Conséquences de l'IVG

Publié le 9 Janvier 2008

Très bon article du Monde. On remarquera la pression sur les femmes qui feraient mine de dire que l'avortement n'est peut-être pas aussi rose qu'on voudrait nous le faire croire.

Vous venez de publier un livre sur les répercussions psychologiques des interruptions de grossesse, volontaires comme les IVG ou involontaires comme les fausses couches. Pourquoi ce travail ?

Certaines femmes peuvent encore souffrir dix ans après la perte de leur foetus. Ces traumatismes ne sont pas pris en considération, ou très peu, par l'entourage, la société, et la douleur peut s'enkyster.

Mais si on évoque les conséquences psychologiques des IVG, on risque de devenir suspect de soutenir les mouvements anti-avortements. Par ailleurs, on ne plaint pas une femme qui a fait une IVG parce qu'on considère qu'elle l'a voulue. On parle peu également des interruptions de grossesse non désirées qu'elles soient médicales ou qu'il s'agisse de fausses couches. Les médecins ont tendance à évacuer le sujet en expliquant à leurs patientes que "c'est la sélection naturelle", que "c'est mieux comme ça", qu'"il faut vite refaire" un bébé. Aujourd'hui, dans une société où l'on maîtrise la procréation, les femmes qui subissent ces pertes peuvent en éprouver de la honte, le vivre comme un échec personnel ou en concevoir beaucoup de culpabilité en pensant qu'elles ont été trop actives, qu'elles n'ont pas pris toutes les précautions.

Vous expliquez que les enfants également peuvent en être affectés...

Un deuil non fait peut être inoculé à son enfant. Plus ils sont jeunes, plus les enfants sont réceptifs à la douleur de leur mère. Ils expriment alors de la tristesse, des troubles du sommeil, ou encore de l'irritabilité, de l'agitation, de l'hyperactivité... Ce sont autant de façons de lutter contre le repli de leur mère. Ils peuvent également éprouver un sentiment de culpabilité pour avoir désiré la disparition d'un rival annoncé. Certains petits peuvent imaginer que le foetus mort a été digéré par leur mère. Ils peuvent alors craindre d'être à leur tour dévorés et par conséquent prendre de la distance vis-à-vis de leur mère. Il faut parler aux enfants de la fausse couche, leur dire que le foetus "n'a pas voulu naître" pour les déculpabiliser.

Une grossesse interrompue peut aussi avoir des répercussions sur le prochain enfant. La femme enceinte peut se retenir de trop investir le futur nouveau-né afin d'anticiper une éventuelle perte. Si la mère n'a pas fait le deuil de l'enfant idéal qu'elle portait, elle peut considérer inconsciemment celui qui le suit comme un enfant de remplacement qui se doit d'être à la hauteur d'un être idéalisé, donc sans défaut.

Que préconisez-vous pour aider les mères ?

Il faut légitimer la douleur morale liée à la perte du foetus. Dans le cas de fausses couches tardives, de mort in utero, ou d'interruptions médicales de grossesse à partir de 5 mois, il est possible d'inscrire l'être à l'état civil ou sur le livret de famille. Mais il reste à mettre en place des rituels laïques ou religieux pour ceux qui le souhaitent. Dans le cas de fausses couches plus précoces, il faut aider la mère à se détacher de son enfant perdu en lui proposant systématiquement une consultation psychologique. Je pense à la violence que vivent des femmes qui ont perdu leur foetus en allant aux toilettes. C'est une douleur inaudible et indicible pour beaucoup qui peut justifier une prise en charge spécialisée.
"Quel âge aurait-il aujourd'hui ?" de Stéphane Clerget (Fayard, 307 p., 19 €).

Via le Forum Catholique...

Quelques précisions de vocabulaire:
- je trouve que le terme "faire un bébé" est une sorte de réification de l'être humain. Personne ne "fabrique" ou ne "fait" un bébé. Par contre, on attend un bébé, on a un enfant.
- le mot interruption est une véritable arnaque. Le mot interruption sous-entend que le cours des choses peut ensuite reprendre son cours, ce qui n'est évidemment pas applicable à l'avortement.



Pour compléter ce propos, je tombe sur ce billet d'Archives du Web.

Personnellement, j' ai toujours rêvé de fonder une grande famille avec 3 ou 4 enfants mais bon , vu que nous ne sommes pas cadres mais simples salariés , il nous est difficile de pouvoir envisager la grande famille de nos rêves. De plus, aprés 10 ans d' attente, nous sommes enfin arrivés à pouvoir décrocher un prêt immobilier et nous sommes en plein projet de construction de maison (en réduisant au maximum les frais ); alors, au vu des circonstances , un 3ème enfant ne faisait pas parti de nos projets .

Seulement voilà , ce 3ème petit bout s' est invité et il a fallu choisir. Ca n' a pas été simple car je suis trés maternelle et mes enfants sont les prunelles de mes yeux, mais même en tournant la question dans tous les sens , l' IVG était la seule solution pour que notre bâteau ne coule pas . …

L' acte médical en lui-même s' est trés bien passé ( par aspiration à 9 semaines) mais psychologiquement , c' est tout autre chose .
Cela s' est passé le 25 septembre 2007 et depuis je ne vis plus, je survis . Je m' en veux ,  je culpabilise et je n' arrive pas à tourner la page .

Le probléme, c' est que je me déteste, je hais mon corps qui aprés avoir porté la vie a donné la mort . Mon chéri lui me désire toujours mais moi je n' y arrive plus . Chaque fois que nous faisons l' amour , je suis déprimée et triste mais je ne le lui montre pas car je ne veux pas le blesser .

(Source)

Merci à Philippe Edmond.

Petit rappel: La manifestation contre l'IVG, c'est le 20 Janvier prochain.

undefined

Rédigé par Polydamas

Publié dans #Pro-vie

Repost0
Commenter cet article
D
@Thaïs : je suis d'accord avec toi, je trouve l'expression "faire un enfant" grossière.
Répondre
K
Chouette discussion de réveillon : une amie infirmière scolaire m'expliquait qu'en formation, on leur apprend à relativiser, à "banaliser" l'acte. Bref, à nier tout ce dont parle l'auteur que tu cites. Et en l'occurrence, on s'adresse à des collégiennes-lycéennes. Quel départ prennent-elles dans la vie ?
Répondre
T
"je trouve que le terme "faire un bébé" est une sorte de réification de l'être humain. Personne ne "fabrique" ou ne "fait" un bébé. Par contre, on attend un bébé, on a un enfant."Il y a me semble-t-il 3 stades : on conçoit, on attend et on a.Tout le monde n'est pas la Vierge Marie !mais je réagirai peut-être plus tard sur le billet...
Répondre