Une cathédrale de bric et de broc

Publié le 18 Août 2007

On connaissait le projet de construction d'un chateau fort, selon les moyens du XIIIème siècle. Ou encore, dans un style beaucoup plus baroque, le palais du facteur Cheval.

Via le FC, je tombe sur le projet similaire d'un catholique espagnol qui a décidé de construire de ses mains, rien de moins qu'une cathédrale. La foi permet de déplacer des montagnes, dit-on. Force est de constater que le proverbe a ici toute sa pertinence.

Cet homme, c'est Justo Gallego.

8 000 m², 50 mètres de longueur, 25 mètres de hauteur (30m à son point le plus haut), son oeuvre a été entamée en 1961. Ce projet, qu'il mène seul, n'est pas appuyé par l'Eglise, mais uniquement par la population locale. De plus, Gallego est illetré, et n'avait aucune connaissance particulière en maçonnerie et architecture, lorsqu'il a décidé de bâtir cette cathédrale.

Composée de matériaux de récupération, cette cathédrale est un magnifique acte de foi, digne des plus illustres monuments qui parsèment l'Europe. Inutile d'ajouter que face à de telles réalisations, notre foi parait bien peu de choses.

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Courrier International en a fait l'objet d'une de ses brèves.

Justo Gallego, 70 ans, construit seul sa cathédrale

Ken Follett n'a sans doute jamais entendu parler de Justo Gallego. Pourtant ce vieux Madrilène est en train de concrétiser le rêve du héros de son best-seller Pillars of the Earth [Les piliers de la Terre] : construire de ses propres mains une cathédrale. Pas un monument miniature, non : l'édifice qui s'élève à Mejorada, petite localité près de Madrid, s'étend sur 8 000 mètres carrés, et il est haut de 25 mètres.

Justo, qui était paysan dans sa jeunesse, avant de devenir ouvrier du bâtiment et architecte sans que personne ne lui apprenne le métier, travaille à son oeuvre depuis maintenant trente-sept ans. A raison de six jours par semaine et dix heures par jour, presque toujours seul, parfois aidé d'un autre pays. Il a consacré toute sa vie et tout son patrimoine terrestre à son entreprise. "C'est un acte de foi, rien d'autre", assure-t-il. Justo a commencé son oeuvre en 1961, au sortir d'une tuberculose qui l'avait contraint, huit ans durant, à se faire soigner dans un couvent. "Je pensais y rester. Mais, finalement, j'ai préféré devenir frère laïque et consacrer ma vie à Dieu par cet engagement."

Depuis des années, il vit d'une petite pension et des dons des habitants de Mejorada, fiers de sa cathédrale. Le seul geste de solidarité de la municipalité consiste à fermer les yeux sur son entreprise : Justo n'a jamais demandé de permis de construire. L'Eglise catholique s'abstient d'intervenir. Pourtant, le vieil homme affirme qu'une fois sa cathédrale achevée il en fera don à l'évêché de Madrid. "C'est une oeuvre qui obéit à une motivation chrétienne indéniable - mais nous ne pouvons nous prononcer avant qu'elle soit terminée", dit le vicaire général.
"Je ne dispose que de 57 000 pesetas par mois et cette somme me sert à payer le garçon qui travaille avec moi. Il y a aussi un bénévole, qui m'aide seulement par conviction religieuse." Justo, lui, n'a pas besoin d'argent : il est célibataire, s'habille comme un mendiant et habite chez sa soeur. Mais, aujourd'hui, le septuagénaire a décidé de chercher de véritables financements. Il a notamment frappé à la porte de José María Ruiz Mateos, célèbre homme d'affaires membre de l'Opus Dei qui s'est enrichi grâce à quelques escroqueries qui occupent encore les tribunaux. "Les garçons vont lui écrire : s'il m'aidait, je pourrais finir la cathédrale avant de mourir." Justo est convaincu qu'il suffirait d'à peine 100 millions de pesetas pour achever les travaux.

Ce qui paraît bien peu : les tours, qu'il dit inspirées de celles de Pise, ne sont que partiellement couvertes de ciment, tout comme une bonne partie des murs. Le reste est en briques nues. Beaucoup sont de piètre qualité : il s'agit de matériaux de récupération obtenus gratuitement. Le toit présente d'immenses trous et les nervures d'acier sont à nu.

Une confuse réalité architecturale née de l'imagination d'un illettré, à mi-chemin entre une sorte de Gaudi paysan et les bâtisseurs du Moyen Age.


Vous pouvez voir ici, ici et quelques photos de ce extraordinaire projet.

Rédigé par Polydamas

Publié dans #Religion

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D
Oscar Wilde? Un tantinet sulfureux, non? Il est vrai qu'aujourd'hui...
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T
@poly : j'attends tes propositions des 4 possibilités    :-) et merci pour ta tribune !@Dang :"Tu ne trouves pas que tu gardes de l'amitié pour des gens que tu as aimés d'amour mais que tu n'aimes plus de cette façon?"Si tout à fait d'accord avec toi."Et pourtant les gens de cette génération ne voulaient pas faire beaucoup d'enfants"ce n'était pas aussi tout simplement qu'il n'y avait plus trop de couples car trop d'hommes morts ou gravement blessés ?"pour ne pas froisser ta susceptibilité MLF". Non mais MLF je ne sais pas ce que c'est !    c'est dans la tête des hommes dès que l'on leur rétorque quelque chose  :-)"Matzneff". Il va falloir que je lise quelque chose de lui. Entre toi et Anastasie, je crois que il le faut et puis si j'ai bien compris, on en lit un, on les a tous lu, je vais être vachement cultivée  :-)J'ai lu les "princengrain" de Jouhandeau. C'est moyen. Je préfère le style d'écriture de Gracq ou Drieu. Pourquoi répète-t-il des phrases, régulièrement. Cela donne-t-il un rythme ? Enfin je vais continuer avec "Godeau intime" pour connaître un peu plus.@Anastasie : - le mot "médiocrité" est peut-être mal choisi. Mais ce que je ressens profondément c'est qu'il ne s'aime pas lui-même, il n'aime pas ce qu'il est, ce qu'il fait.- "le cahier à spirales". J'ai juste commencé à noter certaines citations il y a 3 mois environ et je vous l'avoue, je note certains mots que je ne connais pas pour trouver plus tard leur signification. Sur ce cahier, je note aussi certains livres ou films que je voudrais voir.Finalement grâce à des personnes comme vous , j'alimente mon cahier à spirales.- Vous avez raison, on a abandonné brasillach pour Drieu. Je connaissais Brasi de nom, c'est tout. De plus je n'aurais jamais imaginé commenter là-dessus car je n'aime pas spécialement les poèmes ou plutôt ils ne me touchent pas plus que cela (sauf ceux que j'ai pu recevoir et qui m'étais destinés)-Si j'ai bien compris, vous vous évadez ces temps-ci alors profitez-en bien !
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P
Laisse moi réfléchir au livre duquel je tirerais mes sources.Peut-être Oscar Wilde...
A
Obsession prémonitoire ....A-t-on remédié au problème ? .....
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D
Je reviens sur la décadence dont parle sans cesse Drieu. Sa génération a vraiment été obsédée par la décadnce de la France, principalement la décadence démographique. Il faut dire que c'était particulièrement grave d'avoir un esi faible natalité après les pertes de 14-18. On comprend que les gens se soient inquiétés. Sans cette obsession de la décadence on explique mal le fascisme de certains (à commencer par Drieu), la collaboration des mêmes et d'autres qui n'étaient pas fascistes avec l'Allemagne, la haine antiparlementaire. Cette dernière trouvant en partie son explication dans ce que les factieux voyaient la cause de la décadence dans l'essence même de la république parlementaire.Et pourtant les gens de cette gébération ne voulaient pas faire beaucoup d'enfants. Pourquoi? Dégoût de la vie après la Grande Guerre pour certains, envie de jouir de l'existence pour d'autres (à cause de la guerre bien sûr). ils étaient clairvoyants mais laissaient à d'autres gébérations le soin de remédier au problème.
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A
@Thaïs:Merci pour votre comm.Quel plaisir de lire votre "rencontre" avec Drieu...J'aime ce mot " bourrasque" que vs choisissez pour parler du" F.F." Que c'est bien vu ! Reste la question de la "médiocrité" d'Alain dont vous parlez .J'aimerais bien que vous précisiez .Chez Drieu, c'est de la provoc à toutes les pages,comme s'il voulait qu'on n'aime pas ses personnages qui ne s'aiment pas ...Bien vu aussi cette sauvagerie mélancolique "qu'il cultive comme une passion maudite"..Merci aussi pour les citations ! Ah! si vous attrapez le virus !!! C'est un viatique! On les écrit dans un petit "carnet à spirales" ..On les oublie !Et puis ,on les retrouve ,2à ans plus tard ! Souvent, c'est le choc !J'ai relu, avec amusement (et intérêt,bien sûr!) les 54 comm sur le "Poème de Fresnes du billet de Poly!!C'est là que je vous ai rencontrés ..Avez-vous remarqué comme on a vite oublié le pauvre Brasi ????P.S.: j'avais parlé à Dang(je ne sais plus où,mais chez Poly,bien sûr) d'un film de Granier-Deferre que j'ai beaucoup aimé (Dang,non,je crois),adapté d'un Drieu,que jaime beaucoup : "Une Femme à sa fenêtre" .Si vous le trouvez(le roman ou le film),j'aimerais bien votre avis .Je reprends la formule de Dang: merci à POlydamas pour son hospitalité et sa bienveillance .
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