Voltaire, chantre de la liberté d'expression ? Tu parles.
Publié le 6 Décembre 2007
«I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it» (en anglais)
«Je ne partage pas vos idées mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous puissiez les exprimer» (traduction)
Source : citation faussement attribuée à Voltaire par Evelyn Beatrice Hall (1906)
Cette célèbre formule est devenue en France le paradigme de la liberté d'expression.
Il s'agit de l'invention d'un auteur anglo-saxon, Evelyn Beatrice Hall. Elle figure dans son livre : The friends of Voltaire (Les amis de Voltaire), publié en 1906 sous le
pseudonyme S[tephen] G. Tallentyre.
Par cette formule faussement attribuée à Voltaire, l'auteur voulait exprimer l'idée qu'elle se faisait de
celui-ci.
Dans les faits, le spirituel auteur de Candide, qui aimait plus que tout la compagnie des puissants, y compris celle de Frédéric II, le Poutine de son temps,
pratiquait une tolérance très sélective.
Il s'est plutôt réjoui des poursuites contre les jésuites, ses ennemis jurés, et s'est gardé de protester lorsque Malesherbes, le directeur de la Librairie royale, a suspendu,
autrement dit censuré, la revue de son plus virulent ennemi, le dévot Fréron.
De ce point de vue, les milieux intellectuels n'ont guère évolué depuis Voltaire : ceux qui réclament (avec raison) le droit de critiquer sans entrave le fait religieux sont aussi (à
tort) parmi les premiers à mettre des bornes à la liberté de penser l'Histoire (génocides, esclavage, colonisation,...).
Edit: Pour ceux qui l'ignoreraient encore, on lira avec profit les écrits antisémites et racistes du sieur
Voltaire. On a tellement glosé sur le racisme et l'antisémitisme supposé de l'Eglise, qu'il n'est pas inutile de rappeler à certains, que leurs modèles de pensée n'ont pas hésité à signer des
textes odieux...
Merci à Philippe Edmond.