Dans la tourmente. Encore.

Publié le 22 Mai 2007


Le Liban a donc retrouvé le bruit familier des canons et des bombes, qui l'avaient quelque peu deserté ces derniers temps, après la guerre éclair menée par Israel dans le Sud Liban.

Aujourd'hui, c'est au Nord du Liban que cela se passe.

Un camp de réfugiés palestiniens, près de Tripoli, est le centre d'une violente bataille entre, d'une part, l'armée libanaise et un mouvement terroriste, Fatah el Islam, d'autre part. Ce mouvement, proche d'Al-Qaeda est principalement composé de syriens et de libanais, et est probablement aidé par la Syrie, qui ne cesse, bien évidemment, de le nier. Alors que le Liban est sur le point de constituer un tribunal international pour éclaircir les circonstances de l'attentat ayant coûté la vie à Rafic Hariri, ces attaques n'ont pas l'air d'avoir été provoquées au hasard.

Les terroristes ont déjà deux attentats à leur actif, localisés dans les quartiers chrétiens de Beyrouth, à Achrafieh et à Verdun. L'armée libanaise a déjà perdu une cinquantaine d'hommes. Les combats dans les camps sont excessivement difficiles, puisque les terroristes n'hésitent évidemment pas à se cacher parmi les civils, et à tirer sur les ambulances...

Il est heureux de voir que le Liban peut décider et agir sans demander l'avis de quiconque, que ce soit Israel ou la Syrie. Le problème est qu'il n'en a pas les moyens, (la France se contentant de voeux pieux) l'armée n'étant jamais parvenu à disposer d'une force capable d'éradiquer les milices. Ce qui n'empêche pas certains, en pleine bataille, de continuer à cogner sur le gouvernement, comme en témoigne ce monument d'humour noir:

Le gouvernement Siniora est un ramassis d’incapables juste bons à obéir aux ordres des Occidentaux.
Le gouvernement Siniora réunit à lui seul toutes les plaies, toutes les vicissitudes du monde.
Le gouvernement Siniora ne laisse pas seulement le pays brûler sans bouger le petit doigt : pendant leur temps libre, les ministres eux-mêmes s’amusent, ici et là, à allumer des feux, surtout devant les malls, surtout à Achrafieh, et à aider les terroristes pyromanes.
Les membres du gouvernement Siniora ont aussi un autre hobby, auquel ils s’adonnent volontiers : l’assassinat, à intervalles réguliers, de personnalités de la majorité.
Le gouvernement Siniora n’est obsédé que par les armes de la Résistance ; en revanche, il est tellement ravi par les armes palestiniennes hors et dans les camps qu’il interdit à quiconque ne serait-ce que d’en parler.
Le gouvernement Siniora est raciste et ingrat : au lieu de favoriser l’Anschluss, il s’entête à vouloir tracer les frontières et ouvrir des ambassades.
Le gouvernement Siniora est revanchard, mono-obsessionnel et limite conservateur : au lieu de se résigner, d’accepter la mort de Rafic Hariri et des autres, il exige que justice soit faite par le biais d’un tribunal international.
Le gouvernement Siniora n’est pas joueur : il a accéléré la fin de la guerre entre Israël et le Hezbollah en initiant la résolution 1701, basée sur ce fumeux plan en sept points – de plus, il veut mettre un terme aux entrées illégales d’armes et de miliciens par le biais de la passoire libano-syrienne, le méchant !
Le gouvernement Siniora est jaloux et envieux, d’Émile Lahoud d’abord, de Bachar el-Assad surtout : ces deux héritiers de Winston Churchill et de Charles de Gaulle sont bien trop forts, de vrais hommes d’État.
Le gouvernement Siniora est un croque-mort ambulant : il envoie ses soldats à la mort, comme ça, parce qu’il en a envie, parce que cela lui plaît.
Enfin, le gouvernement Siniora est le casting idéal d’un fulgurant Ocean 14 : les sept milliards et quelques millions de dollars proposés par la communauté internationale dans le cadre de Paris III, il entend bien les voler et s’enfuir ensuite au Brésil.

Sans blague.
Et je ne peux que rejoindre l'éditorial d'Issa Goraieb, dans l'Orient le Jour.

Ce qu’il est inadmissible de faire en revanche, c’est d’imputer au gouvernement l’entière, l’exclusive responsabilité d’une impuissance, laquelle en réalité devrait faire honte à tous, si seulement était cultivé le respect de la vie humaine : celle des simples citoyens fauchés dans la rue tout autant que des personnages publics. Car on ne peut pas reprocher au gouvernement de ne pas gouverner quand on s’acharne à l’empêcher de gouverner. L’opposition alliée à Damas ne peut pas se lamenter sur la survivance des îlots de non-droit et d’insécurité quand elle prétend réduire à la condition d’îlot la zone d’autorité étatique.

Messages directement adressés au Hezbollah et à son allié, le Général Aoun, qui, n'ont eu de cesse de miner l'effort de reconstruction et de pacification de l'état libanais, au profit de la politique politicienne. Depuis la manifestation géante du 1er Décembre dernier, ils ne appellent à la démission du gouvernement.

Saper ainsi les efforts d'un gouvernement qui tente, vaille que vaille, de stabiliser ce qui n'est rien d'autre qu'une poudrière, a quelque chose de profondément immonde.

L'heure est donc, plus que jamais, au soutien de l'armée libanaise et du gouvernement de Siniora.

Et à la prière.
 

Rédigé par Polydamas

Publié dans #Relations internationales

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W
Vous avez tort de parler de communauté chrétienne, car elle est divisée au moins entre aounistes, forces libanaises et Maradas. Pareil pour les "Musulmans libanais", les chiites ne se retrouvent pas tous derrière le hezb, les druzes ne suivent pas tous Joumblatt, et les sunnites ne sont pas tous pro-Hariri.
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P
Désolé de mes imprécisions, Wil, je sais bien qu'aucun terme simple ou englobant ne peut rendre compte de la complexité de la situation libanaise.Cependant n'y a-t-il pas une majorité relative décidée, au Liban même, à soutenir le gouvernement légitime ?
L
"L'heure est donc, plus que jamais, au soutien de l'armée libanaise et du gouvernement de Siniora."Soutien dont ils ont besoin, dont ceux qui sont encore conscients au sein de la communauté chrétienne au Liban ont aussi besoin. Le Liban pourrait basculer très rapidement et devenir un ennemi.Nous verrons si la diplomatie et l'armée française comptent agir.
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P
Je ne les vois pas basculer, les chrétiens sont trop attachés à leur pays. Vous me direz que l'exemple montre que même des enracinés peuvent se faire jeter comme les pieds-noirs d'Algérie, c'est vrai. Mais je n'y crois pas, même les musulmans libanais n'en peuvent plus de la Syrie et du Hezb, ils n'ont qu'une seule envie, les voir dégager pour que le Liban retrouve enfin son indépendance....