La passion du père René

Publié le 10 Juillet 2007

Décidément, grace au Motu Proprio, les tradis sont en verve.

Trouvé sur le Forum  Catholique, ce texte espiègle, signé d'un dénommé Eucher:

Le Père René, ordonné en 1972, mène depuis trente-cinq sa paroisse des Alpes-Maritimes sous l’égide de l’esprit d’ouverture du Concile. Les messes qu’il anime ont toujours cherché à être un dialogue avec l’homme moderne. Suivant les consignes reçues lors de sa formation, il a toujours voulu être un homme comme les autres… Ainsi, on l’a toujours vu en shorts au marché, il se fait appelé « Père » ou même, refusant la l’aspect patriarcal, René tout simplement.

En dialogue avec le monde, il a eu l’occasion d’inviter à prêcher des non-catholiques pour ouvrir un peu l’esprit de sa congrégation. Ainsi, tel rabbin, telle prêtresse anglicane en vacances, ou même (à l’époque !) le maire communiste du village.

Évidemment, il y a eu de moins en moins de monde le dimanche, mais en fait c’est bon signe : on ne se sent plus obligé de venir, de toute façon on peut tout aussi bien prier le bon Dieu dans son jardin au à la belote de comptoir au café de la république, en face de l’église.

Il est vrai qu’il y a certains bémols à son sacerdoce : la promesse, qu’on lui avait faite au séminaire, qu’un jour prochain les prêtres se marieraient (et qui lui avait occasionné telle indiscrétion dans ses jeunes années) n’a pas été tenue. À la messe ne viennent plus que les vieilles grenouilles de bénitier, les premières qu’il aurait voulu voir parmi les couche-tard le dimanche. Justement celles qui sont le moins à même de comprendre ce qu’il cherche à faire. Il lui arrive de les gronder : « Mais chantez, mesdames, chantez ! ». Mais elles n’en ont guère envie, ce ne sont pas les chants de leur jeunesse. Heureusement Jean-Patrice, son animateur laïc plein d’élan et de jeunesse (enfin, avant, lui aussi se fait vieux) est là pour entendre ses diatribes contre le pape et les intégristes.

Or voici qu’il reçoit une lettre de son évêque : on lui envoie un assistant, un jeune tout frais sorti du séminaire. Enfin ! Un peu de jeunesse dans la paroisse ! un jeune assistant, qui fasse de la moto et parle l’argot des jeunes, voilà qui, peut-être, réalisera son rêve d’une église rajeunie, ouverte, joyeuse !

Le jour de l’arrivée du jeune, le Père René se lève tôt et s’assied devant le presbytère en maillot de corps Marcel, short et espadrilles.
Une vielle Renault se gare en face.

En descend un beau jeune homme, il a 25 ans, grand, souriant, qui regarde le Père René avec une bienveillance un peu curieuse.
Bonjour Monsieur ! entonne-t-il. Je cherche M. le curé !

Il est en soutane. Sur la plage arrière de la Renault, René aperçoit un bréviaire écorné à côté d’une barrette flambant neuve.

Ce matin, la passion du Père René commence.

Rédigé par Polydamas

Publié dans #Entracte

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D
C'est vrai que sans aller jusqu'à imposer "l'uniforme des hautes préoccupations" dont parle Barrès, à savoir la soutane, on aimerait bien que les curés ressemblent à des curés, je suis d'accord avec toi au moins sur ce point.
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P
D'autant que l'on m'a maintes fois reporté que cette tenue est un sésame dans les diverses populations qui composent aujourd'hui la France....
P
J'aime beaucoup.
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