Bainville libéral ?

Publié le 8 Août 2007

Les laudateurs de Jacques Bainville oublient parfois, qu'outre ses talents de visionnaire politique et stratégique, il a eu des propos économiques que l'on jugerait excessivement libéraux aujourd'hui. Propos qui contrastent d'ailleurs avec la véhémence d'un Maurras contre les capitalistes.

Il faut aussi signaler que les années d'avant-guerre, avec la retraite par capitalisation, et bien d'autres mesures favorables au marché, furent bien moins interventionnistes que les Trente Glorieuses.


"L'épargne est l'origine du capital comme elle est la justification morale du capitalisme, puisqu'elle représente une privation, un effort et même un sacrifice. Car celui qui ne consomme pas tout ce qu'il a gagné pense aux autres au lieu de penser à lui-même. Il pense à ses enfants, à ses successeurs. Il pense, sans le savoir à tout le monde. Il n'y a eu de civilisation qu'à partir du jour où des hommes, au lieu de manger tout le gibier de leur chasse et de se gaver, ont fumé ou salé de la viande, ce qui a permis à la tribu de se livrer à d'autres travaux." L'Action française du 6 juin 1925.

"Il est aisé de médire du capital. On peut, à loisir, l'appeler "odieux". La difficulté est de le remplacer et de ne pas avoir besoin de lui. Qu'il soit indispensable, c'est sa justification pratique et aussi morale. Qu'est-ce, en effet, que le capital ? C'est de l'épargne. Et que représente l'épargne ? Un effort, un sacrifice, une privation. Le premier capitaliste a été le chasseur des âges primitifs qui, au lieu de dévorer toute sa venaison, en a fumé ou salé une partie, pour mettre sa famille à l'abri de la faim. Au commencement de l'épargne, il a le renoncement à un plaisir immédiat." Le Capital, 7 octobre 1927.

"Nous nous apercevons que le développement du confort et la diffusion du bien-être tiennent au développement même du capitalisme." Le Capital, 19 juillet 1928.

"En Allemagne, en Angleterre, les assurances sociales prêtent à des abus désastreux. Elles constituent une charge écrasante pour le budget, car, bien entendu, c'est sur le budget qu'elles retombent. On a fait, surtout en Allemagne, des peintures très exactes des effets qu'elles produisent non seulement au point de vue financier, mais au point de vue moral et psychologique." La Liberté, 17 juin 1929.

"Rien de plus terrible que la liberté donnée à l'Etat d'imprimer du papier-monnaie. Cette liberté, la Révolution en avait abusé. La Banque avait été interposée entre l'Etat et la redoutable machine à fabriquer des billets. Tant que la Banque a gardé son indépendance, le gaspillage financier, inhérent aux démocraties, a été contenu en France par ce garde-fou." L'Action française, 2 novembre 1925.

"L'impôt sur le revenu devient une monstruosité quand on l'applique comme chez nous. C'est-à-dire qu'on l'applique seulement à un certain nombre de personnes." L'Action française, 22 avril 1934.

"La vérité, remarque le professeur viennois von Mises, c'est que le capitalisme, fondé sur l'initiative et la responsabilité, a été vaincu par le socialisme et vaincu, si l'on peut ainsi dire, dans son âme parce qu'il a fini par céder à l'étatisme et à l'interventionnisme et parce qu'il s'est placé lui-même sous la protection de dieu Etat. Le Dr von Mises conclut que si le monde n'est pas encore entièrement ruiné, c'est parce que le capitalisme n'a pas encore entièrement disparu." Le Capital, 12 septembre 1932.

Rédigé par Polydamas

Publié dans #Finance

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E
pas mal du tout ton blog!et ce billet sur Bainville, très interessant.à bientotqg
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A
Vous ne faîtes pas mal non plus dans le genre citations... C'est intéressant d'ailleurs que de lire <br /> <br /> "Il est aisé de médire du capital. On peut, à loisir, l'appeler "odieux". La difficulté est de le remplacer et de ne pas avoir besoin de lui."<br /> <br /> Moi qui suis plongé en plein Rebatet, je perçois mieux tout l'écart qui a pu se creuser entre l'Action Française et les "agitateurs" de "Je suis partout". Il y aurait beaucoup à creuser par là. Mais c'est un vrai boulot, un peu ardu pour de petits blogs.
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P
Vous savez, (je n'en fais pas partie) mais il y a de très gros lecteurs qui fréquentent les blogs et les forums. Ce sont de véritables puits de science. Il faut juste savoir les trouver, et quand on les a sous la main, conserver précieusement leur trace...