L'affaire Humbert : une supercherie ?

Publié le 29 Novembre 2007

Je tombe, via le Salon Beige, sur les propos du kiné de Vincent Humbert, dont le cas a beaucoup été cité dans les affaires d'euthanasie.

 


Le kiné s'exprime à l'occasion de la diffusion d'un téléfilm sur cette affaire. Et je vous laisse imaginer ce qui risque de passer si on vote une loi à ce sujet:
Après la mort de Vincent, beaucoup de familles dont le patient était dans un état aussi grave, voire pire que celui de Vincent, sont venues nous dire : « Mais le nôtre, il ne faut pas le tuer, hein ? Faut pas le tuer !». Ces familles pensaient que nous allions généraliser l’acte isolé et médiatisé d’une seule personne… Certes, nous savons que ces familles souffrent de voir leur proche dans cet état… Mais elles préfèrent le voir vivant. Il y a toujours un fond d’espoir. Ces familles sont donc venues nous voir en nous disant : « Il faut le laisser vivre ».

A lire également la page qui retrace l'histoire de Vincent Humbert.

Profondément, je ne crois pas qu’il avait envie de mourir.
 

Rédigé par Polydamas

Publié dans #Société

Repost0
Commenter cet article
D
Un ami me passe une interview du professeur Debré qui me semble très pertinente. En résumé le célèbre pédiatre dit : je suis très âgé, j'ai perdu ma femme et chaque matin j'ai envie de mourir .Et  chaque soir en me couchant je suis heureux d'avoir vécu cette journée.
Répondre
D
Cilia, je vois que tu as beaucoup réfléchi au grave problème dont nous débattons grâce à Polydamas, et il faut, je crois, lui rendre hommage pour nous avoir amenés à affiner nos positions.Ce que tu dis Cilia est plein de sensibilité et de compassion et en aucun cas je ne veux te juger de même que je me garde bien de juger Mme Humbert ou une femme qui se fait avorter. Ce sont là des drames suffisamment douloureux pour ne pas se réfugier dans le "yaka". Il y a plus d'un an, deux ans peut-être,  j'écrivais déjà ici que j'avais connu des notables hostiles à l'avortement qui avaient payé le voyage de leur fille à Londres pour s'y faire avorter plutôt que de subir l'opprobre du jugement des autres devant une fille-mère. Avec quelques autres commentateurs nous disions que nous espérions ne jamais avoir ce genre d'attitude avec nos enfants. Mais que sommes-nous sinon de pauvres pécheurs, de pauvres mortels capables de renier tout ce à quoi on croit? Je me refuse donc à juger ceux qui sont confrontés à des situations de détresse. Je ne sais pas ce que je ferais après tout à leur place.Refuser de juger, toutefois, ce n'est pas approuver.Ce qui me gêne dans cette triste histoire c'est que Mme Humbert est devenue militante de la cause de l'euthanasie.Qu'elle ait aidé son fils à mourir par amour je veux bien l'admettre. Que son geste soit érigé en exemple me semble dur à accepter.Chaque cas est particulier, et on veut généraliser. Pire on veut légiférer. Généraliser, banaliser l'euhanasie  c'est ouvrir la porte  à toutes les dérives. On supprimera les vieux parce qu'ils coûtent cher à la sécu, on supprimera les filles parce qu'on voulait des garçons, on supprimera les handicapés parce qu' on refuse le handicap, on supprimera le vieux pépé pour hériter ou pour ne pas avoir à payer la maison de retraite... J'exagère? A peine!Déjà il y a des infirmières qui de leur propre chef décident de supprimer des patients qui souffrent trop. Un tribunal anglais à ordonné contre l'avis des parents qu'on débranche une jeune fille en état de mort clinique. Mais dans le même temps on apprend qu'un polonais plongé depuis 13 ans dans un coma profond s'est subitement réveillé. Et si on l'avait débranché?As-tu vu le film sur "Hitler"? On voit Frau Goebbels tuer ses six enfants. Scène horrible s'il en est. Mon sentiment n'était pas "elle l'a fait par amour pour leur éviter la honte d'avoir été enfantés par Goebbels, ou encore : elle n'a pas supporté la défaite" . Mon sentiment était "le nazisme était vraiment intrinsèquement pervers pour conduire une mère à tuer ses six enfants". Ma conclusion : soyons humbles, compréhensifs compatissants devant les détresses particulières, mais ne transigeons pas sur le principe du droit à la vie. Depuis l'antiquité c'est ce droit inaliénable qui nous sépare des barbares. Ne rejouons pas "Brave New World" avec ses êtres parfaits. Acceptons que des êtres différents, handicapés, malades, vieux, petits, difformes...soient des créatures dignes de respect parce qu'il y a la vie en eux. Cette attitude vient peut-être du christianisme mais elle peut être partagée par tous ceux qui croient que défendre la vie est un progrès de l'humanité et qu'encourager la mort est une régression.
Répondre
A
Pour info : La chaîne ,I Tele ,à midi ,dans une courte émission qui s'intitule "media",je crois , a diffusé le témoignage du kyné .Au confrère qui lui a demandé si le film de TF1 de ce soir ,ferait apparaître ce témoignage ,elle a répondu que ...non .
Répondre
C
Tout d'abord, je crois que le fait que je ne suis pas croyante influe énormément sur ma vision d'un sujet comme l'euthanasie, en ce sens que je ne considère pas une vie humaine comme sacrée. Donc par avance pardon si mes propos blessent.Je crois comprendre ce que tu dis Poly, ou ce kiné ou bien d'autres personnes encore, quand vous dites que cela doit profondément ébranler les autres patients, les autres proches de patients quand un évènement de l'ordre de l'histoire de Vincent surgit.Que cela puisse avoir un effet dévastateur sur le moral de ces autres, oui effectivement, c'est bien possible.J'imagine qu'on doit puiser de la force à voir, à partager de très lourds handicaps ou de lourdes maladies avec les autres patients, les proches des autres patients et que la décision de partir d'un de ces autres patients, qui pourrait plus ou moins se comparer à soi ou à son proche, ça doit profondément secouer. Vraiment, cela, je crois le comprendre.D'un autre côté, sincèrement, si je me trouvais moi-même dans une situation extrême, à préférer mourir que continuer à être en vie dans des conditions que je considèrerais invivables, je ne crois pas que je voudrais me sacrifier à m'oublier moi-même pour sauvegarder le moral des autres.  Je ne peux pas m'empêcher de penser avant tout à la personne qui décide d'en finir parce que c'est trop, que cela va trop loin pour elle dans l'invivable.Ceci dit, je suis tout comme vous convaincue qu'il y a aussi une très importante dimension de peur, d'ignorance dans tout cela.Et que dans les faits, si on est pris en charge par des soignants exceptionnels tels qu'on en trouve dans certains services, que la douleur physique est prise en charge, que l'on prend le temps, si j'ose dire, de découvrir une existence différente, un corps différent, il y a un très grand nombre de patients qui n'auront plus envie de mourir avant l'heure. Oui, ça, je le crois profondément.Mais si un patient qui a pu dépasser le stade d'une envie d'en finir un peu trop reflexe, basée sur l'ignorance et la peur, continue, pour des raisons qui n'appartiennent qu'à lui, à souhaiter partir ? Est-ce à la société de lui commander ce qu'il doit faire ou ne pas faire ? Est-ce au corps médical de décider, à sa place, de ce qui mérite d'être vécu ou pas ?Dang, tu écrivais qu'il y a comme un effet de mode de l'euthanasie actuellement. Tu as peut-être raison. Pourtant, j'ai aussi l'impression qu'il est assez normal que la pensée évolue sur la mort, la maladie ou les accidents quand la médecine elle-même évolue de manière si exponentielle.On se positionne aussi face à la mort et à la maladie en fonction de ce que l'on sait réalisable ou non médicalement. Donc si la médecine recule sans cesse les limites du possible, il ne me semble pas absurde que notre réflexion sur le sujet se modifie aussi.D'une certaine façon, que les progrès de la médecine repoussent la mort techniquement, et que dans le même temps les humains restent des humains et qu'ils "pensent la vie" plus humainement que techniquement, c'est loin d'être insensé...enfin, à mon avis. Et la frontière entre le soin et l'acharnement thérapeuthique recule sans cesse et ne cessera de reculer. Pour le plus grand bien d'ailleurs de la recherche, des progrès et donc en théorie des futurs patients, mais pas forcément pour ceux pour qui il s'agit de leur propre vie, de leur propre mort.Poly, tu fais référence à une boîte de Pandore en pensant à une loi sur l'euthanasie. Personnellement, j'aurais tendance à croire que cela fait bien longtemps que la boîte est ouverte. Et que nous avons à gérer tant bien que mal tout ce qui en sort...Et juste pour conclure ce post, il y a quelques semaines j'ai vu dans une émission sur l'euthanasie un reportage sur un malade atteint d'une affection grave très invalidante dont j'ai oublié le nom. Cet homme (ce n'était peut-être pas en France) avait fait le nécessaire pour se procurer une dose de substances létales. Il ne l'avait pas prise. Mais il expliquait que de savoir qu'elle était là, que si un jour cela devenait trop insupportable, il pourrait la prendre, avait changé sa vie et son attitude face à la maladie et à la médecine et l'avait rendu dans les faits, beaucoup plus courageux et patient.Personnellement, c'est le témoignage de cet homme qui me semble être le plus proche de la réalité.Je ne crois pas qu'il soit sensé d'imaginer que parce qu'une loi autoriserait l'euthanasie, tous les malades se jetteraient sur l'occasion pour en finir.Décider de mourir et le mettre en application, cela reste, et j'imagine restera encore pour très longtemps une décision très difficile que majoritairement notre instinct, et notre raison nous commandent de ne pas réaliser.Et c'est d'ailleurs pourquoi il me semble que faire l'amalgame entre l'euthanasie et l'IVG est sans fondement...mais c'est une autre histoire...
Répondre
P
Tu dis ça, mais une cancérologue pro-euthanasie, quand elle a été atteinte d'un cancer, a changé complétement d'avis sur l'euthanasie. Tu oublies que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, que c'est peut-être irrationnel, mais que ce mince fil qui retient à la vie est des plus importants pour qui voit la mort tous les jours. Et comme tu le dis, et comme je l'ai montré, la demande d'euthanasie n'est généralement qu'un appel au secours. Enfin, Dang A raison, une loi sur l'euthanasie passera bientot, je suis près à tenir le pari, on a monté une véritable campagne médiatique pour l'euthanasie, qui a pour résultat des opinions hyper-majoritaires en faveur de celle-ci. Tout ça sur des faits divers peut-être montés de toutes pièces. Tu m'excuseras, mais il y a là un vrai problème, sur la façon dont on influence les mentalités dans ce pays. Je ne crois pas qu'il soit sensé d'imaginer que parce qu'une loi autoriserait l'euthanasie, tous les malades se jetteraient sur l'occasion pour en finir. Pas les malades, leur entourage... Sur la boite de Pandore, on n'a pas encore eu, mais ça ne tardera probablement pas avec cette loi, aux petits-enfants avides de s'emparer de l'héritage, aux enfants fatigués de s'occuper de leur parents ou de payer pour eux, on va avoir droit à tous les excès possibles. Pour le moment, ces décès demeurent marginaux, et les pressions camouflées. Reste que les cadres, dans ce type de loi, explosent rapidement. Puis-je me permettre de te rappeler que le Planning familial réoriente les femmes qui désirent avorter vers les hôpitaux étrangers, et ce au mépris de la loi française ?   D'ailleurs, aujourd'hui, avec une bonne dose de somnifères, on peut s'achever rapidement, plus grand-chose n'empêche un malade de se suicider si il le désire vraiment. Mais qu'ils ne demandent pas aux autres d'assumer la responsabilité de leur mort. Et c'est d'ailleurs pourquoi il me semble que faire l'amalgame entre l'euthanasie et l'IVG est sans fondement...mais c'est une autre histoire... Quant à faire l'amalgame, non, il est pertinent, vu que les techniques sont toujours les mêmes. Désinformation, manipulation médiatique, stratégie mise en oeuvre sur l'émotion à partir d'un fait divers exacerbé pour enfin arriver à une loi mortelle qui sera présentée comme une loi "humaine", voire humanitaire, et empreinte de "dignité". Je regrette mais c'est la même procédure au service de la même finalité morbide...
C
Bon, il m'aura finalement fallu deux nuits plutôt qu'une.Poly, au plus un évènement est grave, au plus, je crois qu'il faut s'astreindre à une grande rigueur intellectuelle.Quand le fils de nos voisins s'est pendu parce que son épouse voulait divorcer, j'y ai pensé seule tout comme j'en ai discuté avec mes proches.J'ai un avis, un jugement même, si tu veux, sur la question. Et cet avis, je l'ai exprimé. Mais quand j'ai expliqué à mes proches que cet acte était selon moi d'un égoïsme extrême, je ne leur ai pas dit ensuite, bon, pour avoir un autre point de vue, allez discuter avec des gens qui ne pensent pas du tout la même chose, et secouez la tête pour mélanger, et assez fort, sinon, il y aura des grumeaux. Je porte un jugement, mais j'estime que je dois aussi ne pas oublier que cet homme a réellement, avec ses propres mains utiliser une vraie corde et s'est pendu avec. Et toutes ces actions, toutes les pensées qui l'ont amené à effectuer ces gestes, sont si graves, si lourdes que je ne dois pas ne pas y penser quand j'exprime mon jugement sur cet évènement.Accessoirement, quand plusieurs mois plus tard j'ai longuement discuté avec le père, qui a développé très rapidement après le drame un cancer qui l'a emporté depuis, j'ai été confortée tant dans mon jugement sur ce suicide que sur la nécessité de m'astreindre à une discipline mentale, morale qui a pour but de ne pas oublier de tenir compte de la réalité de celui que je désapprouve.Ce n'est pas ton jugement ou celui du kiné qui me choque, c'est la totale occultation de la gravité extrême de l'acte de la mère et de tout ce qu'il a bien fallu qui existe pour qu'elle en arrive à commettre un acte à ce point contre-nature.Quand je te lis Poly, quand je m'adresse à toi, ou quand je pense à toi, c'est à un être entier que j'ai affaire. Pas à une portion d'humain disposant d'une portion de cerveau que je ne pourrais pas lire sans immédiatement la compléter en cherchant dans d'autres portions d'humain disposant chacune d'une portion de cerveau pour qu'au final, je restitue une pensée complète. Non, tu es un être complet, et c'est en tant que tel que je te considère.Je répondrai à tes questions plus générales sur l'euthanasie voire l'avortement dans un autre commentaire.
Répondre