La curée ..
Publié le 9 Mai 2007
La paye de Raphaëlle Bacqué au Monde ne semble pas lui suffire.
Il lui faut aussi les émoluments d'un bouquin sur les relations Royal-Hollande.
On n'est jamais trahi que par les siens.
Depuis qu'il s'est retrouvé projeté dans un conflit conjugal qui n'est pas le sien, il [ Julien Dray ] a compris qu'il a gagné un nouveau pouvoir. Conseiller en sentiment autant qu'en stratégie politique, il a d'abord navigué de Ségolène à François pour tenter d'arranger les choses. Maintenant, il va de François à Ségolène dans une stratégie sensiblement inverse. Iago shakespearien du drame qui se joue, il souffle sur les braises comme s'il avait saisi que la trahison privée agirait comme un vigoureux poison sur les ambitions politiques. Il ne cesse plus, désormais, de s'étonner tout haut devant Ségolène des ambiguïtés de son compagnon. « François a du mal à s'effacer ... ...C'est à croire qu'il veut te faire perdre. »
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Hollande s'entête pourtant. Sa propre compagne est plébiscitée par les sondages, applaudie par les militants, rejointe par un nombre croissant de cadres du parti, et lui pense toujours à un candidat dont personne ne veut [ Lionel Jospin ] . Alors Julien Dray, confondant comme à son habitude tous les registres, se charge d'être plus brutal. Hollande veut gêner Ségolène ? Le député, l'ami du couple passé avec armes et bagages dans le camp Royal, s'en va expliquer discrètement aux journalistes, avec des airs de conspirateur et un ton de conseiller conjugal, que la crise est désormais ouverte entre Royal et Hollande. « Ségolène tient une grenade dégoupillée à la main, assure-t-il . Elle lui a dit : “ Si tu vas chercher Jospin pour me faire barrage, tu ne reverras jamais tes enfants !” »
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Comment comprendre, en effet ? Ce couple est un mystère, et, pour Hollande, le sujet est tabou. Ce sont toujours les mêmes mots qui reviennent. Devant les journalistes, les hiérarques du PS prennent des airs de conspirateurs ou de médecins compatissants : « Bon, et puis il y a... enfin vous savez... » ; « Je ne veux pas parler des problèmes du couple qui se surajoutent au reste et que vous connaissez... » ; « Evidemment, vous vous doutez bien que cela compte beaucoup, mais on ne peut pas en discuter... » ; « Cela s'ajoute à ce que vous savez... » Par son silence, François Hollande alimente lui-même le débat qu'il redoute. Interrogé le 19 novembre 2006 par les lecteurs du « Parisien », il avait laissé entendre que l'après-victoire se ferait probablement sans lui : « Si Ségolène Royal est élue , où allez-vous habiter ? - Chez moi ! » Le 5 avril, sur RTL, il explique que, le 6 mai, si la victoire est au rendez-vous, il fera « la fête » . Et après ? « Je serai député si les électeurs en décident ainsi. Et autrement... je vivrai ma vie. »
Il n'a jamais admis qu'elle s'épanche publiquement sur leur intimité, qu'elle ose le demander en mariage par médias interposés. En mars, Ségolène écrit pourtant dans « Maintenant », son livre d'entretiens avec une journaliste de « Elle », Marie-Françoise Colombani : « Oui, nous sommes toujours ensemble, et oui, nous vivons toujours ensemble. » Mais c'est aussitôt pour accuser « l'entourage » de son compagnon d'avoir « dissuadé » François d'accepter « un mariage en pirogue, à l'autre bout du monde, par crainte du ridicule . Moi, je crois que la crainte du ridicule, il faut s'asseoir dessus quand on a envie de saisir un bonheur inattendu qui passe. Mais bon, je n'ai pas insisté . Nous n'avons pas besoin de cela pour nous aimer. » La mise en scène le ridiculise et le blesse. Pour parade, à France-Inter qui l'interroge, il affirme : « Je n'ai pas lu le livre de Ségolène . » Comment le croire ?
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Car BHL est devenu en quelques semaines l'un des confidents de Ségolène Royal. Qui sait que, depuis janvier, le philosophe et la candidate se téléphonent plusieurs fois par jour ? Avant chaque émission de télévision, elle le consulte. Après chaque meeting, elle l'appelle. En cas d'urgence et de grosses turbulences dans le ciel de la campagne, il la reçoit à l'improviste chez lui, boulevard Saint-Germain, sur le même trottoir et à quelques numéros de son siège de campagne. [...]
En quelques mois, l'intellectuel a gagné son amitié. Il lui lit de la poésie - elle n'a pas l'habitude -, lui envoie la réalisatrice Josée Dayan pour un coup de main sur ses spots de campagne officielle. « Seule une femme, explique-t-il , sait filmer les femmes. » Il devine les fatigues d'une campagne, les lassitudes, les angoisses, et la complimente gentiment. N'a-t-il pas vanté dans une chronique son « étonnante fraîcheur », son « long et joli cou » ? Un jour, il se permet de lui recommander un chignon, qu'elle porte le lendemain dans le studio d'Europe 1. A quelques proches, Bernard-Henri confie parfois : « Elle est très seule. Y compris sentimentalement. »
Elle est sans fard, ne minaude pas. A minuit passé, comme tant d'autres, il est séduit. On le devine dans le récit qu'il en dresse dans « le Point », le 8 février, mais aussi dans la presse américaine, où il raconte par le menu son « dinner with Ségo ». François Hollande est outré du procédé, et, évidemment, de la mise en scène galante de cette rencontre. Elle pardonne. On la comprend. Sur l'Europe, sur l'Iran, le philosophe la trouve « bien plus pertinente, franchement, qu'on ne l'a écrit ». Et de conclure : « Je la quitte, toujours perplexe, mais avec le sentiment qu'on a peut-être été injuste - moi le premier - avec cette femme ; et qu'elle ne ressemble guère , en tout cas, à l'image qu'elle s'est donnée . »
Les bonnes feuilles sont ici.
Décidément, la suite s'annonce passionnante, au PS...
Edit: A lire le billet d'Apathie sur ce second jour du quinquennat de Sarkozy,
hilarant....