, rien, enfin, pas de souffrance, juste ils coûtent cher, on les fait culpabiliser.
- Mais on les obligent pas !
- Pas vraiment. Mais comme ils sont seuls, tu vois, et qu’ils se sentent inutile, à en crever justement, le doc leur dit avec du miel que ça serait bien, pour la société tout ça et hop,
ils dégagent. Mais au final, c’est très étrange, parce que dégager les fait se sentir utile comme un sacrifice et ça annule leurs peurs. Sont peut-être les plus heureux de tous à
partir. Ça a du sens pour eux.
- Hin ! T’es con !
- J’te jure. Mais il parait qu’il y en a qui partent sans aides
-De quoi?
-Sans aides, quand ils peuvent encore bouger, tout ça, ils montent sur le toit et ils sautent, ou ils s’ouvrent les veines..
-Bouarkk ! Ch’ais pas comment ils font. Pourquoi ils font ça d’abord ? Alors qu’on leur offre le départ !
- Peut-être qu’ils veulent être seul, un truc comme ça, au moins une fois dans leur vie...
- Pfff ! Ça devrait être interdit de partir comme ça tout seul, sans assistance…Société de merde….vraiment, quoi..y’a encore beaucoup de travail pour que les gens admettent le
mourir-ensemble..encore trop de ces individualistes barbares... *
Après le vivre-ensemble, vive le mourir-ensemble, et avec les gosses, en plus !
* Effectivement, on pourrait croire à la caricature, mais non, il semblerait qu'il y ait vraiment des gens qui déplorent les suicides, suicides dont on dit qu'ils pourraient être facilement évités par l'euthanasie. L'important n'est donc pas de mourir, l'important c'est de mourir en collectivité, entouré. Il n'y a même plus de mots pour décrire l'aberration que notre société est en train de construire.